28/04/2025

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La «nouvelle Nouvelle Vague» française à l’affiche

01/11/1997
L'affiche dessinée par les organisateurs du festival.

La Chine libre : Est-ce la première fois qu’un Festival du Film français «Rive gauche» est organisé à Taïwan et à qui en revient l’initiative ?

Patrick Mansier : C’est effectivement la première fois qu’un festival «Rive gauche» a lieu à Taïwan. Cette appellation, nouvelle, est liée à la genèse de l’organisation de cette manifestation. Il existait chaque année, depuis quatre ans, une version taïwanaise du Festival du cinéma français de Yokohama (Japon). Cette version taïwanaise était organisée sous la conduite d’Unifrance, qui est chargé de la promotion du cinéma français, avec l’appui d’un sponsor de poids puisque cet événement mettait en jeu des sommes considérables. Elle nécessi-tait d’autre part une logistique très lourde, dans la mesure où des acteurs, des actrices et des réalisateurs étaient invités. A la suite de la décision d’Unifrance de mettre fin à cette opération, nous avons, à l’Institut fran-çais, cherché une autre formule, peut-être moins lourde, mais dont nous attendions un impact aussi important qu’un festival de l’envergure des années précédentes. Le projet est né de la mise à la disposition des ambassades et des postes de représentation français d'une série de dix films par le ministère des Affaires étrangères qui en a acquis les droits pour une diffusion à but non lucratif. Cette sélection, qui a pour titre «Le jeune cinéma français», nous a donc été confiée pour une certaine période. Dans un premier temps, compte tenu du peu de moyens dont nous disposions, nous avons pensé coopérer avec les archives du Film de Taïpei et diffuser ces œuvres à l’intérieur de leurs locaux. Dans de telles conditions, cette présentation aurait revêtu une dimension de cinéma d’art et d’essai très localisée et aurait été principalement dédiée à des cinéphiles avertis. Le grand public, lui, n’aurait pas été très touché. Nous n’étions donc qu’à moitié satisfaits de cette solution de part et d’autre, souhaitant donner une dimension plus importante à cet événement, à l’image du Festival du Film canadien par exemple. C’est alors qu’est arrivé notre «sauveur» : President Enterprise, qui souhaitait s’associer à un événement culturel français pour faire la promotion d’une ligne de produits appelée «Café Rive gauche». Il se trouve que la dénomination française de ce produit est «La gauche de Seine». Nous avons préféré conserver l’appel-lation «Rive gauche», qui est plus perti-nente pour les Français. C’est ainsi qu’est née cette idée d’organiser un Festival Rive gauche, appellation qui est bien sûr un clin d’œil à President Entreprise et à leur produit, mais qui désigne aussi une école de cinéma française, sous-groupe de la Nouvelle Vague apparue à la fin des années 50. On a appelé Rive gauche les réalisateurs de cette Nouvelle Vague dont la sensibilité était un peu plus gauchisante.

Quelles sont les caractéristiques du jeune cinéma français tel qu’il est représenté dans la sélection du ministère des Affaires étrangères ?

Le jeune cinéma français est très significatif de ce que l’on appelle la «nouvelle Nouvelle Vague». Il constitue une sorte de redécouverte de l’esprit qui a animé ce célèbre courant de la fin des années 50 et qui a refait sa ré-apparition voici deux ou trois ans, avec de nouveaux réalisateurs et surtout réalisatrices. Il faut en effet noter que le jeune cinéma français est un cinéma féminin. Plus de la moitié des films réalisés en France depuis les cinq dernières années et ayant eu un écho international dans les festivals connus ont été faits par des femmes. On retrouve les noms de ces femmes, dont il s’agit sou-vent du premier ou deuxième film, dans la sélection du jeune cinéma français. Il est d’ailleurs intéres-sant de voir com-ment le féminisme à la française s’ex-prime à travers cet art et cette technique qu’est le cinéma. Il ne fait pas de doute que les réalisateurs et réalisatrices, acteurs et actrices représentés dans ce festival vont constituer le cinéma français de demain. Bien qu’il s’agisse d’une première étape, cet événement cinématographique est très important pour comprendre la gestation de ce cinéma à l'heure actuelle. Je pense donc que le public taïwanais a beaucoup de chance de pouvoir mesurer le début de ce qui sera peut être un nouveau mouvement.

