CICADA
Coastland
Entre terre et mer, les zones humides de la côte ouest de Taiwan ont inspiré Jesy Chiang [江致潔] pour Coastland, le dernier album en date de Cicada, un sextuor interprétant des pièces pour violon, alto, violoncelle, guitare et piano. Dans cette entreprise d’immersion, où les variations du piano épousent celles du vent et où les envolées des cordes rappellent les oiseaux évoluant au-dessus des marais, la jeune compositrice parvient à dépasser l’approche strictement naturaliste pour créer de véritables atmosphères, reflétant le charme de ces paysages avec parfois une pointe de mélancolie. Servi par des musiciens de talent, Coastland est une ode subtile qui parvient à captiver l’auditeur. (P.-Y.B.)
Sony Music, 2013.
ROCK
ELEPHANT GYM
Angle
Est-ce l’absence de tradition rock bien établie à Taiwan ? Toujours est-il qu’il est fréquent de voir des jeunes groupes insulaires remettre au goût du jour des courants underground dont on avait presque oublié l’existence. C’est le cas du math rock, une forme expérimentale apparue à la fin des années 80 et dont les principales caractéristiques sont la complexité des rythmes et l’enchaînement souvent dissonant des riffs et des mélodies. Elephant Gym, un trio formé en 2012 à Kaohsiung, puise avec brio à cette source musicale pour son premier album, Angle, qui vient de paraître. Et ce pachyderme acrobate se glisse si bien dans ses habits math rock qu’il y mêle sans anicroche des influences empruntées au jazz, au folklore traditionnel taiwanais ou encore aux chants aborigènes. Très réussi. (P.-Y.B.)
ULOUD Music, 2014
FESTIVAL DE POÉSIE DE TAIPEI
Labor for Ideal
Le Festival de poésie de Taipei se penche cette année sur la question du travail en général et sur celui du poète en quête d’un idéal en particulier. Ce thème sera abordé au cours de trois soirées réunissant différentes générations d’auteurs et d’artistes taiwanais et d’outre-mer. Parallèlement, un cycle de conférences et de lectures sera consacré au poète japonais Shuntaro Tanikawa, alors qu’un débat sur l’expression du sol natal réunira des auteurs de Macao et de Hongkong. Un hommage sera en outre rendu au poète taiwanais Lo Yeh [羅葉] (1965-2010).
Du 18 octobre au 2 novembre, à Taipei.
ART CONTEMPORAIN
The Five Wardrobes She Has
Qu’est-ce que la frénésie d’achat, la richesse d’une garde-robe ou le recours à la chirurgie esthétique révèle de la psychologie de la femme moderne, de ses peurs et du sentiment d’infériorité qui continuent de l’assaillir ? C’est à cette question que l’exposition « Les cinq garde-robes qu’elle possède » tente de répondre. Chacune de ces « garde-robes » a été confiée à un artiste différent. Côté taiwanais, l’artiste vidéo Tsau Saiau-yue [曹筱玥], qui est également l’une des commissaires de l’exposition, explore, avec son installation interactive Flowery Heart, la manière dont la mode sert à calmer l’anxiété. Lin Yu-chun [林昱君], l’autre commissaire de l’exposition, propose quant à elle une installation lumineuse interactive sur le thème du déni et de l’angoisse auto-provoquée. Sappho Loh [駱麗真] tente, elle, de décrypter à l’aide d’enregistrements audiovisuels le désarroi ressenti par les femmes écartelées entre des rêves inatteignables et un quotidien routinier. Deux artistes numériques américains, Chris Coleman et Laleh Mehran, ont été invités à apporter un contrepoint à ces démarches. Ce couple utilise les nouvelles technologies – diodes électroluminescentes, flux de messages postés sur Twitter, etc. – pour traiter du concept d’interconnexion et examiner ses liens avec la formation des identités individuelles.
Jusqu’au 11 novembre au Musée national des beaux-arts de Taiwan, à Taichung.