Le mouvement anticorruption revoit sa stratégie
Le sit-in « permanent » engagé le 9 septembre dernier ne l’est plus depuis le 14 octobre. La décision a été annoncée par l’une des figures de proue du mouvement, Shih Ming-teh [施明德]. « Etant donné les difficultés rencontrées par la police et par la presse au cours du mois dernier, ainsi que notre situation financière et l’anxiété de la population, nous avons décidé de réduire l’échelle de notre manifestation », a expliqué Jerry Fan [范可欽], l’un des coordinateurs de la coalition. Les critiques dont ceux-ci ont été la cible à la suite des débordements constatés le soir du 10 octobre, lors de la Fête nationale, ont apparemment joué, de même qu’une certaine lassitude dans l’opinion publique. Shih Ming-teh est intervenu de nouveau quelques jours plus tard pour faire part d’un changement de stratégie important, puisqu’il a exhorté ceux qui le suivent à désormais diriger leurs protestations vers le Kuomintang (KMT), le premier parti d’opposition au chef de l’Etat, une formation à laquelle il est reproché d’avoir acquis illégalement une partie de son patrimoine à l’époque où elle exerçait un pouvoir absolu sur l’île, placée sous la Loi martiale jusqu’en 1987. Shih Ming-teh estime en tout cas que les objectifs du mouvement anticorruption concernant Chen Shui-bian [陳水扁] ont été en partie atteint, car, a-t-il déclaré, le président de la République, s’il n’a pas démissionné, est de toute façon « décrédibilisé ».
Liberté de la presse : Taiwan devant le Japon et les Etats-Unis
Reprenant les conclusions du rapport que venait de publier Reporters sans frontières (RSF) sur la liberté de la presse à travers la planète, le ministre de l’Information Cheng Wen-tsang [鄭文燦] s’est félicité le 25 octobre des progrès qui ont valu à Taiwan de gagner 8 places au classement mondial par rapport à l’année dernière. Sur les 168 pays considérés dans l’étude de RSF, Taiwan est ainsi cette année à la 43e place, devant le Japon (51e) et les Etats-Unis (53e), et bien sûr la Chine qui, au 163e rang, a encore dégringolé de 4 places et figure parmi les derniers. Ces résultats, a commenté le ministre, sont à rapprocher des lauriers récemment décernés à Taiwan par Freedom House, un organisme américain, qui considère l’île comme le pays le plus libre en termes de droits politiques et de libertés civiles. Les accomplissements de Taiwan dans les domaines de la démocratisation et des libertés sont, en déduit-il, de plus en plus reconnus par les grandes organisations internationales de protection des droits de l’homme.
La course à la mairie de Taipei s’accélère
La campagne pour l’élection à la mairie de Taipei le 9 décembre a pris le mois dernier un tour nouveau avec l’apparition dans la course d’autres candidats, en plus des deux principaux qui étaient déjà connus. C’est que le temps des dépôts officiels de candidature arrivait à terme. Hau Lung-bin [郝龍斌], l’ancien ministre de l’Environnement et le fils de l’ancien Premier ministre Hau Pei-tsun [郝柏村], a reçu l’investiture du Kuomintang (KMT). Son adversaire du Parti démocrate-progressiste (DPP) sera Frank Hsieh [謝長廷]. Ces deux figures de la politique insulaire devront cependant compter sur quatre autres candidatures qui risquent de diviser l’électorat, plus au détriment du camp bleu d’ailleurs que de celui du DPP. L’un de ces outsiders est Li Ao [李敖], un député sans étiquette qui dispose d’un électorat proche du camp panbleu. C’est dans ce camp que se situe également James Soong [宋楚瑜], le chef du Parti pour le peuple, qui brigue lui aussi la mairie de Taipei. A l’autre bout de l’échiquier politique, une candidate du petit parti Union solidarité Taiwan, Clara Chou [周玉蔲], a décidé de se présenter devant les électeurs, une candidature qui pourrait attirer une partie des suffrages normalement acquis à Frank Hsieh. Dernier candidat en lice, le sans-étiquette Chen Yuan-chi [陳源奇]. Dans la foulée de toutes ces nouvelles candidatures, Hau Lung-bin, grand favori des sondages, a vu sa cote de popularité chuter, même s’il reste en tête des intentions de vote.
