18/06/2025

Taiwan Today

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La visite de M. Lee Teng-hui en Amérique centrale

01/11/1985
M. Lee Teng-hui passant le grand cordon de l’ordre chinois du Jade brillant à M. Monge Alvarez, président de la République de Costa-Rica.
En 1502, lors du quatrième et der­ nier voyage de Christophe Colomb (en castillan, Cristôbal Colôn) vers le nou­veau monde, les navires de sa flotte mouillèrent au large des plages de sable blanc de l’île Cariari, proche de-l’actuel Puerto Limon, sur la côte costaricienne* de la mer des Caraïbes. Fasciné par la beauté, la vie sauvage exubérante et exotique de ces nouveaux rivages, le célèbre explorateur les baptisa Costa Rica (côte riche) et les proclama « terres de la cou­ ronne de Castille » (Espagne). (Une autre version attribue ce nom de bon augure à l’exultation des marins d’avoir découvert le lieu de fabuleux trésors au­ rifères, s’imaginaient-ils.)

En l’après-midi du 6 septembre 1985, un appareil des Lineas aereas cos­ tarricenses, la compagnie aérienne du Costa-Rica, amena un visiteur plus formel dans ce pays fabuleux. Le vice­ président de Taïwan, M. Lee Teng-hui, commençait une visite officielle de six jours dans ce beau et calme pays latino-américain.

Depuis la signature du Traité d’ami­tié entre le Costa-Rica et Taïwan en 1944, M. Lee Teng-hui est le plus haut personnage d’Etat de Taïwan à se rendre en Costa­ Rica. En 1980, M. Sun Yun-suan, alors premier ministre, s’y était rendu. La visite de M. Lee Teng-hui est une ré­ponse à celle que M. Luis Alberto Monge Alvarez, président de ­blique de Costa-Rica, a faite a Taïwan quelque mois plus tôt.

Peu avant l’arrivée de M. Lee Teng­ hui à San José, les principaux journaux costariciens, , , , ont abondamment publié des articles concernant le vice-président de Taïwan, son person­nage, sa famille, ainsi que les différents aspects de son pays.

Pays indépendant depuis 1821, cette petite république centro-américaine, d’une superficie de 50 2, un peu plus grande que le Danemark, a attiré l’attention du monde pour ces réalisa­tions particulières, surtout au XXe siècle, avec l’établissement d’écoles, d’hôpitaux et d’un réseau routier mo­derne qui ont pavé le chemin à son déve­loppement. Le Costa-Rica est fier de son système d’instruction publique gratuit et obligatoire et de sa réputation d’être l’Etat où « le nombre des enseignants dépasse celui des policiers. » Depuis 1949, il n’y a plus d’armée nationale. Sa population de 2,4 millions d’habitants jouit du plus haut niveau de vie, du plus grand revenu par habitant et du plus haut taux d’alphabétisation de l’Amé­rique centrale. Pays dévoué à la liberté, le Costa-Rica a depuis longtemps mérité la réputation d’être une des démocraties modèles du monde.

Ces dernières années, le pays a ren­contré des difficultés financières plus grandes à cause des fluctuations du prix du café et des coûts multipliés des impor­tations de pétrole. Le président de ­publique, M. Luis Alberto Monge Alva­ rez, élu à la présidence en 1982 avec un pourcentage de 57% du suffrage popu­laire en battant cinq autres candidats, a pris des mesures d’austérité sans précé­dent pour restaurer l’équilibre écono­mique. Il a en effet immédiatement bloqué les loyers, réduit les dépenses se­ condaires et restreint les hausses de sa­laire dans le secteur public. Cela et une série d’autres mesures de rénovation ont contribué à l’infléchissement des taux d’inflation.