C’est bien sûr un cinéma de la jeunesse. Le quartier latin, sur la rive gauche de la Seine à Paris, illustre parfaitement cet esprit : on y trouve les cafés où sont apparues certaines des grandes innovations littéraires, culturelles et artistiques, à la suite des rencontres et des débats qui s’y sont déroulés. C’est la raison pour laquelle nous avons également voulu recréer une atmosphère, un esprit «rive gauche» parfaitement adapté à l’image que souhaite véhiculer President Entreprise avec son produit, «Café Rive gauche». C’est ainsi qu’ont été organisés des débats les vendredis soirs sur la littérature et le cinéma français à la librairie Eslite. Nous avons reconstitué l’atmosphère de ces cafés du quartier latin, avec de la musique de l’époque. Une cohérence est donc ap-parue entre l’esprit que nous avons voulu insuffler autour du produit de President Enterprise et l’esprit de ce cinéma-là. La convergence a été parfaite et la coopération s’est bien passée.

Pour marquer la continuité entre la période qui sépare la Nouvelle Vague de la fin des années 50 et cette nouvelle Nouvelle Vague des années 90, nous avons également projeté dans ce programme des films de cette période plus ancienne qui ont été mis à disposition par les archives du Film de Taïpei. Nous avons surtout utilisé des films du cycle Alain Resnais qui sont caractéristiques de cette époque, comme Hiroshima mon amour par exemple. Avec trente à quarante années d’écart, on retrouve, malgré une technique différente, une philosophie un peu identique. Cependant, le cinéma de la Nouvelle Vague historique est un cinéma de la mémoire, avec de nombreux flashes-backs sur le passé des pro-tagonistes. Le cinéma d’aujourd’hui est plutôt celui du nomadisme et de l’oubli. Beaucoup de films décrivent ainsi des déplacements au hasard des routes. Ce sont des films en mouvement où les personnages ne se fixent pas véri-tablement. Dans les années cinquante, le passé et le présent se mêlaient. Dans le cinéma des années 90, c’est plutôt l’espace qui est mélangé. Notre but était donc de resituer le courant actuel par rapport à son ancêtre illustre. Mais je crois qu’il faut regarder ces films avec un esprit ouvert. Ils ne contiennent pas de message particulier mais évoquent plutôt la vie de tous les jours, la vie quotidienne de personnages aux sensibilités très différentes. Ce sont plus des films à ressentir qu’à analyser. Je crois que c’est ce qui fait leur côté novateur.

Combien de temps a-t-il fallu pour organiser ce festival et sa promotion ?

Il s’est écoulé environ un mois, après quelques semaines de pourparlers, pour concrétiser ce projet. President Enterprise s’est positionné en tant que mécène pour l’ensemble des prestations et le financement de cette opération, dont le coût s’est monté à 1,1 million de TWD [40 740 USD]. Les archives du Film de Taïpei, l’entité organisatrice, se sont chargées de la sensibilisation auprès des médias, du travail d’information, de l’organisation des programmes, de la réservation de la salle, de la rédaction des plaquettes, bref, de l’aspect logis-tique, organisationnel et explicatif du projet. Et nous-mêmes, à l’Institut français, avons contribué, modestement, à la fourniture des films et du matériel descriptif et promotionnel tel que les affiches, etc. Le signal du départ a été donné avec la conférence de presse qui s’est déroulée à la librairie Eslite le 3 septembre. Des retransmissions ont été effectuées à la télévision. Formosa TV, qui consacre tous les soirs cinq minutes aux événements culturels – une mission qui lui a été confiée par ce qui est l’équivalent ici du ministère de la Culture – a présenté le festival. Nous avons également constitué une bande annonce avec des extraits de films pour diffusion sur certaines chaînes câblées. De son côté, le journal China Times a accepté de faire passer l’information dans ses colonnes, en dédiant des supplé-ments à cet événement, avec des articles et des commentaires. Le deuxième volet d’activités parallèles au festival à proprement parler sont les débats sur la relation entre la littérature et le cinéma français. Dans le courant de la Nouvelle Vague, ce sont bien souvent des écrivains et des critiques qui sont passés de l’autre côté de la caméra. Cinéma et littérature y sont très proches. Nous avons donc pensé qu’organiser des colloques en parallèle autour de ces thèmes contribuerait à mieux faire comprendre les films.