L’essai nucléaire nord-coréen est condamné à Taipei
Le président de la République, le ministère des Affaires étrangères, ainsi que le ministère de la Défense, ont chacun commenté et condamné le 11 octobre le récent essai nucléaire sous-terrain effectué par la Corée du Nord. Recevant ce jour-là des parlementaires japonais, Chen Shui-bian a souligné le danger pour la paix que constitue cet événement et a affirmé que Taiwan soutiendrait la décision de la communauté internationale, s’il devait y avoir des sanctions. Un communiqué le même jour du ministère des Affaires étrangères a dénoncé le test nucléaire en insistant sur la nécessité de régler les conflits régionaux par la voie du dialogue et de la négociation. « Nous exhortons la Corée du Nord à reprendre les discussions et la Chine à démanteler immédiatement les missiles qu’elle tient pointés sur Taiwan », a souligné le ministère. Du côté de la Défense, le contre-amiral Wu Chi-fang [吳季方], porte-parole du ministère, a fait part de ses préoccupations, ajoutant que les développements en Corée du Nord avaient été suivis avec attention.
L’identité nationale progresse, dit le DPP
Les habitants de l’île sont de plus en plus nombreux à se déclarer « Taiwanais » plutôt que « Chinois », ou bien « et Taiwanais et Chinois », révèle une série de sondages menés sur les dix dernières années par le Parti démocrate-progressiste (DPP), la formation au pouvoir. Depuis 1995, ce sont pas moins de 77 sondages d’opinion qui ont été réalisés sur ce thème, les diverses échéances électorales durant cette période semblant avoir eu une influence sur les réponses des personnes interrogées. Ainsi, alors qu’en 1995, davantage de gens se disaient « Chinois » (35%) que « Taiwanais » (32%), l’année suivante, après la première élection d’un président de la République au suffrage populaire direct, près de la moitié des sondés se sont identifiés comme « Taiwanais ». La tendance s’est accentuée après les présidentielles suivantes, en 2000, lorsque plus de 50% des personnes interrogées ont déclaré se sentir « Taiwanais ». Toutefois, cette proportion a reculé entre les mois de septembre et novembre 2002, alors que le pourcentage de sondés se disant « Chinois » ou bien « et Taiwanais et Chinois » est resté stable. Le nombre d’insulaires s’affirmant « Taiwanais » a ensuite dépassé 60% après septembre 2003, une évolution que le DPP attribue au lancement de sa campagne pour une nouvelle Constitution. Commentant cette tendance, le secrétaire général adjoint du Parti démocrate-progressiste, Tsai Huang-lang [蔡煌瑯], a fait un lien entre l’émergence d’une « conscience taiwanaise » et l’accession à la magistrature suprême de Lee Teng-hui [李登輝] puis de Chen Shui-bian. Cela montre que les Taiwanais « ne fantasment plus autant sur la Chine », a-t-il ajouté.
Touristes chinois : une association pour faciliter les négociations
En l’absence de contacts officiels avec la Chine, c’est l’Association [taiwanaise] du tourisme dans le détroit de Taiwan (TSTA), créée le 10 octobre, qui a été chargée de négocier avec l’Association [chinoise] des échanges touristiques à travers le détroit (CSTEA) pour régler les détails techniques avant l’ouverture de l’île au tourisme de masse en provenance de Chine. Sous la présidence de Hsu Wen-sheng [許文聖], directeur général de l’office national du Tourisme, la TSTA – qui regroupe diverses agences de voyages et organismes de tourisme des secteurs public et privé – vient d’entamer les pourparlers avec son homologue chinois. Selon la proposition de Taipei, au maximum 1 000 touristes chinois seront accueillis à Taiwan quotidiennement pour une durée de 10 jours au plus. De plus, les Chinois devront entrer dans l’île et en sortir en groupe. Les agences de voyages seront responsables du départ au jour prévu des touristes qu’elles prennent en charge sous peine d’une amende de 200 000 dollars taiwanais par personne ne se présentant pas à l’embarquement. Par ailleurs, pour assurer une meilleure qualité des prestations, une charte d’éthique sera établie et signée par les tour-opérateurs. Dans des conditions particulières, les Chinois sont en fait déjà autorisés à effectuer des séjours touristiques dans l’île : ils doivent être résidents dans un pays tiers ou bien venir à Taiwan dans le cadre d’un circuit touristique à l’étranger.
