Un gentleman dans les rues de la ville, c'est l'Anglais conservateur qui hèle cependant une voiture d'un simple mot, «Taxi!». Pourtant, Taïpeh possède une touche plus aristocratique. En effet, dans une telle situation, les manières de l'homme de la rue taïpéien peuvent atteindre une grande noblesse. Le seul défaut du gentleman conservateur lui est tout à fait inutile pour une simple course.
Debout au bord du trottoir dans une artère de la ville ou parfois même dans une allée, le client lève tout simplement la main dans cette circonstance, et aussi tôt un ou deux taxis s'arrêtent devant lui prêts à prendre en charge ce client plein de fierté pour n'importe quelle destination. Aussi, les chauffeurs de taxi sont-ils très sensibles à ce geste noble. D'autres, moins observateurs de ce geste digne du client taïpéien solliciteront de la même manière les piétons qui se tiennent devant une vitrine ou à l'arrêt d'un bus qui se fait attendre.
En fait, ni le citadin ni le touriste étranger n'ont de raison de se plaindre de la difficulté de trouver un taxi à Taïpeh. A la fin du moins de janvier 1986, 31 432 voitures à taximètre pour le transport des personnes étaient enregistrées par la municipalité de Taïpeh, les quelles voitures sillonnent toutes les voies publiques de la la ville, même les moins fréquentées. A côté de ces taxis proprement urbains, parcourent aussi les artères de Taïpei les taxis enregistrés dans les hien(1) de Taïpeh ou d'Ilan limitrophes, qui amènent des clients dans la grande métropole chinoise et qui y font leurs courses dedans. Une estimation très modeste mais assez proche de la vérité dénombre ces taxis parcourant les rues de Taïpeh au moins à quarante mille.
Certains chauffeurs préfèrent l'attente à la station de taxi.
Dans la municipalité de Taïpeh, le rapport de proportion pour une population de 2,5 millions d'habitants donne quelque 62,5 habitants (y compris les enfants) par taxi, ce qui dépasse de loin les 400 personnes par taxi de Tokyo ou les 270 par taxi de Séoul. C'est pourquoi, le gouvernement municipal a décidé le 16 janvier dernier de suspendre la délivrance de licence de taxi. Une première suspension avait été décidée en décembre 1978 et passablement ignorée. En effet, la quantité de taxis taïpéiens a rapidement augmenté, en ayant doublé au cours des dix dernières années. Selon une étude effectuée par l'Université nationale des Communications (Kiao tong), à Sintchou, le nombre des sièges offert par les taxis de Taïpeh, et même de toute la province de Taïwan, a hautement dépassé la demande.
Une remarque intéressante, sinon surprenante, est que les taxis ont augmenté parallèlement au taux de chômage, ce qui permet d'affirmer que beaucoup font provisoirement des courses pendant une période d'inactivité professionnelle. Par rapport à tout autre entreprise commerciale, le taxi exige moins de capitaux et seulement une qualification d'ordre général.
Ceux qui ont vraiment choisi cette carrière professionnelle font souvent mention du mot «liberté» comme principale raison de ce choix. S'employant eux-mêmes, sans devoir «être attentif à toute expression du visage d'un patron», la plupart des chauffeurs de taxi apprennent à connaître leurs clients dont le hèlement est un trait caractéristique et important. Pourtant, à cause de la concurrence très sévère, les chauffeurs de taxi se plaignent sans cesse des limites de cette profession et que, pour en main tenir un certain revenu, il leur faille augmenter la durée du travail et suivre scrupuleusement les caprices des clients.
Plus de la moitié des taxis de Taïpeh sont de fabrication locale, des Yue Loong (pron. Yu Long) 1200 cc, 1300 cc et 1500 cc (toutes de conception de Nissan); les petites Ford et Honda Civic sont aussi très populaires. Et peu à peu, des voitures plus onéreuses, des BMW, Renault, Fiat, Nissan Sunny, ont fait leur entrée dans la flotte des taxis taïpéiens.
Mme Tchen YU-meï, une des deux mille conductrices de taxi de Taïpeh.
