16/05/2025

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Jumping Boy, retour vers l’enfance

01/08/2012
Le petit Ka rencontrera-t-il le culbuto du conte ailleurs que dans ses rêves ?
En 2008, Lin Fu-ching signait le scénario de Pongso No Tao, une romance réalisée par Wang Jin-kue [王金貴] dans laquelle deux déracinés trouvent, sur l’île des Orchidées, patrie des aborigènes Tao, un point de chute, un endroit accueillant où se reconstruire et laisser libre court à leurs aspirations profondes. Pour Jumping Boy [不倒翁的奇幻旅程], le scénariste passe en plus derrière la caméra et prend la posture du conteur.

L’histoire s’y prête. Tian Bian, un auteur réputé de livres pour enfants, interprété avec retenue et justesse par Chin Shih-chieh [金士傑], doit s’acquitter d’une dette : l’histoire qui l’a rendu célèbre, celle d’un culbuto qui rêvait de s’allonger pour se reposer un peu, n’est pas née de son imagination. Elle a vu le jour dans la tête d’un ami de son fils qui, il y a des années, jouait sous sa fenêtre et dont l’auteur s’est inspiré. Mais si cet « emprunt » a apporté à Tian Bian le succès, il lui a fait perdre la confiance de son fils qui était jusqu’ici son premier public.

Des années plus tard, séparé de son épouse partie vivre aux Etats-Unis avec leur fils, Tian Bian se lance à la recherche du petit garçon à qui il a volé l’histoire du culbuto. Ce dernier reste introuvable mais, en cours de route, l’auteur vieillissant se lie d’amitié avec Ka, un garçonnet rendu infirme par un cancer des os et à qui les médecins ont promis qu’il finirait, à force de sauter sur son unique jambe, par rencontrer ce fameux culbuto. Tous deux affronteront bien des désillusions mais retrouveront le chemin des contes et des histoires rêvées.

Les séquences animées donnent au spectateur l’impression d’être lui-même dans un conte pour enfants.

Une fois ce cadre posé, l’intrigue passe en effet au second plan et Lin Fu-ching se plaît à décrire la vie simple et croquignolette d’un petit village de montagne et le bonheur de Tian Bian à mesure qu’il retrouve une raison d’être – faire rêver les enfants. On regrettera des transitions hasardeuses entre les scènes et un scénario étiré à l’extrême mais le film parvient cependant à captiver grâce à son atmosphère résolument ancrée dans l’univers du conte. De ce point de vue, les décors naturels de Zuozhen, aux alentours de Tainan, où se dévoile toute la diversité géologique de Taiwan, fournissent un cadre fantastique, presque irréel, à ce long métrage.

Surtout, l’une des originalités de Jumping Boy est de mêler au récit filmé cinq scènes animées réalisées par Jack Shih [史明輝] et son équipe d’étudiants. Chaque dessin animé a son style propre et vient subtilement conforter la dimension onirique du long métrage, les scènes animées se mariant remarquablement bien avec le reste de la pellicule. On peut ainsi admirer, à travers ces séquences, la virtuosité du secteur taiwanais de l’animation, habitué des travaux en sous-traitance pour Hollywood et qui trouve ici un espace d’expression bienvenu. Film familial, Jumping Boy fait oublier ses imperfections grâce au regard d’enfant qu’il nous invite à adopter.

Sorti sur les écrans au mois d’avril dernier, il sera de nouveau présenté en août et septembre lors d’une tournée dans l’île.

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