02/08/2025

Taiwan Today

Taiwan aujourd'hui

Des jeux et des drapeaux

01/08/2012
Quarante-quatre athlètes taiwanais sont à Londres pour prendre part aux Jeux olympiques d’été qui s’y déroulent jusqu’au 12 août. Même si la République de Chine a déjà derrière elle une longue histoire avec l’olympisme, puisque sa première participation remonte à 1932, sa présence aux Jeux olympiques mérite à chaque fois d’être saluée, parce qu’elle ne semble jamais aller de soi. Les athlètes taiwanais, dont la délégation défile au même titre que celles des autres nations, doivent à chaque fois faire preuve d’un courage supplémentaire face à la privation de reconnaissance internationale dont ils font toujours l’objet.

En effet, depuis le départ de la République de Chine de l’Organisation des Nations unies en 1971, elle est condamnée à n’être représentée sur la scène sportive internationale que par une appellation conçue pour ne pas être clairement comprise, et qui évoque l’éternel fil à la patte que représente le dilemme souverainiste qui pèse sur le destin de Taiwan : Taipei chinois. La bannière sous laquelle doivent concourir les athlètes taiwanais est un drapeau blanc quasi anonyme frappé des cinq anneaux de l’olympisme, mais tout de même orné du soleil blanc du Kuomintang, tandis que c’est l’hymne du Comité olympique du Taipei chinois, et non pas l’hymne national, qui est joué dans l’enceinte du stade en cas de victoire. Quant aux drapeaux de la République de Chine, ils sont tout simplement interdits dans les gradins. Ce règlement inique est l’objet de l’accord conclu avec le Comité international olympique et le Comité chinois olympique après que Taipei, contraint et blessé, eut boycotté les Jeux olympiques d’hiver et d’été de 1980. Déjà, en 1976 aux Jeux de Montréal, se produisait une injustice en totale contradiction avec l’esprit de Pierre de Coubertin : la délégation de la République de Chine se voyait refuser l’accès aux stades. Il aura fallu attendre les Jeux de Los Angeles en 1984 pour revoir les sportifs taiwanais dans l’arène olympique. Pour les commentateurs sportifs éloignés des arguties rhétoriques du conflit de souveraineté, l’appellation Taipei chinois est souvent source de confusion. Et cette année, l’affaire du drapeau taiwanais accroché dans une rue de Londres aux côtés de quelque deux cents autres, puis retiré sous la pression de Pékin, a une fois de plus rappelé la difficulté du statut international de cette république insulaire reconnue par une poignée d’Etats, et la chape de plomb qui reste fermement maintenue sur chaque expression de sa fierté nationale sur la scène internationale.

En cet été olympique, il faut donc rendre un hommage particulier à ces athlètes taiwanais qui sont niés dans leur identité nationale par un conflit qui les dépasse, malgré leurs performances, malgré la dignité de leur participation à des compétitions qui sont censées honorer le principe universaliste de l’olympisme. Il est malheureusement inutile de rappeler encore une fois la relation incestueuse trop souvent entretenue par la politique et le sport, et dont Taiwan est une victime.

Et en insistant sur la dignité des athlètes taiwanais, il faut également évoquer le soutien indéfectible que leur apportent les supporters taiwanais. S’il s’agit bien là de la manifestation d’une fierté nationale, elle se décline avec humour et élégance en ce moment dans les rues de Londres, avec ces dizaines de drapeaux taiwanais brandis au mépris des restrictions protocolaires et qui se moquent, avec la force de la liberté, des contraintes diplomatiques. Tous ces athlètes et leurs supporters réaffirment chaque jour au monde entier réuni dans la capitale britannique le crédo taiwanais : « Existons par notre excellence ». Reste maintenant à savoir si la moisson de médailles sera à la hauteur.

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