A cause de l'usage intensif, ces voitures se déprécient très vite. Et c'est un point très important de la profession voiturière, car « les clients choisissent le modèle qui les transportera. Mon mari et moi-même alternons à la conduite diurne et nocturne, et il nous faut épargner un petit pécule pour changer de véhicule environ tous les deux ans», dit Mme Lo Tchouen-lan, l'une des deux mille conductrices de taxi de Taïpeh.
Tous les matins avant de partir au travail, les meilleurs cochers de Taïpeh nettoient parfaitement leur voiture, la carroserie et l'intérieur, tout en prenant soin de leur tenue personnelle. Le climatiseur et l'autoradio sont des équipements indispensables. Plus attentionnés, certains mettent à disposition du client, dans l'espoir de faire chaque jour de plus longues courses en banlieue, du papier de soie, des journaux, des revues. Pratiquement, tous se présentent poliment et agréablement à leurs clients.
« La politesse et les autres petites choses ne sont pas du tout onéreuses, et le client y est très sensible. En considérant tout simplement le domaine des affaires, grâce à ces améliorations du service, j'arrive à obtenir un pourboire de 200 à 300 yuans(2) », dit M. Wang Hong-tch'ao, un homme de bonne humeur. (Le pourboire pour les chauffeur de taxi n'est en aucun cas exigible, mais certains clients laissent volontiers la menue monnaie d'une course au chauffeur.)
Pour les chauffeurs de taxi et leurs clients, la sécurité est de toute priorité, en particulier dans les rues à grande circulation de Taïpeh. Généralement, ces auriges de notre temps, plutôt que de prendre un raccourci par une petite allée peu sûre ou de brûler un feu rouge, préfèrent une situation plus heureuse pour le véhicule et les passagers en prenant moins de risques. Maints sont de pieux fidèles du taoïsme ou du bouddhisme, ou parfois du catholicisme ou du protestantisme, et l'on peut voir de petits bouddhas en bois, des croix, des médaillons et autres objets de piété suspendus au rétroviseur ou au plafonnier. Certains passagers croient pouvoir estimer la sage conduite d'un chauffeur selon la présence ou l'absence de ces objets rassurants dans le véhicule.
Quelques chauffeurs de taxi ont fait installer des ordinateurs-compteurs qui impriment un reçu pour la course effectuée avec la date, le numéro du véhicule, le temps et la distance de la course et le prix perçu.
« Cela garantie l'honnêteté de la profession vis-à-vis du client et accroît la réputation d'un taxi», explique un chauffeur, M. Lieou en faisant remarquer qu'à Taïpeh, il est le premier à avoir fait installer un tel appareil moderne dans un taxi.
La mini-télé et la chaîne karaoke sont les derniers favoris et à la mode des taxis. Karaoke, mot japonais signifiant «orchestre vide», désigne un appareil composant une musique sur des paroles avec effet stéréophonique à résonnance démultiplée dans un système complet de reproduction sonore. Toute personne qui improvise une chanson peut s'exercer en la chantant au micro. Cet appareil reproduit la voix accompagnée musicalement avec plusieurs effets et échos sonores. Cette «échoïsation» semble satisfaire un désir vif de devenir une vedette de la chanson. Ces appareils karaoke (on écrit parfois Kara O.K.) sont devenus très populaires dans les restaurants et les débits de boissons de Taïpeh ces derniers temps.
Si l'installation d'un appareil karaoke dans un taxi reste une question, ce qui est sûr, c'est qu'il est devenu un moyen d'attraction de la clientèle, du moins les futurs chanteurs ou ceux qui se prétendent tels. M. Sou King-fang, d'un âge moyen, dit qu'après avoir installé un pour 8 000 yuans taïwanais, il est parvenu à accroître son revenu quotidien de 200 yuans. « Les longues courses sont généralement exténuantes, et c'est le moment idéal pour le passager ou le chauffeur d'en profiter », explique un autre chauffeur, M. Tch'en K'ing-tang.
Mais des avis contraires se font aussi entendre. L'usage du karaoke ne fait augmenter la tension et l'irritation, surtout pendant la congestion du trafic. « Parfois, des clients en course ne chantent plus, mais hurlent. Cela devient intolérable », souligne M. Tchang Tsong-pang. Il en avait fait monter un, mais l'a retiré quelques mois après.