Comme les prochaines élections pré­sidentielles costariciennes auront lieu en février 1986, on pouvait déjà voir partout des placards électoraux dans les princi­pales villes et les villages. Devant presque chaque maison, un fanion repré­sentait le parti du candidat soutenu. L’enthousiasme du peuple costaricien pour ces élections présidentielles res­semble un peu à ce qu’éprouvent les Bré­siliens pour le carnaval. Le mandat de M. Monge Alvarez prendra fin en février 1986, or la constitution du pays stipule qu’un président ne peut être réélu. Aussi les élections ont une plus ample dimen­sion : plus de dix candidats de différents partis se disputent la présidence. MM. Oscar Arias Sanchez, du Parti de nationale, et Rafael Angel Calderon, de l’Union sociale chrétienne, sem blent être les favoris.

Le petit orchestre devant le Théâtre national de San José.

Lors du dîner en l’honneur de M. Lee Teng-hui au Palais national, M. Armando Arauz Aguilar, second vice-président de de Costa-Rica, a déclaré que lui et M. Monge Alvarez, au cours de leur voyage à Taïwan, avaient pu entrevoir deux similitudes particu­lières entre les peuples des deux pays: « Nous croyons fermement en la démocratie et sommes convaincus que le gouvernement peut apporter satisfaction au peuple sans léser la liberté individuelle ni les principes humanitaires. »

M. Arauz Aguilar a spécialement loué M. Chiang Ching-kuo, président de Taïwan: « [Il] s’est per­sonnellement dévoué tant physiquement que moralement à la promotion du bien-être du peuple et à la défense de la civilisation du monde. »

Le second jour de cette visite offi­cielle, le chef de l’Etat costaricien, au volant de sa berline, a conduit son hôte chinois à Ocotal, un site sur la côte du Pa­cifique à 200 kilomètres au nord-est de San José pour passer le week-end. Sur le chemin d’Ocotal, la suite présidentielle visita Puerto Caldera, dans la province de Puntarenas, au nord-est du Costa­ Rica. Cette cité a commencé son activité portuaire voilà juste trois ans et est devenu depuis le centre de gravité du nord-ouest du Costa-Rica. Au cours de la visite du port, à bord d’un cargo espa­gnol à quai, la suite fut reçue au cham­pagne par les maîtres du bord.

Ocotal, aussi appelée « Petite Suisse », est reputée pour son site pitto­resque. La suite présidentielle y fut bercée par les flons-flons d’un petit or­chestre. Apprenant l’arrivée du vice­ président de Taïwan sur les lieux, les touristes de la région vin­rent l’accueillirent et se firent prendre en photo avec lui. Des observateurs ont remarqué qu’il était cependant très rare que le président de , M. Monge Alvarez, conduisât lui-même ses hôtes étrangers.

Les jours suivants, M. Lee Teng-hui visita le Théâtre national et plusieurs musées. Le Théâtre national, achevé en 1897, est peut-être le plus bel édifice du pays. Peintures et sculptures d’artistes européens et costariciens le décorent somptueusement. Le Musée national de San José présentait une exposition sur la flore et la faune du pays, ainsi que l’his­toire et l’archéologie du Costa-Rica. L’ancienne forteresse qui abrite le musée offre une magnifique vue panora­mique sur la capitale costaricienne. Le Musée de Jade exposait de l’art contem­porain. Il a aussi des miniatures en jade et en or et diverses poteries et pierres sculptées. Le Musée de l’Or et de abrite plus de seize cents pièces en or, ce qui le place, en terme de valeur en or, dans les premiers rangs des musées du monde.

Une des priorités de M. Lee Teng­ hui au cours de sa visite au Costa-Rica fut d’aller saluer la colonie chinoise qui comprend emriron sept mille résidents. Les premiers Chinois qui se sont établis au Costa-Rica étaient presque tous venus de la province de Kouang-tong pour aider à la construction de voies fer­rées il y a une centaine d’années. Beaucoup résident maintenant dans l’agglo­mération de San José; d’autres sont à Puerto Limon et à Cartago, la vieille ca­ pitale du Costa-Rica. Ils jouent un rôle important surtout les secteurs commer­cial et des services.

