20/06/2025

Taiwan Today

Taiwan aujourd'hui

L’agriculture du futur

18/12/2021
Des échantillons de pousses de riz sont étudiés à l’Institut de biologie moléculaire de l’Academia Sinica, le principal organisme de recherche de Taiwan, à Taipei.
Photo : Huang Chung-hsin / MOFA

Taiwan entre rapidement dans une nouvelle ère d’agriculture de haute technologie.

Taiwan redouble d’efforts pour révolutionner son agriculture, les partenariats public-privé contribuant à ouvrir la voie à une nouvelle ère agricole. L’exemple le plus probant en est l’accord de coopération signé en janvier 2021 par l’Institut de recherche sur les technologies agricoles (ATRI), soutenu par l’Etat, et le groupe President Biotech, basé à Taichung, dans le centre de Taiwan. L’ATRI, établi en 2014 dans la ville septentrionale de Hsinchu, fournit au fabricant de biofertilisants une assistance technique pour la mise en place d’équipements de décomposition et de fermentation des micro-organismes dans ses sites nationaux ainsi qu’à l’étranger, en Australie, en Chine et en Thaïlande. « Le processus mis en place par President Biotech pour transformer les déchets agricoles en produits à valeur ajoutée est crucial pour la réussite de l’économie circulaire naissante », a déclaré le président de l’ATRI, Chen Jen-pin [陳建斌]. L’institut contribue également à la mise à niveau du processus de production de l’entreprise dans sa nouvelle usine construite sous l’égide du ministère de l’Agriculture au sein du parc des biotechnologies agricoles de Pingtung (PABP), dans le sud de Taiwan.

Des plantules aquatiques sont cultivées dans des flacons au parc des biotechnologies agricoles de Pingtung, dans le sud de Taiwan. (Photo : Huang Chung-hsin / MOFA)

President Biotech est l’une des quelque 100 entreprises résidentes du PABP. Offrant des services de douane, de logistique et de quarantaine sur place, le parc fournit des subventions et facilite la collaboration intersectorielle pour les entreprises du parc opérant dans les secteurs de l’aquaculture, des biofertilisants et des biopesticides, des cosmétiques et des aliments diététiques, des stations de contrôle environnemental, des tests de sécurité alimentaire, ainsi que des aliments et des vaccins pour le bétail. Le PABP a ainsi a attiré des investissements totalisant plus de 12 milliards de dollars taïwanais (TWD), et sa valeur de production annuelle a dépassé les 5 milliards de TWD.

Afin d’établir un système complet d’approvisionnement agricole de haute technologie, le PABP assume également des rôles à l’échelle nationale. Il supervise notamment la construction d’un centre de distribution de la chaîne du froid près de l’aéroport international de Taoyuan et la gestion de la Plantation d’orchidées de Taiwan, un regroupement de plus de 80 producteurs dans la ville de Tainan, dans le sud du pays. De 2004 à 2020, la Plantation d’orchidées de Taiwan a enregistré environ 20 milliards de TWD d’investissements dans des installations telles que des serres renforcées.

D’autres organisations du pays se joignent à l’ATRI et au PABP pour soutenir la refonte technologique de la chaîne de valeur agricole du pays, notamment l’Institut de recherche sur la banane taïwanaise à Pingtung, également présidé par Chen Jen-pin. L’ATRI renforce en outre les liens avec les organisations de recherche et les centres expérimentaux dirigés par l’Institut de recherche agricole de Taiwan (TARI), basé à Taichung et directement intégré au ministère. Bien que la plupart des initiatives résultant de ces alliances soient encore en phase de recherche, des plans de déploiement à grande échelle et de commercialisation éventuelle sont en préparation. « En approfondissant la coopération sur les applications technologiques, nous souhaitons placer Taiwan au centre de la chaîne d’approvisionnement mondiale en biens et services agricoles », a déclaré le ministre de l’Agriculture, Chen Chi-chung [陳吉仲], lors de la cérémonie de signature d’un protocole d’accord entre l’ATRI et le TARI en août 2020.

Les orchidées papillons font partie des nombreuses variétés cultivées à la Plantation d’orchidées de Taiwan, à Tainan dans le sud de l’île. (Photo : Huang Chung-hsin / MOFA)

Course de vitesse

Une autre mesure importante a consisté à développer les échanges avec le secteur universitaire, en particulier avec l’université nationale de Taiwan (NTU), située à Taipei et classée parmi les meilleures du pays. L’agriculture a été l’un des premiers départements de l’établissement lors de sa création en 1928, et les décennies de recherche et de progrès techniques qui en ont résulté ont doté Taiwan d’une expertise agricole de haut niveau. Le moment est venu de combiner les atouts du pays en matière d’agriculture et de technologies de l’information et de la communication (TIC), selon Lur Huu-sheng [盧虎生], doyen de la faculté de bioressources agricoles de la NTU et ancien chef du département des sciences et des technologies du ministère de l’Agriculture.

