Célébrations du 28 Février : le KMT montré du doigt
Le Kuomintang (KMT) doit demander pardon pour le mal qu'il a fait, a affirmé Chen Shui-bian [陳水扁] le 28 février dernier durant la principale cérémonie organisée pour le 60e anniversaire des Evénements de 1947. Dans son allocution, le chef de l'Etat a accusé Tchang Kaï-chek [蔣介石], qui dirigeait alors le KMT, d'être le principal responsable des massacres qui ont, à cette époque, coûté la vie à plusieurs dizaines de milliers de personnes. Le président de la République et de nombreuses personnalités ont rendu hommage à ces victimes. Le Premier ministre Su Tseng -chang [蘇貞昌] a suggéré à cette occasion que le KMT dédommage leurs familles et publie toutes ses archives concernant cette tragédie. Assurant que tous les documents sur ce sujet en possession de sa formation ont déjà été rendus publics, Ma Ying-jeou [馬英九], l'ancien président du KMT, a déclaré pour sa part que, s'il devait y avoir une compensation pour les torts subis durant cette période, ce n'était pas au KMT mais plutôt au gouvernement qu'il revenait de la verser.
Les partis se mettent d'accord sur la carte électorale
Les deux grandes forces politiques opposées se sont mises d'accord le mois dernier sur le découpage des circonscriptions électorales à l'approche du scrutin législatif prévu en décembre. La prochaine assemblée sera radicalement différente dans sa configuration, et la question du découpage des circonscriptions était un enjeu majeur. En effet, de 225 actuellement, le nombre de députés va passer à 113, parmi lesquels 73 seront élus, 34 étant nommés par les partis sur la base d'un nouveau mode de scrutin selon lequel chaque électeur votera deux fois, une fois pour un député et une fois pour un parti. Six autres sièges seront réservés pour les élus des communautés aborigènes. C'est dans les villes de Taipei et de Kaohsiung, et dans les districts de Taipei, de Taoyuan et de Changhua - sur un total de 25 circonscriptions administratives - que les découpages ont surtout suscité des tensions politiques. En fin de compte, de part et d'autre, on ne se déclare pas totalement satisfait du résultat, mais il a cependant été accepté par tous.
Inculpé, Ma Ying-jeou quitte la présidence du KMT et annonce son entrée en lice pour la présidentielle
Ma Ying-jeou, l'ancien maire de Taipei, a été inculpé le 13 février par les procureurs qui instruisent l'affaire des fonds spéciaux dans la capitale. Réitérant son innocence, Ma Ying-jeou a annoncé sa démission de la présidence du Kuomintang (KMT), la première force d'opposition au chef de l'Etat, et a en même temps fait part de son intention de briguer la présidence de la République en 2008. Selon les chefs d'accusation, Ma Ying-jeou, qui a été à la tête de la municipalité de Taipei jusqu'en décembre 2006, aurait reversé sur son compte personnel la moitié des fonds spéciaux qui lui ont été attribués dans le cadre de ses fonctions à la mairie entre 1998 et 2006. Wu Poh-hsiung [吳伯雄], le vice -président du KMT, succède à Ma Ying-jeou aux commandes du parti jusqu'à ce qu'une élection soit organisée. Côté réactions officielles, on a crié dans les rangs du KMT à la persécution politique, tandis qu'au Parti démocrate-progressiste, dans le camp au pouvoir, plusieurs personnalités ont loué le bon fonctionnement de la justice, exigeant de Ma Ying-jeou qu'il s'excuse auprès de ses concitoyens.
Suite de la polémique autour de la campagne de « rectifica tion » des noms
Depuis le 12 février, Chunghwa Post s'appelle Taiwan Post. Si le gouvernement et le Parti démocrate-progressiste (DPP) se sont félicités de ce changement, il n'est cependant pas du goût de tous. Pourtant proche du camp au pouvoir, Lee Teng-hui [李登輝], l'ancien président de la République, a désapprouvé cette campagne. Il a estimé que ces changements pourraient nuire à la paix dans le détroit. Au Kuomintang (KMT), dans l'opposition au chef de l'Etat, on a fait savoir que cette rectification serait annulée l'année prochaine, si le candidat de la principale force d'opposition gagnait la présidence de la République en mars 2008. Le gouvernement insiste en tout cas pour poursuivre cette campagne. Le président de la République lui a d'ailleurs manifesté son soutien début février, se prononçant en faveur du changement de nom de l'administration postale.
