22/05/2025

Taiwan Today

Taiwan aujourd'hui

Actualité du mois de janvier 2003

01/02/2003

Chiang Ching-kuo revient sur le devant de la scène politique
Les notes personnelles de Chiang Ching-kuo [蔣經國], le fils de Tchang Kaï-chek [蔣介石], qui a succédé à son père à la présidence du Kuomintang (KMT) en 1975 et dirigé le pays de 1978 jusqu'à sa mort en 1988, seront publiées bientôt. Tentant de raviver la mémoire de Chiang Ching-kuo, dont on a marqué le 13 janvier le 15e anniversaire de la mort, le KMT est parvenu à convaincre la famille de l'homme d'Etat de publier des carnets de notes qui lui ont appartenu. L'ex-parti au pouvoir avait récemment demandé à Chiang Fang Chih-yi [蔣方智怡], la veuve d'un des trois fils de Chiang Ching-kuo, de rendre publics ces documents personnels qu'elle a précieusement conservés jusqu'ici. Elle vient d'accepter, à condition que leur contenu ne soit pas détourné. Il y a longtemps que les historiens s'intéressent à ces carnets qui pourraient aider à jeter un regard nouveau sur une période charnière dans le développement politique de Taiwan. Il existe aussi une autre motivation peut-être plus politicienne derrière cette volonté de faire revenir le fils de Tchang Kaï-chek sur le devant de la scène. En effet, Lee Teng-hui [李登輝], qui a lui-même succédé à Chiang Ching-kuo à la tête de l'Etat et du KMT, a publié en mars dernier un ouvrage réexaminant ses relations avec son prédécesseur. La publication de ces carnets pourrait arriver comme une forme de réplique du KMT à Lee Teng-hui, les relations entre cette formation et son ancien homme fort s'étant terriblement dégradées.

Mille professeurs d'anglais bientôt recrutés à l'étranger
Dès février, le ministère de l'Education recrutera des professeurs venus de pays anglophones pour animer des classes d'anglais dans les écoles élémentaires et les collèges du secteur public. S'inscrivant dans le plan Défi 2008, ce vaste programme éducatif a pour objectif d'améliorer les compétences linguistiques des jeunes générations et d'ouvrir Taiwan sur le monde extérieur. Les enseignants étrangers seront payés entre 60 000 et 90 000 TWD par mois (1 EUR = 36,34 TWD), soit le double du salaire de leurs collègues taiwanais - un détail qui n'a pas manqué de provoquer la stupeur dans le milieu enseignant insulaire. Le gouvernement estime que le programme, inspiré d'expériences similaires conduites ailleurs en Asie, notamment au Japon et en Corée du Sud, coûtera environ 1,3 milliard de TWD par an dans sa première phase. Par la suite, l'objectif est de faire en sorte que chacun des 3 300 établissements scolaires publics du primaire et du secondaire dispose d'au moins un professeur d'anglais étranger.

Moins de la moitié des entreprises taiwanaises installées en Chine font des profits
Si l'on en croit les estimations du gouvernement, seulement 40% des investissements taiwanais en Chine continentale ont été profitables, et 20 à 30% ont en fait été des échecs. S'appuyant sur ces statistiques alarmantes, le vice-Premier ministre, Lin Hsin-i [林信義], exhorte les entrepreneurs à reconsidérer leurs options et à rentrer au pays. Selon certaines estimations, depuis le début des années 90, les sociétés taiwanaises auraient investi près de 70 milliards d'USD en Chine, pas toujours avec l'aval du gouvernement taiwanais. Officiellement, il y aurait environ 50 000 sociétés à capitaux taiwanais sur l'autre rive et plus de 500 000 Taiwanais seraient expatriés là-bas - des chiffres vraisemblablement très sous-estimés. Le mouvement de délocalisation ne semble pas connaître de répit et concerne aujourd'hui également les industries technologiques.

