02/08/2025

Taiwan Today

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Noble bambou

01/09/2000
« J’utilise beaucoup les fonds noirs : cela me permet de souligner la beauté de la plante. J’ai emprunté cette technique aux photographes japonais. »

« J’ai réellement fait connaissance avec le bambou lorsque j’avais huit ans », commence Eugene Yeh, écrivain et photographe, en s’absorbant dans le cérémonial complexe de la préparation du thé oolong. Dans les yeux de cet amateur des arts de soixante-neuf ans semblent se refléter de lointains souvenirs, image par image.

« C’était en 1939, et Taïwan était encore une colonie japonaise. J’étais à l’école primaire. Nous vivions dans un vieux quartier commerçant très animé, juste derrière la gare de Taïpei, qui est encore aujourd’hui très vivant bien qu’un peu désuet. Mon père tenait une pharmacie. L’école était finie, et par un beau jour d’été ma mère m’a emmené voir sa mère et son frère. Ils vivaient dans ce qui était à l’époque un village de campagne éloigné, près de Panchiao [aujourd’hui une banlieue trépidante, au sud de la capitale]. Nous avons pris le train pour Panchiao, maman et moi. Le voyage durait environ une demi-heure. Lorsque nous sommes descendus du train, nous avons dû marcher pendant deux heures pour arriver chez ma grand-mère.

« Derrière sa maison, il y avait un bosquet de bambous. J’entendais les stridulations des criquets et les chants des oiseaux, je voyais le soleil éclabousser les champs à travers le feuillage. L’air était très frais. Je sentais la brise jouer sur mon visage et mon corps, comme si elle voulait me garder là pour toujours. Et, apportée par la brise, il y avait l’extraordinaire fragrance du bambou. Je la sens encore, après toutes ces années… Je suppose que j’ai eu le coup de foudre pour cet endroit. »

Eugene Yeh s’interrompt, le temps de jeter une pincée de feuilles de thé dans la théière et de remplir celle-ci d’eau bouillante, avec les gestes très sûrs d’un expert. « Après ce premier voyage, je suis retourné chez ma grand-mère tous les étés, à chaque fois pour y passer toutes les vacances, se souvient-il. Je prenais le train, ensuite je marchais pendant deux heures jusque chez ma grand-mère. Impossible d’imaginer laisser un enfant faire ça aujourd’hui, c’est trop dangereux.

« Je ne comprends toujours pas pourquoi j’étais le seul de ma famille à aimer autant la campagne et la vie à la ferme. Mes frères — j’en ai deux — n’y trouvaient aucun intérêt. En fait, nous étions des gosses de la ville. Au départ, ma grand-mère se demandait elle aussi pourquoi j’aimais tant la campagne. "Mais qu’est-ce qu’il veut, ce gamin ? Je n’ai rien à lui offrir !" Ensuite elle s’est mise à suspecter que ma mère ne m’aimait pas tellement et ne voulait pas que je reste à la maison. Alors qu’en réalité j’étais son préféré. C’est même pour ça qu’elle me laissait vagabonder à mon aise. »

Le vieux photographe pouffe en versant le thé dans de petites tasses, et j’en profite pour parcourir du regard le living-room paisible et douillet de son appartement, ancien mais élégant, situé au cœur de Taïpei. Mes yeux s’arrêtent quelques secondes sur la lampe qui orne le coin de la pièce, avec son abat-jour triangulaire en papier, les « libellules » en bambou parsemées ça et là, le luminaire circulaire qui pend du plafond. Des lampes partout… Je réalise avec étonnement que ces sources de lumière, bien que différentes par l’apparence et la fonction, ont un trait en commun : elles sont toutes en bambou.