Le Sahara en 111 jours pour Kevin Lin
Près de 7 300 km de désert en 111 jours : c'est l'exploit accompli par le Taiwanais Kevin Lin [林義傑], en compagnie de deux autres ultra-marathoniens, le Canadien Ray Zahab et l'Américain Charlie Engle. Partis du Sénégal sur la côte ouest de l'Afrique le 2 novembre dernier, les trois athlètes ont traversé en courant le plus grand désert du monde, le Sahara, passant les frontières de la Mauritanie, du Mali, du Niger, de la Libye et de l'Egypte pour atteindre le canal de Suez le 20 février. Pour réaliser cet exploit, c'est l'équivalent de deux marathons qu'ils ont dû compléter chaque jour, malgré les températures extrêmes et les vents de sable. Un détail qui en dit long : Kevin Lin a usé pas moins de 11 paires de chaussures. A maintes reprises, Kevin Lin, Charlie Engle et Ray Zahab se sont arrêtés pour discuter avec les oasiens et les nomades dans le cadre d'une campagne d'éveil au problème de la raréfaction de l'eau potable menée par l'organisation à but non lucratif H2O Africa. L'aventure des trois hommes a été pleine de rebondissements et aurait pu mal se terminer. A mi-parcours, les coureurs ont failli s'engager dans un champ de mines, et la proximité de groupes armés hostiles les a forcés à dévier de leur itinéraire initial, rajoutant plus de 800 km à leur périple. Avant leur départ, l'annonce de leur entreprise avait retenu l'intérêt de l'acteur américain Matt Damon qui a confié au célèbre réalisateur de documentaires James Moll la tâche de les suivre tout au long de leur traversée du désert. Le film documentaire qui en résultera, intitulé Running The Sahara, sera montré au festival international du film de Toronto, au Canada, en septembre prochain.
Le monde des marionnettes perd un de ses plus grands maîtres
Le légendaire marionnettiste Huang Hai-tai [黃海岱] s'est éteint le 11 février à son domicile, dans le district de Yunlin. Il avait 107 ans. Né pendant la période où Taiwan était administrée par le Japon, Huang Hai-tai apprit les ficelles du métier avec son père marionnettiste et créa sa propre troupe à l'âge de 25 ans. En filigrane de sa vie, on peut voir un peu de l'histoire de l'île se dérouler. Destinés d'abord au divertissement des dieux, les spectacles de marionnettes se tenaient dans les cours des temples, en taiwanais, et cet art populaire parfois irrévérencieux fut souvent vu avec suspicion par le pouvoir. Dans les années 30, alors que les autorités nippones orchestraient ici un mouvement d'assimilation culturelle, Huang Hai-tai se résolut à faire traduire les paroles de ses pièces en japonais pour échapper à l'interdiction qui avait été déclarée sur l'utilisation du taiwanais. Après le départ des Japonais à l'issue de la Seconde Guerre mondiale, c'est le gouvernement nationaliste chinois qui interdit temporairement les représentations en extérieur, dans la période de répression sanglante qui suivit les Evénements du 28 février 1947. Dans les années 60, Huang Hai-tai se tailla une célébrité nationale en tant que pionnier des spectacles de marionnettes retransmis à la télévision. Mais là encore, la politique intervint, les dialogues en taiwanais étant prohibés à la télévision dans les années 70, dans le cadre de la politique gouvernementale de promotion de l'usage du mandarin. Huang Hai-tai était le patriarche d'une dynastie de marionnettistes célèbres, deux de ses fils (il avait douze enfants) ayant eux aussi fait carrière dans cet art. Dans les années 90, certains de ses nombreux petits-enfants ont créé Pili International, une société de production spécialisée dans les films et séries télévisées dont les héros sont des marionnettes.