Le Kuomintang cesse de se livrer à des opérations commerciales
Lien Chan [連戰], le président du Kuomintang (KMT), a confirmé hier que la gestion de la majeure partie des capitaux de l'ex-parti dirigeant serait confiée, comme il avait été annoncé il y a quelques mois, à une institution financière étrangère - le Crédit Suisse - et que la formation politique cesserait de se livrer à des opérations à but lucratif. L'effet d'annonce tient cependant au montant actuel des avoirs du parti : pour la première fois, un compte-rendu détaillé a été présenté en réunion du Comité central permanent, montrant que ceux-ci n'étaient plus que d'environ 33 milliards de TWD (1 EUR = 36,34 TWD), contre près de 72 milliards de TWD en 2000, lorsque Lien Chan a pris la direction du parti à la suite de son échec aux présidentielles. Le KMT fut longtemps considéré comme le parti le plus riche du monde, et on lui attribuait la fortune colossale de 100 milliards de TWD jusque vers la fin des années 90. Certains membres en vue du KMT affirment que les fonds manquants ont été détournés lorsque Lee Teng-hui [李登輝] était à la tête du parti, et Liu Tai-ying [劉泰英] à celle du Comité de gestion des entreprises. Chang Che-chen [張哲琛], le directeur général du Comité d'administration et de gestion du parti, signale notamment les deux énormes erreurs qu'ont été les investissements réalisés par Liu Tai-ying - aujourd'hui accusé de malversations et de cor ruption - dans l'immobilier, avec la firme Hanyang Construction, qui a accumulé 6,5 mil liards de TWD de pertes, et la désormais tristement célèbre firme Zanadau Development Corp, 900 millions. Dans le camp de la majorité, on dénonce cette restructuration comme une diversion visant à exonérer Lien Chan d'une gestion catastrophique qui n'a pu se faire qu'avec son aval. De plus, souligne-t-on au Parti démocrate-progressiste, le KMT n'a pas fait toute la lumière sur l'origine de sa fortune.

De nouveaux programmes scolaires recentrés sur Taiwan
Le ministère de l'Education a donné aux maisons d'édition ses nouvelles directives pour la conception des manuels scolaires qui seront utilisés dans les écoles et les collèges à partir de 2005. D'une manière générale, le maître mot semble être « Taiwan ». Dans le domaine de l'enseignement des langues, les autorités éducatives souhaitent renforcer l'apprentissage des langues aborigènes, ainsi que du minnan et du hakka (les dialectes chinois les plus répandus dans l'île) - en plus de celui du chinois mandarin, autrefois seule langue locale enseignée dans les écoles. Les cultures des divers groupes ethniques insulaires et les cultures étrangères seront elles aussi explorées. Autre changement remarqué, les cours à contenu socio-éducatif mettront l'accent sur l'histoire de Taiwan examinée au travers de ses évolutions idéologiques, culturelles, sociales, économiques et politiques.

Nouvelles estimations sur le montant des investissements taiwanais en Chine
Le total cumulé des capitaux insulaires investis en Chine s'élevait fin décembre 2002 à 66,8 milliards d'USD, a indiqué Perng Fai-nan [彭淮南], le gouverneur de la Banque centrale de Chine [Taipei] (CBC), lors d'un séminaire sur les questions relatives aux investissements et aux services financiers en Chine. Citant des statistiques publiées par le Fonds monétaire international, le gouverneur de la CBC a indiqué que les investissements étrangers en Chine continentale s'étaient élevés pour la période 1990-2001 à 334,7 milliards d'USD, dépassant de loin les réserves de devises étrangères de ce pays, estimées à 286,4 milliards d'USD à la fin de l'année dernière.