Le 9 septembre, la communauté chi­noise de San José y a offert un grand ban­quet en l’honneur du vice-président de Taïwan. Les jeunes exé­cutèrent des danses et chants traditionnel chinois devant plus d’un millier de con­vives. Sur des tables nappées de rouge, les gourmets purent se régaler de plats authentiquement chinois. Cette gran­diose réception ne prit fin que très tôt le lendemain matin.

Le dernier jour de sa visite officielle au Costa-Rica, M. Lee Teng-hui se rendit à l’Université de Costa-Rica, fondée en 1940; à San Pedro dans la péri­phérie de San José. Il y a vingt ans, cette université ne comptait que six mille étu­diants; à la fin des années 70 et au début des années 80, 30 000 étudiants la fré­quentaient. La faculté de médecine de cette université a la réputation d’être la meilleure de toute l’Amérique centrale, et c’est son département de microbiolo­gie que choisissent les Centro­ Américains qui désirent se spécialiser dans cette branche. Actuellement, dans le cadre d’échanges culturels taïwano­-costariciens, des professeurs de l’Univer­sité de Tamkang de Taïpei y enseignent.

M. Monge Alvarez et son hôte en route pour le pittoresque site d’Ocotal.

A San José, le petit déjeuner est peut-être le moment le plus agréable des repas. Sous le lever de soleil et la douce brise matinale, de jeunes beautés costari­ciennes vendaient des hamacs aux tou­ristes étrangers. Sur la petite Plaza de , une petite foire d’une trentaine de stands d’objets-souvenirs attirent toute la journée de nombreux touristes tandis qu’un petit orchestre en face du Théâtre national joue de la musique es­pagnole enchanteresse...

Lors de sa conférence de presse avant son départ pour le Panama, le vice­ président de Taïwan a fait remarquer que sa visite au Costa­ Rica avait pleinement servi à la compré­hension entre les dirigeants des deux pays. Il a rappelé que les missions chi­noises de coopération technique en agri­culture, en halieutique et en artisanat du bambou seraient intensifiées et que Taïwan agréait de prendre des mesures concrètes pour aider le Costa-Rica à exporter des produits agri­coles à plus haute valeur commerciale et d’y envoyer des spécialistes pour le déve­loppement industriel et commercial.

A une heure de San José, l’appareil du vol 651 des Lineas aereas costarri­ censes se posa sur l’aéroport international Général-Omar-Torrijos-Herrera de Panama, situé à 25 minutes du centre-ville.

Accueillirent la suite vice­ présidentielle chinoise le vice-président de de Panama, M. Eric Arturo Delvalle (Note de l’auteur : Il a prêté serment comme président de ­blique de Panama le 28 septembre 1985 à la suite de la démission de M. Nicolas Ardito Barletta), le ministre des Affaires étrangères, M. José Cabrera Jované, et plusieurs autres hauts fonctionnaires panaméens**.

M. Lee Teng-hui fit aussitôt une visite de courtoisie à M. Nicolas Ardito Barletta, président de de Panama et ancien vice-président de Située dans le centre­ ville de Panama, la présidence de ­publique est plus connue sous le nom de « Palais des Hérons », par référence à ces oiseaux qui se promènent autour de la fontaine de l’entrée principale du patio mauresque. Erigé en 1673, ce magnifique bâtiment blanc fut complètement res­tauré en 1921. Les décorations murales intérieures sont l’œuvre de l’artiste pa­naméen Roberto Lewis.











M. Delvalle. vice-président de la République de Panama. décorant M. Lee Teng-hui.

Recevant M. Lee Teng-hui, M.Ardito Barletta l’entretint de la révi­sion des lois sociales du Panama dans les trois mois afin de mieux attirer les inves­tissements étrangers et exprima son espoir que les sociétés chinoises puissent investir dans l’industrie légère panaméenne.