Pourquoi certains films ne sont-ils pas sous-titrés en chinois ?

Un problème de traduction s’est posé. Les films du ministère des Affaires étrangères tournent dans la plupart des ambassades et représentations françaises dans le monde. Ils sont donc dotés de sous-titres en anglais. Mais ces films ne disposent pas de droits commerciaux, ce qui signifie qu’ils ne peuvent pas être diffusés pour des opérations commerciales dans des salles payantes. Le festival est d’ailleurs gratuit, des billets ayant été distribués uniquement pour des raisons de logistique. Il est donc très difficile de faire réaliser une version chinoise pour des films qui ne doivent théoriquement être diffusés que pendant une semaine à Taïwan. Faire des sous-titrages en chinois aurait impliqué des coûts supplémentaires d’achat de copies spécifiques. Il aurait aussi été difficile de remettre en circulation dans le circuit mondial des ambassades françaises des films sur lesquels des sous-titres chinois auraient été imprimés. Autrement dit, les sous-titres chinois ne peuvent être réalisés que si les films sont achetés pour une distribution commerciale. A cela se serait également ajouté un problème technique, le ministère se trouvant dans l’obliga-tion de fournir des copies, ce qui n’entre pas dans l’esprit de cette opération. Cette absence de traduction en chinois ne signifie pas que nous n’espérons pas voir ces films repris dans le circuit commercial par des distributeurs. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle nous avons organisé des projections préalables au festival, dans les locaux des archives du Film de Taïpei. Nous y avons invité des professionnels, des distributeurs, des représentants des sociétés étrangères etc., afin de les sensibiliser à ces nouveaux films. Nous espérons que ces efforts se concrétiseront par des contrats. Cependant, cette étape n’est plus de notre ressort. Nous avons simplement mis en relation les professionnels taïwanais et les ayants droit de ces films français. Si ces films sont achetés et distribués, ils seront vus par un public encore plus large, ce qui est bien sûr l’intérêt aussi bien des Taïwanais que du cinéma français.

Ce festival se distingue des opérations qui sont clairement mises en place dans des buts commerciaux. Dans le cadre d’échanges culturels, il n’est pas possible de diffuser de grandes réali-sations de statut international, du gabarit du Cinquième Elément par exemple, car le ministère n’est pas habilité à disposer des droits sur de tels films. Sont présentés des films de jeunes créateurs souvent soutenus par des fonds d’aide destinés à soutenir le cinéma d’auteur. Il est vrai que ce festival devrait donc attirer ici un public du même ordre que celui qui s’intéresse aux films d’auteur taïwanais.

A ce propos, ne pensez-vous pas qu’il existe un public qui restera tou-jours à l’écart de ce genre de cinéma ?