Le « Trio de Hsichih » est libre
La Haute Cour de Justice a déclaré innocents les trois hommes connus sous le nom de Trio de Hsichih qui ont donc recouvré la liberté après avoir passé près de dix ans dans les couloirs de la mort. Dans son arrêt rendu public le 13 janvier, la cour a jugé que les preuves à charge contre le trio étaient insuffisantes et a mis en évidence les défauts apparents dans l'accusation. « Je me sens détendu mais pas heureux. Ce que j'ai vécu va au-delà de l'entendement commun », a pu dire en pleurant Su Chien-ho [蘇建和], l'un des trois ex-condamnés à mort en apprenant sa libération. En 1991, un couple habitant la ville de Hsichih est retrouvé assassiné. Le principal suspect, Wang Wen-hsiao, un militaire, est arrêté, et il confie aux enquêteurs qu'il est bien l'auteur du crime crapuleux, qu'il aurait commis avec trois autres jeunes gens. Le militaire est condamné à mort et exécuté. Egalement condamnés à la peine capitale, les trois hommes qu'il a impliqués ont rapidement changé leur défense, affirmant que leurs aveux initiaux avaient été extorqués sous la torture. Tout au long de la longue bataille judiciaire qui a suivi, ils n'ont cessé de clamer leur innocence, et les associations de droits de l'homme se sont mobilisées en leur faveur. Les ministres de la Justice qui se sont succédé depuis n'ont jamais signé l'ordre d'exécution, et même le Parquet, devant les vices de procédure, a fait appel du premier jugement. Le cas du Trio de Hsichih a fait régulièrement la une de la presse insulaire ces onze dernières années.

Sampo prend le contrôle de Grundig
Le groupe taiwanais Sampo a signé le 8 janvier une promesse d’achat qui lui assure la part majoritaire des actions de Grundig AG, le plus grand fabricant d'électroménager en Allemagne, au second rang en Europe. D'un commun accord, les deux firmes n'ont pas révélé le coût de l'opération ni le nombre des actions cédées. Selon certaines sources, Sampo aurait reçu de banques allemandes un prêt à faible taux d'intérêt pour boucler l'opération. Le fabricant allemand, qui dispose d'un réseau de 30 000 distributeurs en Europe, ouvre à son nouveau partenaire un accès direct au marché européen, a déclaré H.C. Ho, le président-directeur général du groupe insulaire. Quant à la direction de Grundig, elle s'est dite satisfaite de ce partenariat qui, par l'apport financier et les conseils en gestion de la partie taiwanaise, aidera à diversifier la production et les débouchés de la firme allemande. Grundig, qui emploie 5 000 personnes, a enregistré l'an dernier un chiffre d'affaires de 1,28 milliard d'EUR, laissant apparaître un déficit de 150 millions d'EUR. Sampo a insisté pour qu'à l'avenir, l'entreprise allemande réduise ses crédits aux clients, rationalise ses coûts d'exploitation et relève ses marges bénéficiaires.

Un 1er volet du plan de relance de l'emploi est voté
Pressés par la suspension de la session parlementaire avant les vacances du Nouvel An chinois, les députés ont voté le 14 janvier une partie du budget de relance de l'emploi. Le volet adopté porte sur 20 milliards de TWD (1 TWD = 36, 34 EUR) alloués à la création d'emplois avant tout dans le secteur public. En votant ces 20 milliards de crédit, les députés se sont entendus pour repousser à plus tard le financement du second volet du plan, estimé à 50 milliards de TWD, qui porte essentiellement sur la relance de l'emploi par le biais de grands travaux d'infrastructures. Pour en arriver là, il a fallu que les députés des différents camps négocient pied à pied, et ce n'est que tard dans la soirée que les groupes soutenant le gouvernement et ceux appartenant à l'opposition sont parvenus à s'entendre, chacun faisant des concessions. Le plan dans son intégralité - 70 milliards de TWD - prévoit la création de 110 000 emplois, alors que le taux de chômage dans l'île en 2002 atteindrait 4,2%, un chiffre bien au-dessus de la moyenne des années précédentes. Le budget pour les 50 autres milliards pourrait être voté lors de la nouvelle session parlementaire qui débutera le 25 février.