La BERD s’installe à Taipei
La Banque européenne pour la reconstruction et le développement (BERD) a inauguré le 24 octobre des bureaux à Taiwan, ses premiers en Asie. Le premier vice-président de la BERD, Varel Freeman, présent pour l’inauguration, estime que Taiwan dispose d’une riche expérience des PME qui pourrait être utile aux économies d’Europe centrale et de l’Est. La cérémonie a eu lieu dans les locaux de la BERD situés dans les bâtiments du Centre de commerce international de Taipei. Un séminaire sur les opportunités et les risques auxquels fait face la banque européenne a été organisé en parallèle.
VITE, VITE…
LE BLOG, UN SUCCÈS CROISSANT
Le « blog-phénomène » qui progresse au niveau mondial s’est aussi répandu dans l’île. Tenir un blog ou visiter celui des autres est devenu très populaire, surtout auprès des jeunes. Une étude réalisée par InsightXplorer vient de montrer que, de janvier à août, presque 67% des internautes se sont rendus sur Wretch – un résultat en progression de près de 26% – et près de 50% d’entre eux sur le site de blog géré par Yahoo. Un autre site de blogs, Webs-tv, a vu son nombre de visites multiplié par 7 en une année, tandis que la fréquentation sur des sites tels que Xuite Blog et Yam Blog a doublé dans le même temps. Si les moins de 29 ans constituent toujours la majorité des utilisateurs de blogs, on constate que la part des adultes de plus de 29 ans augmente, en même temps que celle des salariés.
CONTRÔLE STRICT SUR LES CRABES CHINOIS
Les importations depuis la Chine de crabes chevelus appelés dazha font l’objet ici de restrictions après que des traces d’éléments carcinogènes ont été détectées sur ce type de crustacés. Sur les côtes de la mer de Chine orientale, une tradition culinaire veut que l’on mange ce type de crabe en cette saison particulièrement. En dépit de l’absence de relations entre les deux rives pendant près d’un demi-siècle, la tradition s’est perpétuée à Taiwan, mais le petit crabe chinois y a été remplacé par une variété locale, plus grande. L’ouverture du marché insulaire aux importations chinoises dans les années 90 a ravivé la tradition.
TAIWAN AU 4E RANG POUR LES BREVETS D’INVENTION AUX ÉTATS-UNIS
Avec un total de 5 991 brevets d’invention dûment enregistrés auprès de l’administration américaine l’an dernier, Taiwan est à la 4e place dans le monde dans ce domaine, et ce pour la 7e année consécutive, a indiqué le ministère de l’Economie. Ce sont les produits et procédés ayant trait aux hautes technologies – semi-conducteurs, écrans à cristaux liquides, informatique… – qui forment le plus grand groupe de patentes déposées (820), un secteur pour lequel Taiwan se place au 3e rang derrière les Etats-Unis et le Japon. Dans le détail, Taiwan est au 4e rang pour les supports de stockage de l’information et au 5e pour les LCD et technologies afférentes, ainsi que pour le matériel, les logiciels et les accessoires informatiques.
UNE ÉCONOMIE TRÈS MONDIALISÉE
Taiwan est au 35e rang sur 62 pays pour le degré de mondialisation de son économie, a estimé le mois dernier le magazine américain Foreign Policy. Dans ce classement réalisé à partir de chiffres de l’année 2004, Taiwan se situe à la 12e place pour l’intégration économique, à la 18e pour la connectivité technologique, à la 33e pour les contacts personnels et enfin en dernière position pour l’engagement politique – ce qui n’est pas satisfaisant mais tout à fait compréhensible étant donné les pressions continuelles que la Chine exerce sur l’île dans l’arène inter-nationale. Le gouvernement s’est engagé à continuer l’internationalisation de l’île en collaboration avec le secteur privé.
CONSTITUTION BÉNÉVOLE D’UNE BANQUE DE DONNÉES BIOLOGIQUES
La Fondation de l’alliance des professionnels de la médecine a appelé le 2 octobre les habitants des districts de Hualien, de Chiayi et de Miaoli, en particulier les populations aborigènes, à se porter volontaires pour des prélèvements sanguins qui permettront la mise en place d’une banque de données biologiques (Biobank). Grâce à Biobank, Taiwan espère pouvoir mener des recherches sur les maladies dont souffrent le plus souvent les insulaires, tout en considérant des facteurs tels que le lieu de résidence des malades, ainsi que leur mode de vie et leur patrimoine génétique. Concernant les questions éthiques, juridiques et sociales que pourrait a priori soulever l’initiative, Lin Shih-chia [林世嘉], directeur de la fondation, a insisté sur le fait que les droits des participants seront pleinement protégés.