Près d'une centaine de charters directs entre les deux rives pour les fêtes
Jamais on avait organisé autant de vols directs entre Taiwan et la Chine en une si courte période : du 13 au 26 février, ce ne sont pas moins de 96 liaisons qui ont été effectuées - 48 dans chaque sens - entre plusieurs grandes villes de part et d'autre du détroit. L'organisation de cette série exceptionnelle de charters directs a été rendue possible par un accord signé en juin de l'année dernière qui prévoyait la mise en place d'un total de 168 vols sur ce modèle, répartis entre les grandes périodes de fêtes religieuses et familiales de l'année : Nouvel An chinois, fête du Nettoyage des tombes, fête des Bateaux-Dragons et fête de la Mi-Automne. L'objectif premier de cet arrangement est de faciliter les retrouvailles familiales pour la communauté taiwanaise installée en Chine, mais il pourrait aussi servir de prélude à une normalisation des relations aériennes directes, interrompues depuis près de soixante ans. Les premiers charters directs entre les deux rives ont été mis en place au moment du Nouvel An chinois 2005, et depuis, l'expérience est renouvelée sur une échelle un peu plus grande chaque année.
Les énergies renouvelables en progrès
Les énergies renouvelables pourraient représenter, par leur capacité installée, 12% de la production énergétique totale de l'île en 2020, a assuré le mois dernier Steve Chen [陳瑞隆], le ministre de l'Economie, lors d'une conférence sur le sujet organisée conjointement par le Centre de recherche pour le développement économique de Taiwan de l'Université nationale centrale, à Chungli, le groupe Grace THW et une association économique. Cette politique permettra à terme à Taiwan de réduire sensiblement ses émissions de gaz à effets de serre et d'abaisser sa dépendance énergétique, notamment en exploitant les terres en jachère pour la production de carburants verts. Les transports en commun de la ville de Kaohsiung rouleront bientôt au biodiesel, et deux districts et villes ou plus seront choisis en juin par les pouvoirs publics pour une expansion de ce programme. Taiwan pourrait, a-t-on proposé, prendre exemple sur le Brésil, qui, dès 1925, a commencé à expérimenter les mélanges d'essence et d'éthanol et où des réductions fiscales sont aujourd'hui accordées aux utilisateurs de carburants verts, ce pays étant le premier pays producteur et consommateur d'éthanol tiré de la canne à sucre dans le monde.
VITE, VITE...
Les soins aux personnes âgées, une priorité
Pour tenir compte du vieillissement de la population, le gouvernement a décidé d'attribuer 76,8 milliards de dollars taiwanais au financement d'un système de soins à long terme pour les personnes âgées. Cette initiative, qui devrait permettre de créer plus de 60 000 emplois, pourrait être la plus importante sur le plan social après la réforme du programme national de retraite, a souligné le ministre d'Etat sans portefeuille Lin Wan-i [林萬億]. D'une certaine façon, la mesure s'inspire d'un plan similaire mis en place en 1994 au Japon. Comme ce pays, Taiwan fait face à un vieillissement accéléré de sa population. Les plus de 65 ans comptent aujourd'hui pour 10% de la population insulaire, une proportion qui devrait passer à 13% en 2016. Au-delà de 2016, la part des seniors continuera d'augmenter, tandis que celle des moins de 14 ans commencera à décliner.
Le Cabinet adopte un projet de loi sur le droit d'Asile
Le Cabinet vient d'adopter un projet de loi qui, s'il est voté par le parlement, permettra d'accueillir sur le sol national les individus persécutés dans leur pays d'origine, quelle que soit leur nationalité. Le texte prévoit que toute personne menacée pour des raisons politiques, religieuses ou ethniques puisse demander le statut de réfugié politique dans l'île. Durant toute la procédure administrative, le réfugié recevra l'aide de l'Etat en matière de droit, de santé et de logement. Témoignant de la détermination de Taiwan à défendre les droits et la dignité de l'homme, ce texte a été élaboré avec le concours des ministères de l'Intérieur, des Affaires étrangères et des Affaires continentales.
