13/05/2025

Taiwan Today

Taiwan aujourd'hui

Pour le respect de l’art chinois

01/11/1990
Lors de son exposition solo, Au Ho-nien émerveille de son pinceau ses visiteurs.

Cette année du 8 juin au 2 septembre, M. Au Ho-nien a tenu une exposition solo au musée Cernuschi à Paris et, dans une tournée, a exposé aux Pay-Bas, en Grande-Bretagne, en Allmagne et en Autriche, dans le but de présenter un aspect contemporain de la peinture chinoise traditionnelle. Sur place, les dilettantes ont même pu le voir tenir le pinceau et découvrir ses techniques artistiques.

La rédation

Les connaisseurs de la réputation d’Au Ho-nien dans le monde de l’art sont invariablement surpris lors d’une première rencontre : « Comment peut-il être si jeune ? »

Dans la cinquantaine, Au Ho-nien*a été porté aux nues par le peintre et critique d’art, Ch’u Ko, comme le quatrième maître de l’école de Ling-nan, de la peinture chinoise, derrière Kao Kien-fou [ 高劍父 ], Kao Ki-fong [ 高奇峰 ], Tchao Chao-ang [ 趙少昂 ]. Et après avoir tenu des exposition solo un peu partout dans le monde, au Japon, en Corée du Sud, aux Etats-Unis, au Cananda, dans le Sud-Est asiatique et en Afrique du Sud, c’est un peinture chinois des plus mondialement connus.

Malgré sa réputation établie, Au Ho-nien demeure serein et modeste dans son comportement. Il accueille toujours avec un sourire l’attribution de titres présomptueux, tel que « grand maître », « héritier de l’école de Ling-nan » : « L’art est un empire vaste et ouvert où chaque artiste possède son propre monde créateur. Pourquoi vouloir s’enorgueillir de titres et de distinctions ? » Et d’ajouter sous le coup de l’émotion ressentie du succès de ses nombreuses expositions à l’étranger : « Il ne faut pas parler de réussite ou d’échec, car il n’y a aucune norme dans l’art... »

Neige dans la montagne (1982).

Issu d’une riche famille de la province du Hounan, Au Ho-nien fut entouré dès son enfance par une riche collection de peintures et de calligraphies. Sa famille avait pris le soin jaloux de lui prendre comme précepteur des artistes réputés. Les domaines immenses de la propriété familiale lui fournirent l’espace pour l’émerveillement, le rêve et l’observation des multiples aspects de la nature.

Le thème principal de ses peintures est le monde naturel. Les paysages, les plantes et les animaux sont des sujets favoris, et le zoo municipal de Taïpei ou la côte septentrionale de Taïwan sont des lieux qui’il hante volontiers.

Au Ho-nien a des méthodes différentes de peinture. Quant il voyage avec des amis, il emmène ses fusains ou un esquisse de ce qu’il aura vu. C’est l’occasion de pratiquer son pouvoir d’observation et de son coup-d’oeil agressif.

Malgré les piles de dessins ainsi esquissés, il n’a généralement ni le temps ni le besoins de les consulter à nouveau lorsqu’il se met à peindre. Ce sont tous déjà des négatifs emmagasinés dans sa mémoire. Se les rappelant dans son subconscient, ils cessent d’être de simples cartes postales. C’est justement dans cet appel, croit M. Ch’u Ko, que se transforment les dessins d’Au Ho-nien en un paysage évocateur exprimant l’idéal ancien des « vallées et collines dans le coeur de l’artiste ».

L’autre méthode du dessin est de s’éloigner de toutes les limites et des contraintes du temps et de l’espace. Il emballe quelques pinceaux, de l’encre, du papier de riz et une nappe et se retire dans la campagne comme un ermite pendant plusieurs jours pour effectuer des dessins sérieux de cette nature même qui l’entoure grâce à une observation minutieuse que raffine sa technique toute personnelle. Chaque fois qu’on regarde un objet, il présente un visage différent, dit-il. C’est une rude épreuve qu’on ne peut négliger.

Rapporter la vie est extêmement important, mais ce n’est que la demi-étape du succès. L’autre moitié se façonne à l’atelier ou dans la composition avec l’addition de structures et la pose des détails. Cela peut prendre plusieurs mois avant qu’une peinture ne soit réellement achevée.