Avant l’arrivée des explorateurs et des colons espagnols, le Panama était peuplés d’Amérindiens vivant dans les forêts et les savannes tropicales. En 1502, Colomb débarqua sur la côte Nord. Ses marins étaient tout excités par la prospection de l’or dans la région de Veragua. Cependant, il ne réussit pas à y établir de colonie. En 1513, l’explorateur Vasco Nunez de Balboa traversa l’isthme de Darien, aujourd’hui de Panama, et découvrit l’océan Pacifique. Pendant près de quatre siècles, la région servit de lieu de transbordement entre les deux océans Atlantique et Pacifique.

La province de l’Isthme a déclaré son indépendance de l’Espagne en 1821, mais resta rattachée à ­ Grenade, puis Colombie, aussi indépen­dante. Autonome et d’une économie assez particulière, elle fut quelque peu délaissée par Bogota qui intervint contre les intérêts de la province. Aussi avec l’aide des Etats-Unis et de , elle finit par se déclarer indépendante de le 3 novembre 1903 et pris le nom de sa capitale, Panama, d’un mot amérindien signifiant « abondance de poissons ».

M. Lee Teng-hui déposa plusieurs gerbes au pied de trois statues en bronze à Panama: celle de Sun Yat-sen, fonda­ teur de Taïwan, sur l’Avenida de China; celle de Manuel Amador Guerrero, premier président de de Panama, sur de ; et celle du général Omar Torrijos Herrera, à Fuerte Amador.

Lors de la soirée, dans l’immense salle du club Union de Panama, devant un parterre de presque tous les grands di­gnitaires et autres célébrités du Panama, le vice-président de de Panama, M. Delvalle, remit la médaille de grand-croix de l’Ordre panaméen Manuel-Amador-Guerrero à M. Lee Teng-hui pour sa contribution à la pro­motion de l’amitié entre les deux pays. M. Delvalle fit le panégyrique de M. Lee Teng-hui en louant ses connaissances agronomiques et d’homme d’Etat et dé­clara que les liens entre les deux pays se renforçaient du fait de la visite de M. Lee Teng-hui.

Le chaleureux accueil de la communauté chinoise du Panama. En second plan, les personnalités chinoises et panaméennes.

Pour chaque visiteur du Panama, la visite du Canal est un must. Commencé au tournant de ce siècle et en activité depuis 1914, le canal de Panama de relie les océans Atlantique et Paci­fique à travers l’Isthme. Il a coûté dix ans de travaux et 387 millions de dollars américains. Avec plus de treize mille na­vires qui le traversent, le canal de Panama est l’une des deux. voies d’eau artificielles les plus stratégiques du monde, l’autre étant le canal de Suez. Lors de cette brève visite, M. Lee Teng­ hui s’entendit dire que les deux compa­gnies maritimes chinoises Evergreen et Yang Ming étaient des usagers dyna­miques et importants du canal. Il fit un arrêt aux gigantesques écluses de Mira­flores en action.

En 1528, Charles-Quint [Charles 1er, roi de Castille et d’Aragon (Espagne) ] avait ordonné la première étude d’une voie maritime qui traverserait l’isthme de Panama. Mais cela resta lettre morte. Plus de trois siècles plus tard, en 1881, le Français Ferdinand de Lesseps, cons­tructeur du canal de Suez, entreprit la percée de l’isthme. Mais après 8 ans de durs travaux dans la jungle, des maladies qui ont gravement décimé la main­ d’œuvre et de sombres problèmes financiers (L’Affaire de Panama), il fut forcé d’abandonner. En 1903, le Panama, nou­vellement indépendant, et les Etats-Unis signèrent un traité par lequel ces derniers entreprenaient la construction de ce canal interocéanique. L’année suivante, ils commençaient les travaux après avoir racheter à la compagnie française du Canal tous ses droits et propriétés au Panama pour 40 millions de dollars américains.

Dès son retour à la capitale pana­ méenne, M. Lee Teng-hui donna une conférence de presse sur les propos qu’il eut avec MM. Ardito Barletta et Delvalle et d’autres hautes personnalités du Panama. Il nota une certaine satisfaction quant à l’état actuel de la coopération bi­latérale et aux accords pris en vue d’en accroître les efforts.