Eugene Yeh reprend son monologue. « Je ne faisais pas grand-chose, chez ma grand-mère, je restais juste avec mon oncle, sa femme, et les voisins qui venaient aider pendant la moisson. J’adorais être avec mon oncle. Il m’apprenait à tailler le bambou pour faire des "libellules", des pistolets à eau, des cerfs-volants, des chevaux… Il nous fabriquait aussi des éventails en bambou pour que nous puissions nous rafraîchir. Ces étés auraient été insupportables sans les éventails de mon oncle. J’aimais m’allonger sur le dos pour regarder le ciel bleu loin au-dessus de ma tête, avec la senteur puissante du bambou parfumant l’air, tandis que les paysans dans les rizières papotaient en travaillant… C’était beau… »

Eugene Yeh se tait quelques instants, plongé dans ses souvenirs. Lentement, ses yeux reprennent enfin leur éclat. « Il y avait autre chose qui m’appelait à abandonner les charmes de la ville pour retourner encore et toujours à la campagne : la cuisine de ma grand-mère. Elle cuisait le riz à la vapeur dans un récipient en bambou, c’était délicieux. A chaque fois qu’elle en préparait, l’air était chargé de cette merveilleuse odeur qui s’échappait de la casserole. Elle servait le riz avec une salade et une soupe préparées avec des pousses de bambou. Juillet et août sont les meilleurs mois pour la récolte des pousses de bambou, à Taïwan. Elles sont si savoureuses, elles fondent sur la langue. J’en ai l’eau à la bouche rien que d’y penser. »

Le photographe éclate d’un rire communicatif, et moi aussi je sens presque le goût de cette nourriture ambrosiaque.

« J’ai continué à y passer l’été, même pendant mes années de collège. Il faut dire qu’à cette époque, les lycéens n’étaient pas soumis à la pression comme aujourd’hui. Les Japonais venaient de quitter Taïwan, et nous avons déménagé, pour nous éloigner du tourbillon du quartier de la gare. » Le vieil homme savoure son thé avec satisfaction. « C’est lorsque je suis entré au collège que j’ai découvert que j’avais un certain talent artistique. Au lycée, je me suis mis à envisager d’étudier les beaux-arts. Mais mon père voulait que ses fils deviennent des docteurs ou quelque chose du même genre. Ce ne fut donc pas une surprise lorsqu’il s’opposa à ce que j’étudie les beaux-arts, sans parler de devenir artiste. Je me suis retrouvé au Tamkang English College [devenu depuis l’université de Tamkang], dans la section d’anglais. Mais je suis parti au bout d’un an et demi. Contre la volonté de mon père, je me suis alors présenté à l’examen d’entrée de la faculté des beaux-arts de l’Université nationale normale de Taïwan (NTNU), et j’ai été admis.


Noble bambou

« Ce n’est pas le côté botanique du bambou qui m’intéresse le plus, mais j’essaie de le représenter dans ses différentes phases de développement. »

« A cette époque, j’ai commencé à aller de moins en moins souvent chez ma grand-mère, et finalement je n’y suis plus allé du tout. Pourquoi, je ne saurais dire exactement. Je suppose que j’avais trouvé de nouveaux centres d’intérêt. Ce qui arrive en général en devenant adulte. »

L’histoire d’amour entre le jeune Yeh et le bambou s’était éteinte, semble-t-il. En 1957, après avoir obtenu son diplôme, à l’âge quelque peu avancé de vingt-six ans, Yeh a fait son « entrée dans le monde », dit-il, et entrepris d’acquérir ce que la « société » considère comme les attributs d’une vie d’adulte accompli. Il se maria, eut trois enfants et, au fil du temps, connut un ou deux revirements de carrière assez inhabituels.

Il commença par enseigner le dessin dans un lycée, mais par un coup de chance, au bout d’une année on lui offrit de travailler pour l’USIS, le Service d’information des Etats-Unis, à Taïpei, comme concepteur graphique des documents publiés par cette agence. « Le salaire mensuel était quatre fois plus élevé que celui que je recevais en tant que professeur », dit-il, manifestement encore tout au bonheur de ce souvenir d’il y a quarante ans.

Yeh passerait les dix années suivantes à l’USIS. Vers la fin de l’année 1968, il fut encore une fois obligé de changer son fusil d’épaule, lorsque l’agence fut restructurée. Par chance, on venait juste de lui proposer un emploi de rédacteur-photographe au Bureau du tourisme de Taïwan, pour les documents publiés par cette agence gouvernementale en anglais et en japonais. Il a occupé ce poste pendant vingt-huit ans. Puis, lorsqu’il a pris sa retraite en 1996, le magazine Travel in Taiwan, un mensuel en anglais publié par le Bureau du tourisme, lui a offert un poste de conseiller, poste qu’il occupe encore aujourd’hui.