Lur Huu-sheng a été l’un des architectes du projet d’agriculture intelligente en cours au ministère. Lancée en 2017, cette initiative vise à promouvoir l’utilisation de technologies de pointe telles que l’analyse de données à haute performance, la mécanisation intelligente, l’Internet des objets et les techniques de télédétection pour améliorer l’efficacité et réduire les risques commerciaux. Les domaines ciblés comprennent le système de traçabilité des produits ainsi que les équipements et installations impliqués dans l’aquaculture, la pêche maritime et la culture de champignons, d’orchidées-papillons, de volailles, de lait cru, de riz et de semis. Lur Huu-sheng juge primordial d’accélérer l’adoption des applications d’intelligence artificielle dans le secteur agricole. « Alimenté par une collecte de données de plus en plus sophistiquée et des techniques d’apprentissage automatique en constante évolution, un modèle d’agriculture de précision est en train de prendre forme, déclare-t-il. Nous travaillons dur pour rester à l’avant-garde des tendances émergentes. »

Avec le changement climatique et les phénomènes météorologiques extrêmes qui en résultent, menaçant tous les aspects de la vie moderne, l’heure tourne, estime M. Lur, ajoutant que l’agriculture est l’un des secteurs les plus vulnérables. En 2021, par exemple, Taiwan a connu sa pire sécheresse depuis des décennies, suivie de précipitations excessives et d’inondations dans les régions du sud du pays. De tels facteurs liés au climat ont entraîné des pertes agricoles annuelles atteignant 10 milliards de TWD ces dernières années. Un autre problème urgent est la diminution de la main-d’œuvre résultant du faible taux de natalité et du vieillissement de la population taïwanaise. « Alors que l’urbanisation se poursuit sans relâche, les villages agricoles sont les plus grandes victimes de la pénurie de main-d’œuvre, poursuit M. Lur. Adopter les nouvelles technologies est le seul moyen d’assurer un développement agricole durable. »

Les agents microbiens produits au PABP sont utilisés pour fabriquer des biofertilisants et des biopesticides. (Photo : Huang Chung-hsin / MOFA)

Une vision de l’avenir

Afin de former une nouvelle cohorte de personnel féru de technologie, le Centre de recherche et d’éducation sur l’agriculture intelligente de la faculté de bioressources agricoles de la NTU a récemment lancé un programme interdisciplinaire remanié intégrant des ressources d’apprentissage couvrant l’économie agricole, l’agronomie, les sciences animales, l’ingénierie des systèmes bio-environnementaux, la biomécatronique, la sylviculture et l’horticulture, ainsi que des domaines liés aux TIC. Les cours et les possibilités de stage du programme sont méticuleusement conçus pour permettre aux étudiants d’acquérir une compréhension approfondie de chaque étape, de la production à la consommation, déclare M. Lur.

Le centre s’efforce en outre de nouer des liens avec les entreprises locales et de faciliter les applications industrielles des résultats de la R&D. Dans le cadre des efforts de sensibilisation industrielle, l’université a mis en place en août 2019 son laboratoire d’intelligence agricole Apex à la ferme expérimentale de la faculté, en collaboration avec le développeur de drones Geosat Aerospace and Technology Co., basé à Tainan. Selon Lur Huu-sheng, l’utilisation de drones à des fins agricoles nécessite des connaissances approfondies du domaine en bio-informatique, entomologie, microbiologie et phytopathologie, ainsi que de l’analyse d’images et l’apprentissage automatique. « Les drones font bien plus que pulvériser des pesticides et des engrais, commente-t-il. Leurs capacités d’imagerie numérique et de télédétection contribuent grandement aux efforts globaux de gestion des cultures. » Lur Huu-sheng estime que l’adoption de ces solutions intelligentes peut jouer un rôle déterminant pour propulser le secteur agricole taïwanais vers un avenir durable.

La prochaine génération de concepteurs, de scientifiques et d’ingénieurs ouvre déjà la voie à une nouvelle ère d’agriculture intelligente, avec l’intégration de techniques agricoles supérieures et de technologies numériques avancées, déclare M. Lur, ajoutant que ces innovations iront bien au-delà d’un renouveau de l’agriculture. Mieux encore, elles peuvent être appliquées dans toutes les industries afin de promouvoir le bien-être de notre planète et de toutes les créatures qui y résident. « Nous sommes confrontés à des temps incertains, mais nous disposons également de connaissances, d’outils et de ressources sans précédent avec lesquels nous pouvons forger un avenir sain et prospère pour tous », conclut M. Lur.

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