Le gouvernement de Taïwan s’est engagé à intensifier son aide à l’arboriculture naissante pana­méenne, à la mécanisation de la riziculture et à la production et l’exportation de denrées agricoles de haute valeur commerciale; dans le même esprit, il en­ verra aussi des spécialistes pour l’établis­sement de coopératives halieutiques au Panama. En outre, il a accepté d’encou­rager activement les hommes d’affaires chinois à investir au Panama et a de­ mandé au gouvernement panaméen de prendre des mesures spéciales favorables aux investissements.

M. Lee Teng-hui visita Panama, la capitale, une agglomération de hauts immeubles modernes située sur la côte du Pacifique, embrassant une magnifique baie. C’est le centre politique, industriel, économique et culturel du pays. Avec une population de 660 000 habitants, cette ville latino-américaine s’emploie à recréer une ambiance typiquement internationale comme de nombreux touristes et hommes d’affaires la visitent.

Un dîner organisé par la communauté chinoise du Panama en l’honneur du vice-président de Taïwan à Atlapa, un centre de réunion de 7,3 hectares de surface. Là, des danses traclitionnelles panaméennes furent exé­cutées par des enfants chinois et amérin­ diens de Panama devant quelque quinze cents invités, dont le vice-président de de Panama et d’autres digni­taires. M. Chen Feng-tien, président de l’Association des communautés chi­noises du Panama, fit remarquer qu’à cette occasion, la communauté chinoise manifestait tout son respect à l’égard du vice-président de , M. Lee Teng-hui, et son soutien au gouvernement de Taïwan.

Des eaux bleues du Pacifique, vue de la ville de Panama.

Les premiers Chinois sont arrivés à Panama au XIXe siècle en même temps que les Nords-Américains, les Français et d’autres pour la construction de la voie ferrée Panama-Colon. Depuis, les Chinois ont joué un rôle de plus en plus important dans le commerce et l’indus­trie du Panama et ont activement parti­cipé à la vie politique et économique du pays.

Au cours d’une tournée à David, ca­pitale du département de Chiriqui, M. Ardito Barletta a dit à la presse chi­noise que les 33 000 Chinois du Panama avaient une influence bénéfique dans les mondes politique et économique. Parmi les personnalités exemplaires pana­méennes, citons le ministre du Travail et des Affaires sociales, M. Jorge Fede­ rico Lee (en chinois, Li Tche-ming); c’est le sixième ministre panaméen d’origine chinoise. On pense généralement que ce spécialiste en droit interna­tional et commercial de 32 ans, qui a manifesté une égale considération pour la main-d’œuvre et le capital, a d’excel­lentes perspectives pour faire carrière politique. Il y a neuf ans lorsque M. Lee obtint son diplôme de l’Université de Panama avec les notes les plus élevées jamais obtenues depuis la fondation de l’université, le périodique de Panama a publié un long article sur lui en le louant d’avoir « créé un modèle de l’éducation publique dans l’histoire du Panama ».

Une salve de dix-neuf coups de canon et un grand protocole militaire ac­cueillit à Guatemala l’arrivée du vice­ président de Taïwan, M. Lee Teng-hui, à l’occasion de sa visite officielle de cinq jours au Guate­ mala, la nation la plus peuplée d’Amé­rique centrale. C’est le chef d’Etat ad­joint, le général Rodolfo Lobos Zamora, qui le reçut à l’aéroport.

M. Lee Teng-hui rendit visite au chef d’Etat, le général Oscar Humberto Mejía Victores. Il lui présenta le message du président de Taïwan, M. Chiang Ching-kuo, dont le chef de l’Etat guatémaltèque*** fit l’éloge comme un grand homme d’Etat et pria M. Lee Teng-hui de lui adresser ses plus vives félicitations. Dans la soirée, lors de la grande réception au Palais national, le général Mejía Victores conféra à M. Lee Teng-hui l’ordre guatemaltèque du Quetzal.