Au Ho-nien au milieu d'admirateurs lors de son exposition solo au musée Cernuschi.

Les peintures d’Au Ho-nien sont toujours remarquées pour la liberté de leur audace et leur vigueur. L’esquisse rapide au pinceau sur le papier quand l’inspiration arrive est un moyen pour disposer les sujets et la dynamique du tableau. Elle sera ultérieurment souvent corrigée en fonction de l’expérience et de la formule de son « paradigme » de la pienture. Les oeuvres dont il est le plus satisfait sont toutes passées par ce mode personnel de peinture. « Si l’on me demandait de ralentir ou, au contraire, d’accélérer une oeuvre, je crains ne pouvoir donner satisfaction à ces conseils, » explique-t-il placidement.

Au Ho-nien croit que les idées confucéennes de vertu et de morailité et celles taoïques de vacuité, de clarté et de simplicité ont bien sûr eu une profonde et longue influence sur la tradition de la peinture chinoise. Il rappelle que, lors d’une rencontre avec le peintre de Chine continentale Fang Tseng en juin 1988 à Hongkong, ils avaient conversé sur les grandes lignes des peintres occidentaux, comme Picasso ou Matisse, qui s’étaient écarté des traditions héritées, alors que les peintres chinois en avaient au contraire subi un fort impact. On peut justement dire que certains tracés des lignes chez des peintres, tel que Kou K’aï-tche [ 顧愷之 ], Wou Tao-tseu [ 吳道子 ], et la ressemblance avec une certaine école revient directement à un Jen Po-nien [ 任伯年 ] des temps modernes. Ajoutons à cela les maniérismes personnels du peintre pour obtenir un style et exprimer sa personnalité.

Au Ho-nien et son épouse posant avec Mme Marie, Thérèse Bobot, conservatrice du musée Cernuschi, et M. Francois Yin, directeur de l'Information à l'A.S.P.E.C.T. à Paris, et son épouse.

Bien sûr, une riche tradition peut également fournir des formules toutes prêtes, des clichés qu’un artiste paresseux utilisera sans y apporter de fraîches idées. C’est pourquoi, en plus de la tradition, Au Ho-nien s’est efforcé de s’imprégner de la puissance de la peinture occidentale.

Les techniques occidentales, comme la distance, la perspective, l’usage des couleurs et des nuances, exigent toutes un fondement pour esquisser la vie, dit Au Ho-nien qui ajoute que l’élargissement de sa vision en tentant de la situer à l’observateur, et l’introduction de paysages et marques du monde monderne dans sa peinture est un but second qu’il s’efforce toujours de respecter.

En faitle maître de l’école de Ling-nan, Kao Kien-fou, qui a peint des personnages d’allure contemporaines, des avions, des automobiles, des poteux télégraphiques et le mode du temps, avec une synthèse de et de l’Occident, de l’ancien et du moderne, est bien un des principes esthétique de cette école.

M. Lee Chi-mao qui a étudié à cette école de Ling-nan fait remarquer que, de même que Kao Kien-fou, Kao K’i-fong et Chen Sou-jen avaient été actifs dans chinoise, l’esprit de cette école de lutter pour un constant renouvellement est justement une des raisons de sa vigueur soutenue.

Tchong Kouei; chapeur de fantômes (1981).

« La voie de la peinture chinoise ne passe ni par une totale occidentalisation ni un complet retour à l’antiquité, » conclut Au Ho-nien qui a exposé ses oeuvres dans plusieurs musées de grande renommée mondiale. « Seules les peintures qui savent combiner l’identité chinoise et l’esprit de tradition avec une touche pour les temps qui courent pourront gagner le repect et l’honneur dans la peinture chinoise. » ■

* Au Ho-nien, est l’orthographe latine préférée de l’artiste. Selon la prononciation pékinoise, il convient d’écrire Eou Hao-nien (système français) ou bien Ou Hao-nien (système anglo-américain), se prononçant Oô Hrao-niène. L’ancienne formule française écrirait le patronyme Ngeou où le groupe initial ng n’a aucune valeur ni raison d’être dans le présent.

Cavalcade (1987).

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