Les relations avec Pékin avancent sans avancer
Accompagné d'une vingtaine d'universitaires et de députés taiwanais de tous bords, un haut responsable du Parti démocrate-progressiste (DPP) s'est rendu fin janvier à Pékin. Cette visite a marqué une percée dans les relations entre les deux rives, étant donné le boycott que Pékin impose à tous les membres du parti au pouvoir à Taiwan. Ce déplacement est extraordinaire, car non seulement Chen Chung-hsin [陳忠信], la personne dont il s'agit, est en charge au DPP de la politique à l'égard de la Chine, mais aussi parce qu'elle intervient à un moment où, officiellement, à Taipei, on affirme qu'il n'y a pas lieu de s'attendre à des avancées significatives dans le domaine des relations avec l'autre rive. « Parvenir à maintenir la paix et la stabilité dans le détroit est déjà assez bien » , a déclaré le 20 janvier le président Chen Shui-bian [陳水扁] qui se refuse à faire preuve de trop d'optimisme. Plus précisément, abordant la question des liaisons directes, il a indiqué qu'il ne fallait pas s'attendre à ce que leur éventuelle ouverture favorise la reprise économique dans l'île. De toute façon, a-t-il répété, seuls les Taiwanais décideront en dernier ressort des changements qui seront nécessaires.

Les travaux du métro express de l'aéroport Chiang Kai-shek vont commencer
Critiquée pour le retard pris par le projet de construction de la ligne de métro express qui doit relier Taipei à l'aéroport international Chiang Kai-shek, à Taoyuan, Evertransit International Development Corporation s'est vu retirer ses droits sur le projet - en suspens depuis six ans déjà - lorsqu'il est apparu qu'elle ne parviendrait pas à trouver les financements nécessaires à la mise enuvre du chantier, estimés à 66,8 milliards de TWD (1 EUR = 36,34 TWD). Après un nouvel appel d'offres, c'est à BES Engineering Corporation qu'ont été attribués les droits exclusifs de la construction et de l'aménagement de la ligne. La firme soumettra d'ici à deux mois à l'approbation du ministère des Transports et des Communications les changements qu'elle voudrait opérer sur la ligne. D'une longueur de 35 km, le tracé initial avait été décidé une première fois, il y a six ans, lors de l'attribution du contrat à Evertransit. D'autres solutions concernant la liaison entre la capitale et son aéroport international, situé à une trentaine de kilomètres au sud-ouest de la métropole, dans le hsien de Taoyuan, ont été depuis proposées. L'une consisterait en un tronçon de 8 km seulement, reliant l'aéroport à la gare de Chingpu, sur la ligne du TGV ; l'autre serait une extension de 19,2 km du tracé original pour des raisons techniques.

Conjoints chinois : réglementation ou libéralisation ?
Des universitaires, des travailleurs sociaux mettent en garde le gouvernement contre les effets pervers de la politique de contrôle strict dont font l'objet les conjoints chinois de ressortissants de la République de Chine. Ces conjoints continentaux, des femmes dans leur quasi-totalité, doivent attendre six ans après leur arrivée à Taiwan avant d'obtenir le droit de travailler ici, une restriction qui peut rendre intenable la situation économique du couple, en particulier si le conjoint taiwanais perd son travail. Or la clé d'une intégration sociale réussie, rappellent les détracteurs de la politique actuelle, réside souvent dans la capacité à travailler et à gagner sa vie. En ces temps de montée du chômage, les pouvoirs publics estiment nécessaire de réglementer l'entrée de ces personnes sur le marché du travail ne serait-ce qu'à cause de leur nombre : selon la commission d'Etat des Affaires continentales, il y aura à Taiwan plus de 500 000 épouses continentales d'ici onze ans. Le problème, soulignent les avocats d'une libéralisation dans ce domaine, c'est que les restrictions ne concernent pas seulement les 180 000 épouses continentales que l'on dénombre actuellement, mais 180 000 foyers - et Taiwan finira par payer le prix de cette attitude dépassée, qui ne fait qu'aggraver les tensions au sein de la société.

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