Le vice-président de Taïwan au milieu des villageois de Chacaj (Guatemala).

Pour le vice-président de Taïwan et son entourage, la vue de l’ancien site de Tikal avec le faîtage ruiné des immenses temples blancs qui dépassent le vert ondulé de la forêt tropi­cale est une image inoubliable. C’était la première rencontre avec la mystérieuse civilisation maya. Le voyage commença par un vol de quatre-vingt-dix minutes au-dessus de hautes montagnes bosse­lées. Soudain, on aperçut le grand lac de Petén-Itza, et l’avion atterrit doucement. Un peu plus tard, le groupe prenait place dans des autocars pour une tournée sur une étroite route à travers la jungle sur des traces illustres...

Il y a vingt-cinq siècles, un premier établissement installé à Tikal devint un centre urbain important de la civilisation maya. Temples, palais, monuments, autels de sacrifice, logements, terrains de jeux et esplanades y furent construits et aménagés. Cependant, la magnifique cité fut abandonnée par la caste diri­geante et une grande partie de la population dans les premiers siècles de notre ère. Ce fut pareil à Copan, Quirigua, Piedras Negras et aux autres villes mayas. On ne sait encore la raison exacte de cet étrange exode.

Située au centre d’une vaste forêt en terrain plat, dans le département de Petén, au nord du Guatemala, Tikal aurait été revisité, croit-on en ce pays, pour la première fois en 1696 par un mis­sionnaire espagnol, le père Andrés de Evendano. On rapporte qu’il l’atteignit par hasard comme il revenait à Mérida (Yucatan, Mexique) après avoir baptisé trois cents enfants dans la région de Tayasal. Cependant, la découverte officielle de Tikal par le colonel Modesto Méndez ne date que de 1848. Cette der­nière découverte a suscité l’intérêt général.

M. Lee Teng-hui y visita la grand­ place et les temples I et II tandis que le guide guatémaltèque montrait les ins­criptions sur chacune des gigantesques autels et stèles en pierre. Puis un déjeu­ner typiquement centro-américain fut servi près de l’aéroport de Tikal avant de regagner Guatemala.

Depuis son accession au pouvoir le 8 août 1983 qui mit fin au régime de dix­ sept mois d’Efrain Rios Montt, le général Victores, en tant que Chef d’Etat de de Guatemala, a souvent insisté sur le fait que l’armée ren­ drait le pouvoir aux mains du peuple. Mettant peu à peu en place les objectifs qu’il s’était définis, le chef de l’Etat gua­témaltèque a contribué à améliorer l’image du gouvernement du Guatemala dans la communauté internationale.

Lors de ses entretiens avec M. Lee Teng-hui, il l’avait prévenu que tout le pays battait campagne pour les pro­chaines élections nationales qui auront lieu le 3 novembre puisqu’en janvier 1986, l’armée guatémaltèque rendra le pouvoir politique au gouvernement civil élu. Des huit candidats présidentiels, aucun n’a jamais tenu de poste officiel dans l’armée, un fait sans précédent dans l’histoire de ce pays. M. Lee Teng­ hui en a reçu alors quatre, MM. Vinicio Cerezo Arévalo, du Parti de la démocra­ tie chrétienne, Jorge Serrano Elias, du PDCN, Jorge Carpio Nicolle, de l’Union du Centre national, et Mario Sandoval Alarcon, du Mouvement de Libération nationale.****

En 1984, une Assemblée nationale constituante de 88 membres fut élue pour élaborer une nouvelle constitution au pays. La nouvelle constitution de 1985 stipule que le mandat du président de est de cinq ans, au lieu de quatre dans la précédente constitution de 1965. Il est aussi précisé qu’un mandat présidentiel ne peut être renou­ velé. Le nouveau président de ­blique élu prêtera serment le 14 janvier 1986.

Peu après sa prise de pouvoir, le gé­ nérai Mejía Victores a rapidement agi d’une manière décisive dans différents domaines et a immédiatement levé l’état d’urgence. Son catholicisme pieux et son anticommunisme ardent sont cou­ramment matières à sujet.