Les taximètres à Tàiwan fonctionnent tous d'après le système métrique, et la course effectuée est payée selon la distance parcourue. Le premier kilomètre, comprenant la prise en charge, est actuellement de vingt yuans, quoique tous les taximètres indiquent 24 yuans. (A la suite de la baisse générale des prix pétroliers, une réduction des tarifs des transports fut récemment décidée par les autorités.) A chaque tranche supplémentaire de , il s'ajoute automatiquement 6 yuans. Aucun supplément n'est légalement exigible en plus du prix de la simple course.
Si le tarif des taxis est le plus bas possible, la profession voiturière se situe dans un climat favorable. Le réseau du métro de Taïpeh, à l'état de projet, laisse encore quelques années devant soi; le réseau urbain de transport en commun (autobus) est certes très dense, mais les véhicules trop bondés prennent rapidement de l'âge; et les parcs de stationne ment se font chaque jour de plus en plus rares à cause de la prolifération des voitures privées. Comme on peut le constater, tout cela n'est pas trop mauvais pour cette profession. Cependant, si beaucoup apprécient les mérites des taxis taïpéiens par comparaison aux autres moyens de transport disponibles, beaucoup de gens «se sont vraiment faits avoir» et se plaignent d'expériences malheureuses.
La plainte la plus courante est la conduite de quelques phaétons qui donnent facilement les frissons: la course contre la montre pour s'assurer un plus grand nombre de prises en charge. Beaucoup trop de chauffeurs succombent au désir d'éprouver les nerfs des clients, en brûlant un feu, ici, en débouchant continuellement d'une voie à l'autre à toute allure, là. Certains chauffeurs sont impétueux; d'autres ne rendent pas correctement la monnaie ou élèvent illégalement le tarif pour une destination particulière ou à un moment donné. Quelques-uns sont trop entreprenants avec leurs passagères. Heureusement, ce sont les cas mineurs—la brebis galeuse de cet immense troupeau.
A l'inverse, les chauffeurs se plaignent des mauvais clients. La pire crainte est le voleur de nuit. Presque chaque chauffeur a eu une ou plusieurs fois l'expérience d'un passager qui s'est enfui sans acquitter sa course, d'ivrognes rébarbatifs, de fumeurs invertérés qui empestent tout l'air conditionné de la cabine intérieure et bien d'autres encore.
« L'expérience la plus agréable est certainement l'échange d'une bonne conversation avec le passager. D'autre part, les chauffeurs ont plus souvent l'occasion de rencontrer des personnalités. Une fois, j'ai transporté le vice-ministre de l'Education, M. Jouan Ta-nien, et notre conversation m'avait rempli de joie pour toute la journée», se rappelle M. Mi Tsouen-yi.
Tous les chauffeurs interviewés s'accordent sur un point. D'une manière générale, il leur faut conduire dix heures par jour pour obtenir un revenu brut quotidien d'environ mille yuans. Ce n'est après tout pas plus mal qu'un travail à l'usine, mais ce n'est pas du tout un travail facile.
Ce travail demande en effet un grand effort physique et mental. L'état d'alerte constant pendant la conduite, les repas à n'importe quelle heure de la journée et la position du chauffeur rivé à son siège sont la cause de divers maux professionnels, comme les rhumatismes dorsaux et la dyspepsie qui sont les plus courantes.
Comme la communication par émetteur-récepteur avec les taxis n'a pas été adoptée à Taïwan, à l'exception de quelques compagnies de taxis, la plupart des taxis à Taïwan se trouvent en maraude dans les rues. Et pour gagner un peu plus, les chauffeurs doivent presque toujours se conformer aux caprices du client.
« Nous n'avons pas d'attache, mais simplement des destinations à atteindre », lance un chauffeur, en décrivant les chauffeurs de taxi de Taïpeh comme des nomades du XXe siècle à la recherche d'eau et de pâturage pour le berger qu'est le passager.
Une communication du studio de la Radiodiffusion publique.
