11/08/2025

Taiwan Today

Taiwan aujourd'hui

Rassemblement des dieux de la Terre

01/09/1989
Onze dieux de la Terre sont réunis dans le même temple.
Tou-ti Kong [土地公], le dieu de la Terre, n'a pas une grande place dans le panthéon de la Chine, mais c'est une des divinités les plus chères au cœur des Chinois. On rencontre partout dans la campagne ses petits temples, protégeant les environs. Parfois, non loin de lui, ce vieillard aimable, est sa compagne qui loge dans un temple annexe plus petit. Mais, ces dernières années, dans les régions montagneuses notamment, plusieurs dieux de la Terre se sont retrouvés hébergés tous ensemble dans le même temple de Tou-ti Kong. Ainsi, au village de Takeng, près de Kongkouan [Kungkuan] (hsien de Miaoli), onze dieux et divinités de la Terre sont venus cohabiter au temple Fou-te [福德] (de la Fortune et de la Vertu) de Neï-heng-kang. Qu'a donc poussé tous ces dieux de la Terre à quitter leur demeure pour se serrer dans ces nouveaux dortoirs?

M. Chang Ah-hsiu a décidé de s'installer au village de Takeng à cause de son fong-choueï [風水], c'est-à-dire la topographie qui lui est favorable conformément à la géomancie traditionnelle chinoise. De fait après son mariage, il eut cinq fils l'un après l'autre, qui grandirent, se marièrent, s'établirent dans le voisinage et eurent à leur tour beaucoup d'enfants.

Les temples sont parfois très petits à ras du sol pour être plus près de la divinité.

 

Il y a sept ou huit ans le plus jeune s'installa à Miaoli à la tête d'une entreprise de plomberie. Peu après, l'aîné et le second en firent autant. Le troisième eut quatre fils. Et seul le quatrième est resté à la maison, tous les autres ayant fait leur vie ailleurs.

Ce n'est pas un exemple isolé. Il y a eu un exode très important des régions montagneuses ces dernières années, explique M. Yang Tseng-ping, maire de Takeng, en précisant que moins de vingt foyers sur la centaine que comptait le village y sont restés.

Cette émigration signifie que les dieux de la Terre, ceux qui sont chargés de veiller sur la population et ses biens, n'ont plus grand monde à protéger. Dans le même temps, leurs temples autrefois propres et soignés ont été pillés, ruinés et même envahis par la végétation. Navrés de cet abandon, les villageois des anciennes montagnes ont eu l'idée de réunir ces dieux délaissés sous un même toit et de leur rendre un culte collectif.

Dans ce village, le temple Fou-te de Neï-heng-kang a recueilli onze dieux de la Terre pour ce culte collectif. Pour le confort des dieux, les villageois ont restauré le temple, ils l'ont agrandi et renforcé, si bien que les dieux ne sont pas seulement protégés des éléments, mais ils sont aussi en mesure de recevoir plus dignement l'hommage de leurs fidèles, même lors d'un culte collectif.

Un récipient contenant la tablette commémorative de la divinité reçoit les bâtonnets d'encens des fidèles.

De plus, les temples Fou-te de Kiao-teou et Fou-te de Waï-heng-kang se sont dédiés respectivement de trois et sept dieux de la Terre. Au temple Fou-te de Waï-heng-kang abrite aux côté des dieux de la Terre le Général conquérant des Vagues, ou Fou-po Tsiang-kiun [伏波將軍], et la Mère des pierres, ou Che-mou Niang-niang [石母娘娘]. Le Général Fou-po est la déification de Ma Yuan, un grand homme de guerre de la dynastie de Han.

Le temple Fou-te de Ta-keng-keou est dédié à Tou-ti Kong. C'est un temple privé appartenant au clan des Li. Le temple originel se trouvait à environ cent mètres plus au nord de l'actuel, entièrement rebâti en 1977.

Quoique privé, rien ne distingue en fait ce temple des autres de Tou-ti Kong, dieu de la Terre. Beaucoup de fidèles appartenant à diverses familles y prient et y apportent leurs offrandes, dit M. Li Hua-man, ancien député du village qui céda le terrain pour ce temple.

Les dieux de la Terre au temple Fou-te de Choueï-teou sont quant à eux chargés de veiller sur la bonne irrigations des rizières. Sur chacun des deux linteaux de la porte d'entrée, deux vers gravés de haut en bas rappellent aux fidèles que le bon grain provient d'une excellente irrigation pendant que la prière lui apportent la bénédiction du ciel. Il s'agit là de la mission dieu de la Terre qui correspond bien au mot populaire hakka disant qu'il « ouvre ou ferme le robinet d'eau ».

Tandis qu'une vieille dame brûle de la monnaie votive au dieu, d'autres fidèles prient la divinité devant son autel.

On se doute que d'autres dieux de la Terre ne tarderont pas à s'installer. Avec leurs nouveaux collègues, disent les fidèles, les dieux de la Terre seront encore plus efficaces!

Photographies de Chang Liang-kang.

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