Le gouvernement du général Mejía Victores est parvenu à rétablir la paix et l’ordre dans les 28 territoires recouvrés pour les citoyens amérindiens du Guate­mala. Le vice-président de Taïwan s’est ainsi rendu par hélicoptère dans l’un de ces territoires réorganisés, à Chacaj, dans le nord du Guatemala près de la frontière mexicaine pour y rencon­trer une équipe de coopération agricole chinoise.

Chacaj fut ravagée par les forces de la guérilla, et sa population avait fui vers le Mexique. Depuis son recouvrement, le gouvernement guatémaltèque s’y est efforcé de replacer les installations collectives et de reloger les Amérindiens qui revenaient. Dans le cadre de ce plan de reconstruction, le gouvernement guatémaltèque avait demandé à Taïwan l’envoi d’une mission agricole de coopération pour ouvrir une ferme modèle à Chacaj. En moins de six mois, une ferme de 1, fut créée. On y planta du mais, soja et divers autres lé­ gumes et éleva aussi des porcs et du poisson.

Dans les ruines de Tikal, un guide montrait les inscriptions mayas aux visiteurs.

Le dernier jour de sa visite officielle au Guatemala, M. Lee Teng-hui déposa une gerbe devant le Monument de l’In­dépenoance guatémaltèque et se rendit à Antigua. Fondée par les Espagnols en 1543, après la destruction de Santiago de los Caballeros (l’actuel site de la ville de Guatemala) par l’éruption du volcan Agua, Antigua, dont le nom originel est Guatemala, a connu de terribles trem­blements de terre dont le plus violent en 1773 qui la détruisit. Elle perdit le siège de la capitainerie générale de Guatemala qui fut réinstallé six ans plus tard sur le site de Santiago de los Caballeros sous le nom de Guatemala. Capitale pendant plus de deux siècles, elle fut un florissant centre culturel et des arts. Devenue Antigua (l’ancienne), elle est un curieux mélange de ruines, de bâtiments colo­niaux restaurés et d’immeubles reconstruits dans le style colonial espagnol.

Au cours de cette visite dans la vieille cité, M. Lee Teng-hui en a reçu les clés des mains de son maire, M. Ar­mando Colom a Azurdia. Puis, il assista à une représentation de costumes tradi­tionnels amérindiens organisée par le Bureau du Tourisme guatémaltèque.

Le soir, à la grande réception solennelle, M. Lee Teng-hui, représentant le président de Taïwan, M. Chiang Ching-kuo, a conféré au gé­nérai Mejía Victores l’ordre national du Jade brillant.

Dans son allocution devant plus d’un millier d’invités, le général Mejía Victores a remercié Taïwan pour l’aide et la coopération qu’elle a apportées au Guatemala. Il a aussi demandé à M. Lee Teng-hui de transmettre sa plus sincère gratitude au président de Taïwan.

La visite officielle du vice-président de Taïwan au Costa­ Rica, au Panama et au Guatemala s’est terminée le 20 septembre 1985. Avant de s’embarquer pour le long voyage de retour, il a tenu à dire à la presse que lors de ses entretiens avec les chefs d’Etat et les autres hauts dignitaires de ces trois pays d’Amérique centrale, tous étaient impressionnés par le développement économique de Taïwan et ils s’engageaient à prendre des me­sures en vue d’améliorer le climat pour les investissements afin d’y mieux attirer les capitaux chinois. ■

*Costaricien : du Costa-Rica. Plus récemment, et par analogie, on entend aussi cosraricain.

**Panaméen : de ou du Panama. On dit aussi panamien.

***Guatémalrèque : de ou du Guatemala, d’après l’espagnol. On écrit aussi guarémalien.

****Aux élections présidentielles guatémaltéques du 3 novembre 1985, M. Vinicio Cerezo Arévalo a été élu président de la République de Guatemala. Il prendra ses fonctions le 14 janvier 1986.

 

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