La course pour les primaires au sein du Parti démocrate -progressiste (DPP) s'est s'accélérée fin février, deux personnalités ayant profité des congés du Nouvel An lunaire pour rendre publique leur intention de briguer l'investiture pour la présidentielle en 2008. Le Premier ministre Su Tseng-chang a fait son annonce le 25 février depuis le fort San Domingo qu'il visitait dans le nord de l'île. Deux jours avant, Yu Shyi-kun [游錫堃], le président du DPP, avait sauté le pas, choisissant, lui, pour s'exprimer le cadre d'un temple taoïste. Le taoïsme est la religion la plus répandue dans l'île. Frank Hsieh [謝長廷], une autre personnalité du parti, a annoncé il y a déjà quelques semaines qu'il participerait aux primaires. La vice-présidente de la République, Annette Lu [呂秀蓮], donnée elle aussi comme un candidat potentiel, n'a pas encore fait part publiquement de ses projets.
Le ministère du Travail préconise une augmentation du salaire minimum
Le ministre du Travail Lee Ying-yuan [李應元] s'est fait l'avocat le 12 février d'une réévaluation du salaire mensuel minimum qui est resté fixé à 15 840 dollars taiwanais depuis neuf ans, alors qu'il avait doublé au cours des neuf années précédentes. Trois arguments sont avancés en faveur d'une augmentation : tout d'abord, plus de 90% des travailleurs touchent déjà un salaire supérieur à 20 000 dollars ; ensuite, en 2006, le chômage est tombé à 3,91%, un chiffre qui n'avait pas été aussi bas depuis 6 ans ; et enfin, plusieurs secteurs de l'industrie insulaire sont confrontés à une pénurie de main-d'œuvre. Pour Lee Ying-yuan, le salaire minimum devrait donc être sensiblement relevé, et il propose la valeur de 22 000 dollars. La rémunération de l'heure de travail pour les emplois à temps partiel serait également revue à la hausse. La décision finale reviendra toutefois à la Commission d'évaluation en charge des questions salariales, au sein du ministère. En 2002, date à laquelle une augmentation avait été proposée pour la dernière fois, cette commission avait opposé son veto.
Les liens s'étoffent entre aborigènes de Taiwan et des Philippines
Les agences gouvernementales en charge des affaires aborigènes de Taiwan et des Philippines ont signé le 8 février à Taipei un protocole d'accord qui organise une coopération culturelle et des échanges d'expérience entre groupes ethniques minoritaires des deux pays. C'est Jannette Serrano, la présidente de la commis sion nationale des Populations indigènes des Philippines, qui a paraphé le document, aux côtés de Walis Pelin [瓦歷斯.貝林], ministre des Affaires aborigènes, pour la partie taiwanaise. L'accord prévoit la promotion des échanges entre établissements scolaires, associations et autorités locales, à des fins académiques, culturelles ou économiques. Il a été conçu sur les mêmes bases que de précédentes coopérations entre Taiwan et le Canada (1998), la Nouvelle-Zélande (2004) et le Belize (2006). Il y a aux Philippines plus de 12 millions de personnes considérées comme appartenant à l'un ou l'autre des 110 groupes ethnolinguistiques officiellement identifiés, ce qui représente environ 17% de la population de l'archipel. Par comparaison, sur une population de 23 millions de personnes à Taiwan, on dénombre environ 450 000 aborigènes officiellement répartis entre 13 tribus.
Les étudiants étrangers plus nombreux dans l'Île
Le nombre d'étrangers poursuivant leurs études à Taiwan a augmenté de 23% en 2006 pour atteindre 14 479 personnes, une hausse attribuée à l'intérêt grandissant dans le monde pour le chinois. Sur l'ensemble des étrangers étudiant ici, 63,1% apprennent en effet cette langue. Parmi eux, les Japonais comptent pour 19,8%, devant les Indonésiens (14%), les Américains (13,7%), les Sud-Coréens (11,4%) et les Vietnamiens (4,4%). Quant à ceux qui font ici des études autres que linguistiques, 70% viennent de pays asiatiques, et les disciplines choisies sont la science, l'ingénierie, la médecine et l'agriculture. Par ailleurs, 1 409 jeunes étrangers séjournent ici dans le cadre d'échanges universitaires, dont 245 inscrits à l'université Ming Chuan, à Taipei, l'établissement insulaire qui en accueille le plus. Parmi eux, les Japonais forment une nouvelle fois le plus grand groupe (265 étudiants), devant les Américains (204) et les Sud-Coréens (186).