Toutes ces années, il arrivait à Yeh de percevoir les échos du passé, en particulier ceux des heures bénies où il paressait dans les bosquets de bambous de sa grand-mère. Ces échos — agréables intrus qui envahissaient son esprit — se faisaient par exemple entendre à chaque fois qu’il se rendait à Hsitou. Cette région montagneuse du centre de Taïwan est réputée pour sa végétation luxuriante et ses magnifiques forêts de bambous, et Yeh y était parfois envoyé en reportage-photo pour le Bureau du tourisme. Mais les émotions de l’enfance ne lui étaient pas revenues — jusqu’à ce qu’il se rende au Japon, il y a trois ans.

Yeh verse de l’eau bouillante sur le couvercle de la théière et fouille dans sa mémoire à la recherche de ce voyage capital. « Je suis allé au Japon parce que j’avais, depuis quelque temps déjà, un intérêt particulier pour l’art du thé japonais, et que je souhaitais approfondir mes connaissances sur le sujet. Au Japon, dans les maisons de thé, le bambou est très présent, c’est un élément traditionnel du décor. C’est ainsi que j’ai redécouvert la beauté du bambou, que j’avais oubliée pendant si longtemps.

« Cela m’a donné l’idée de chercher des livres sur le bambou. J’en ai trouvé de vraiment très bons et ai été frappé par la qualité des photos qu’ils renfermaient. » Pour appuyer ses dires, le photographe me montre quelques-uns des ouvrages qu’il a ramenés du Japon, sélectionnant quelques clichés. « A ce moment-là, j’ai réalisé qu’il était difficile de trouver ce genre d’ouvrages à Taïwan. C’est là que l’idée de photographier les bambous de Taïwan s’est mise à germer dans ma tête. »

Après ce voyage, Yeh commença à penser à sa retraite. Il voulait rester actif et finit par se convaincre que l’idée qui lui était venue lors de son séjour au Japon était réalisable. « Personne ne photographiait les bambous, à cette époque-là, explique-t-il. Il y avait des tas de gens qui photographiaient les lotus et les nénuphars, mais les bambous, non. Je serais donc le premier, à Taïwan, à photographier les bambous. C’est un thème très chinois. Depuis des temps très anciens, le bambou est le sujet de discussions, d’essais, de chants, il a été peint et décrit par d’innombrables lettrés, poètes et artistes. C’est devenu un symbole très profond de la culture chinoise, un signe de grâce, d’humilité, de noblesse et de détermination. En tant que Chinois, il me semblait que le bambou "m’appartenait". Et puis, lorsque j’étais étudiant aux beaux-arts, j’en avais peint à l’encre de Chine. Alors ça n’était pas comme si le bambou m’était totalement étranger. »

Depuis lors, Yeh promène son objectif à travers l’île à la recherche du noble végétal. Il se rend dans des endroits aussi divers que Ta-an Forest Park, en plein centre de Taïpei, et les denses forêts qui recouvrent les hautes montagnes de la moitié orientale de l’île. Yeh aime voyager seul, comme lorsqu’il était enfant et qu’il se rendait à la ferme de sa grand-mère pour l’été. Mais il y a une différence : « Ces reportages photo étaient très coûteux, à cause des frais de transport. Je n’avais plus envie de conduire, alors j’utilisais les modes de transport disponibles. Lorsque je voulais me rendre dans des endroits retirés dans la campagne ou les régions montagneuses, je n’avais pas le choix, je devais prendre un taxi, lui demander de m’amener là-bas, de m’attendre et ensuite de me ramener à la civilisation. »


Noble bambou

« En général, les gens ne font pas attention aux détails lorsqu’ils regardent les bambous. Mais pour moi, chaque élément est intéressant et beau. »

Yeh quitte son siège. « Venez, je vais vous montrer mon travail. » Nous sortons du salon pour atteindre une petite pièce occupée en grande partie par un bureau, autour duquel nous prenons place l’un et l’autre, et Yeh installe un diaporama. Les diapos dévoilent le bambou sous toutes les formes imaginables : racines fermement accrochées aux anneaux, à la base du chaume (tronc), feuilles engainantes enveloppant le chaume de diverses et complexes façons, chaumes nus présentant d’intéressants motifs et coloris, feuilles à tous les stades de leur croissance, fleurs baignées de soleil, chaumes à la texture particulière, et cetera.