Le problème est en fait beaucoup plus large. Il n’est pas lié au fait qu’il s’agit de films français mais plutôt au fait que ce sont des films d’auteurs et non pas de ces grandes productions qui ont un peu tendance à s’uniformiser. Je pense que le problème qui se pose, c’est celui du rapport du public taïwanais avec ce type de films, qu’ils soient français, chinois ou autres. Le débat porte sur l’intérêt du public pour les films à composition et à réflexion d’une part, et pour les films d’action et de fiction d’autre part. C’est un problème de société qui nous dépasse largement. Ces films cherchent à toucher les spectateurs qui vont au cinéma pour essayer d’apprendre et de ressentir des choses ne se limitant pas aux sensations fortes données par les grands films internationaux. Le défi qui se pose, c’est d’intéresser le public, par des expli-cations, à des produits culturels, des pro-duits qui sont plus d’ordre intellectuel que viscéral. Quelle est la solution ? Je crois qu’il faut essayer de se donner la main et de répéter ce genre d’opération, pas seulement les Français mais tous les pays représentés ici, ainsi que la production taïwanaise de cette filière d’auteurs. Cette production sera également gagnante si le public taïwanais, à force d’être instruit de l’intérêt de ces films-là, se décide à aller les voir. Un réflexe sera créé, qui incitera le public à aborder des films différents des grandes productions internationales. Au-delà de la projection, l’idée est donc de créer un courant, un esprit, une atmosphère et des débats autour de cela. Je pense que c’est la seule solution à notre niveau car on ne peut pas, d’un seul coup, changer les habitudes des Taïwanais. Cette dialectique existe aussi en France entre les films d’auteurs et les grandes productions. Il s’agit d’un problème de société mais cette société va évoluer : à Taïwan, les gens ont maintenant un peu plus de temps, après s’être donné beaucoup de mal pour faire de leur pays une puissance économique. C’est le moment pour eux de respirer un peu et d’être plus ouverts à toute cette production culturelle et artistique. Il faut qu’en dehors du travail, du stress quotidien, ils puissent réserver de petites plages sympathiques, non seulement pour oublier la vie quotidienne mais aussi pour voir comment d’autres pays, d’autres sociétés vivent aussi ce quotidien. Pour nous, le moment est venu d’«enfoncer le clou», en collaboration avec les autres manifestations de festivals allemand, anglais, italien, afin de créer un courant que l’on espère massif. L’idée, pourquoi pas, serait d’organiser des festivals multinationaux, européens, avec des productions nationales. Il faut que le public taïwanais sache qu’il existe là un secteur malheureusement sous-représenté. Ce problème n’est pas lié au cinéma français qui est d’ailleurs très varié. Prenez des films tels que Les Visiteurs, Pédale douce etc. : ils sont très facilement abordables.

Les films projetés dans ce Festival Rive gauche ne présentent certes pas des acteurs et actrices très connus pour l’instant. Mais ces comédiens symbolisent justement très bien le sujet de ces films qui est la vie quotidienne des gens ordinaires. En ce qui concerne la notoriété, certaines des actrices sont en train de se faire un nom. Et de toute façon, les comédiens français connus se comptent sur les doigts de la main. Le public taïwanais ne doit donc pas s’accrocher à des marques, à des symboles. Il faut rompre avec les habitudes sinon, on est condamné à ne faire que des films qui se passent à Paris, au pied de la Tour Eiffel ! Ces films comportent certes des scènes parisiennes mais les scénarios se déroulent aussi beaucoup en province et je pense que le public taïwanais, qui se tourne actuellement vers sa propre culture, sa propre province, doit comprendre que c’est également le cas dans les autres pays. Ici non plus, tout ne se passe pas à Taïpei ! Je reconnais que nous ne recherchons pas la facilité mais c’est justement là que réside l’intérêt de cette opération et je crois que le succès est déjà assuré dans la mesure où tous les billets ont été épui-sés : 300 places par séance, six séances par jour et sept jours de festival, voilà qui représente pas mal de monde. C’est la preuve que cette démarche est la bonne. Simple-ment, il faut la poursuivre au lieu de se contenter d’un coup ponctuel et notre souhait, c’est de maintenir une formule de ce type-là tous les ans, avec l’appui de mécènes locaux ou inter-nationaux. Le succès de cette formule va certainement donner des idées à d’autres entreprises. Les responsables de President Enterprise sont très satisfaits de cette coopération qui, je le pense, est faite pour durer et devenir un rendez-vous annuel du cinéma français. Je crois qu’il faut faire preuve d’optimisme et ne pas forcer les choses.


La «nouvelle Nouvelle Vague» française à l’affiche

Les Enfants.

Qui va aller voir les films présentés dans le cadre du Festival Rive gauche ?