« Lorsque je photographie le bambou, j’essaie toujours de me concentrer sur la beauté pure et simple de ce végétal, explique Yeh. Ses formes, les couleurs, comment il se présente contre un ciel bleu, sous la pluie, au soleil lorsqu’il est en fleur… Voyez celui-là ? L’ombre des feuilles a cet aspect que l’on trouve souvent dans la peinture à l’encre chinoise. J’ai découvert dans mes lectures que les peintres chinois d’autrefois glissaient une feuille de papier sous les feuilles de bambou pour en piéger l’ombre portée. C’est comme cela qu’ils parvenaient à capturer la vivacité du feuillage. »

Le photographe passe à une autre diapo, des anneaux pris en gros plan sur un fond noir. Cette composition très simple, avec ses lignes épaisses mais pures, produit un effet minimaliste, presque zen. « En général, les gens ne font pas attention aux détails. Mais pour moi, chaque élément est intéressant et beau. Vous avez peut-être remarqué que j’utilise beaucoup les fonds noirs : cela me permet de souligner la beauté de la plante. J’ai emprunté cette technique aux photographes japonais, pour faire ressortir l’image d’élégance, de résistance, de tranquillité que nous, les Chinois, avons du bambou. »

Je remarque quelques clichés qui ne semblent guère présenter de ressemblances avec le sujet, mais sont plutôt des images de constructions géométriques, ou des motifs abstraits à la texture duveteuse. Au bout d’un moment, je finis par réaliser qu’il s’agit de gros plans très détaillés de chaumes pris à l’aide de lentilles micro. Voyant mon étonnement, le photographe me fournit quelques explications.

« Au bout d’un moment, je me suis lassé des photos réalistes, et je me suis mis à chercher d’autres effets visuels, en utilisant des lentilles spéciales. Avant même que je ne m’en aperçoive, j’avais accumulé un monceau de clichés dont personne n’aurait réalisé, au premier coup d’œil, qu’ils avaient quoi que ce soit à voir avec le bambou. Je me suis pris d’intérêt pour ce que les gens voyaient dans ces photos. Un trait de pinceau de calligraphe chinois ? Un morceau de pelage de tigre ? Ou un objet en bronze d’une époque révolue ? »

A en juger par ces propos et ces clichés, mon hôte en sait énormément sur le bambou, à l’évidence. « Ce n’est pas tellement le côté botanique de la plante qui m’intéresse, dit-il avec un sourire, mais j’essaie de la représenter dans ses différentes phases de développement. Je l’ai étudiée avec tant de soin ces dernières années que j’en connais pratiquement toutes les variétés. Aussi, quand je tombe sur quelque chose d’inhabituel dans le monde du bambou, je le remarque tout de suite. »

Après s’être concentré sur le bambou pendant près d’une année, Yeh sentit le besoin de publier un album de photos comme ceux qui avaient déclenché son intérêt au Japon. Il joignit le geste à la parole en s’embarquant immédiatement dans un grand projet de recherche sur la question. Il dévora les livres consacrés à la plante, certains empruntés aux bibliothèques, d’autres importés du Japon, d’autres encore envoyés de l’étranger par des amis qui souhaitaient lui apporter leur aide. Il rendit visite à des botanistes, s’entretint avec des fermiers expérimentés… « Je n’ai jamais étudié ni travaillé aussi dur de toute ma vie. Je voulais laisser quelque chose derrière moi lorsque mon heure viendra. »