Les trois catégories «naturelles» du public sont les cinéphiles, les étudiants qui apprennent le français à l’université et la communauté étrangère. Ce public a été averti, il s’est procuré des billets, il vient aux débats etc. Mais la formule de gratuité des places peut aussi faire venir ceux qui, d’habitude, ne vont pas voir ces films-là. Ce n’est pas négligeable. Leur démarche sera peut-être fortuite, motivée par la curiosité ou l’occasion qui se présente. Cette formule peut attirer un public qui, d’ordinaire, n’irait pas débourser pour aller voir ce type de films. C’est le pari que nous avons pris et je pense que nous aurons d’heureuses surprises. Grâce à l’entremise de la société President Enterprise, nous avons édité un programme en chinois, ce spectacle étant essentiellement organisé par les Taïwanais pour les Taïwanais. Ici, à l’Institut français, nous n’avons été que le catalyseur en quelque sorte. Il faut en effet que la relève soit prise localement par les Taïwanais, ce qui a été le cas en l’occurrence puisque ce sont les archives du Film à Taïpei qui se sont chargées de l’ensemble de l’organisation. Nous sommes persuadés qu’ils sont les mieux placés pour comprendre la mentalité du public taïwanais et trouver les bons moyens pour l’attirer et le sensibiliser. Le premier de ces moyens a été de faire une large distribution de ces programmes accessibles dans tous les 7-Eleven de Taïpei, à des milliers d’exemplaires. Ces dépliants comprennent le programme, le descriptif des films etc. Ils touchent un public d’ordinaire peu accessible, qui ne lit pas les revues spécialisées dans ce domaine. A cela s’ajoutent les autres efforts de promotion. Je pense qu’avec les différents supports d’information, le grand public, qui est d’ordinaire peut-être moins averti, n’a plus d’excuse pour ne pas être au courant de ce qui se passe !

Pourquoi avoir choisi le mois de septembre ?

L’expérience des autres festivals nous a montré qu’il est un peu dommage d’organiser ces manifestations en juin parce que c’est la période durant laquelle les étudiants préparent leurs examens. Comme la jeunesse était ciblée par cette opération, nous avons choisi cette période, juste avant la rentrée universitaire, alors que les étudiants sont revenus à Taïpei. Cette date est mieux indiquée pour toucher le public des jeunes. Nous n’avons pas voulu attendre après la rentrée parce que c’est le moment où a lieu le Festival du Cheval d’Or ; les archives du Film seront très occupées pendant cette période-là. Autant laisser un certain espace entre ces deux événements. D’autre part, nous avons prévu des séances le soir et pendant tout un week-end pour les gens qui travaillent. Ce festival est une première sous cette formule-là et, le succès aidant, si les ayants droit des films souhaitent contribuer davantage à la promotion de leur production, nous pourrons «étoffer» par la suite en invitant des réalisateurs. C’est là notre intention.

En conclusion, je pense que cette initiative du ministère des Affaires étrangères est une bonne opération. Ces films doivent continuer leur tournée dans certains pays d’Afrique et en Europe de l’Est jusqu’à l’expiration des droits acquis par le ministère. Un seul poste n’aurait jamais pu, du fait d'un budget limité, acquérir les droits de films. Cependant, si les ayants droit recher-chent une promotion de leurs films et apportent leur contribution, il sera peut-être possible de faire une projection limitée de cette production française. Avec les supports de diffusion que sont le satellite, le câble (Taïwan est le premier pays câblé au monde), les producteurs étrangers sont très tentés : une fois intégrés dans ces circuits de diffusion, ils peuvent toucher un public très large. Le cinéma en salle reste limité mais d’autres supports de diffusion permettraient une plus large audience. A ce titre, Taïwan est un grand marché des médias en Asie. Les circuits culturels du ministère des Affaires étrangères ne doivent donc pas être les seuls à fonctionner. Il est de l’intérêt des producteurs français de contribuer un peu plus à faire connaître notre cinéma ici. Il faut qu’ils comprennent que la situation de ce cinéma à Taïwan doit s’améliorer. Si un contrat de distribution était signé pour un ou plusieurs films du festival à l’issue de la manifestation, la preuve serait faite pour les ayants droit que ce type d’opération est efficace. Mais encore une fois, nous lançons des idées et des matériaux pour que les Taïwanais les reprennent à leur compte. Nous tenons beaucoup à cet aspect des choses. Nous pensons que ce festival aura un impact encore plus profond que les festivals de grande envergure parce qu’une réflexion et un effort d’explication sont menés, de façon plus marquée que dans les précédentes manifestations, bien que celles-ci aient été plus luxueuses. Nous espérons que quelques-uns de ces films passeront dans le domaine de la grande distribution. Rien que ce résultat nous remplirait de joie !

Interview réalisée par V. Etrillard

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