La conversation reprend tandis que Yeh me raccompagne vers le salon. « Je ne m’étais jamais imaginé qu’il y avait autant de sortes de bambous, ni combien elles différaient en termes de climat, de dispersion géographique et de culture. En Asie de l’Ouest, par exemple, le bambou est considéré comme une plante ornementale, tandis qu’à l’Est, les Japonais utilisent les feuilles engainantes, qui sont fibreuses et résistantes, pour en faire des sandales ou pour emballer des cadeaux. A Taïwan, nous les utilisons pour envelopper les pâtés de riz glutineux. En fait, nous exploitons toutes les parties de la plante. Nous avons même imaginé plusieurs recettes pour en faire un aliment comestible. On pourrait très bien composer un banquet dont tous les plats seraient à base de bambou, comme le faisait ma grand-mère autrefois.

« A Taïwan nous avons la chance de pouvoir manger du bambou frais toute l’année. La saison du bambou géant de Taïwan s’étend de juin à août. Très bon pour la soupe. De novembre à janvier, c’est le moment du bambou moso, qu’on appelle aussi le bambou d’hiver, l’une des variétés les plus populaires à Taïwan. Sa texture est très fine, c’est donc le plus cher. Ensuite, en mars-avril, il y a le bambou de printemps, qui est en fait du bambou moso récolté au printemps, et le bambou makino, dont la saison s’étend du mois de mars au début du mois de mai. Le bambou Oldham est en général récolté en été, à la même période que le bambou géant. Il est tendre et sucré, parfait pour les salades. »

A cet instant, mes sensations kaléidoscopiques finissent par fusionner, et je réalise que je suis complètement immergée dans un univers de bambou. Tout ce que j’entends, vois, sens ou saisis entre mes mains est d’une façon ou d’une autre lié à cette plante. Je regarde autour de moi, et vois soudain ce qui m’entoure sous une autre lumière. « Vous avez fabriqué tous ces objets vous-même, n’est-ce pas ? »

Le visage du photographe s’illumine d’un large sourire. « Oui, j’ai fait la plupart de ces choses moi-même. En fait c’est très facile, pour peu qu’on ait des idées. Evidemment, ma formation artistique y est pour quelque chose. J’ai utilisé du bambou de récupération. J’ai réalisé lorsque j’étais enfant que le bambou était très largement utilisé dans la vie quotidienne, du mobilier aux outils de la ferme, en passant par les paniers, les ustensiles de cuisine, les cages, les clôtures, les treillages et les conduites d’irrigation. Aucune partie de la plante n’était gaspillée. Mais de nos jours, les gens n’ont pas le temps, ou le matériel, ou le savoir-faire. Je vais à Miaoli [dans le centre de Taïwan] tous les mardis, pour étudier la sculpture sur bambou avec un maître artisan. J’essaie de mener une vie "moderne", mais à la manière des gens d’autrefois. »

Récemment, The Earth, un magazine taïwanais en langue chinoise proche par son contenu et son style de National Geographic, a exprimé le désir de publier le livre d’Eugene Yeh, qui verra le jour à la fin de l’année. L’auteur est très honoré, excité, et un peu nerveux. Comme il veut que l’ouvrage soit parfait, il s’est transformé en une sorte d’homme de lettres de la Renaissance. Non content d’avoir réalisé les photographies, il a voulu écrire les textes et dessiner les illustrations lui-même. Sa formation artistique universitaire, à laquelle s’ajoutent vingt-huit années d’expérience pratique acquise au Bureau du tourisme, ont porté des fruits splendides, quoique inattendus.

Se retournant sur son passé, et sur cette première rencontre inoubliable avec le bambou, dans l’arrière-cour de la maison de sa grand-mère, Yeh ne peut s’empêcher de se sentir béni des dieux. Il lui semble que chaque pas qu’il a fait dans la vie était une préparation pour le pas suivant. « La vie est une fête ambulante, mais parfois quelque chose reste en arrière, me confie mon hôte, alors que je m’apprête à prendre congé de lui. L’intéressant, c’est que nous ne savons pas ce qu’il en adviendra jusqu’à ce qu’elle s’achève. Il m’a fallu faire un bien long voyage pour le découvrir… »

 

Winnie Chang est une journaliste freelance basée à Taïpei.

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