L'émission Station-service de publique (Public Radio Broadcasting System) est le grand compagnon d'écoute de ces nomades souvent solitaires. Cette émission diffuse toute la journée la situation du trafic de Taïpeh, recueillant des informations communiquées par les agents de la circulation et par l'équipe spéciale de surveillance par hélicoptère aux heures de pointe, ainsi que les «Volontaires de la circulation». Guidé par ces informations régulières sur le trafic dans les rues, les chauffeurs de taxi roulent à travers la ville en es sayant d'éviter les embouteillages aux heures de pointe.
publique offre également un service de liaison entre les chauffeurs et les leurs et, pour certains d'entre eux, avec le siège social de leur société. Le premier appel jamais diffusé fut destiné à M. Tcheng Ming-ki pour lui annoncer la naissance de son fils. C'était le 10 mars 1971. Et depuis, le numéro 351-3600 de publique répond vingt-quatre heures sur vingt-quatre aux nombreuses demandes de diffusion de messages. Un chauffeur décrit la station de radio comme le fil d'un cerf-volant au bout duquel les chauffeurs de taxi, en l'air en train de travailler, sont reliés à leurs familles.
Le numéro 393-3133 qui vient d'être mis en service est une autre ligne exclusive de publique. Il se propose de résoudre les problèmes communiqués par les chauffeurs eux mêmes. Les nombreuses questions et réponses sont ensuite diffusées sur les ondes. D'autres services comprennent les avis de recherches d'objets perdus ou trouvés dans les taxis, l'enseignement de l'anglais, le service d'entretien des voitures, l'indication des grandes voies en vue de décongestionner la circulation, etc. Tout cela est assurément très apprécié par les chauffeurs, et les résultats ne sont pas négligeables. Selon des données intéressantes, quelque trois mille cas d'objets perdus ont pu être résolus; et les histoires de chauffeurs honnêtes rap portant des porte-monnaies laissés derrière soi sont chose courante. Quant à l'enseignement de l'anglais, il permet au moins aux chauffeurs de mieux servir leurs clients étrangers.
Des membres de la Croisade des chauffeurs de taxi pour la foi, l'espoir et la charité.
Sur le parebrise d'un taxi, la vignette autocollante ainsi libellée en chinois et en anglais «Dieu est amour» indique que le chauffeur du taxi est l'un des quatre-vingts membres de des chauffeurs de taxi pour la foi, l'espoir et la charité. Le fondateur de ce mouvement, M. Wou Sin-yen, chrétien mais non membre de la profession du taxi, a cherché à honorer le chauffeur fidèle, honnête, dévoué au service de la société. Il a alors conçu l'idée d'une croisade des cochers taïpéiens.
Dans le but de maintenir l'intégrité de ce groupe, les adhérents doivent se faire recommander d'un ministre garantissant qu'ils n'ont aucune mauvaise habitude de fumer, boire, mastiquer du bétel ou jouer. Dès l'apposition de ce symbole sur leur parebrise, les membres de la croisade se font l'obligation d'amé liorer leur service, de maintenir leur sobriété, leur politesse, leur honnêteté et de respecter le code de la route. Pendant les courses, ils entretiendront probablement leurs clients de musique religieuse et même de messages de paix.
Depuis septembre 1984, le Départe ment de du gouverne ment municipal de Taïpeh honorent les excellents chauffeurs de taxi dans le même état d'esprit. La ville les récompense d'un symbole floral blanc frappé du caractère yeou [優] en rouge, signi fiant excellent, que le récipiendaire peut alors placer sur le côté gauche du parebrise.
Kao Tsiué, chef des relations publiques de l'Association des chauffeurs professionnels de Taïpeh, dit que son association ne peut qu'approuver de telles récompenses de bons services alors qu'elle-même lance une nouvelle campagne d'amélioration parmi les chauffeurs.
Ainsi, l'équipe du Service de circulation de verte agissant avec efficacité depuis sa création fut justement fondée dans cet esprit en 1981. Composée principalement de volontaires, elle a d'abord décidé de n'accepter que l'adhésion de membres dont la conduite automobile était irréprochable, et verte s'est limitée à environ 150 membres.
En attendant l'alerte aux heures de pointe.
Dans les carrefours embouteillés de 5 à 7 h du soir du lundi au vendredi, prenant chacun leur tour deux fois par mois, les membres de verte tentent de créer des passages pour les voitures de la police ou les ambulances. Ils réagissent aussi à tout accident, à toute coupure de courant des feux de signalisation, aux engorgements de véhicules, etc. Quittant leur taxi, ils se dirigent sur les lieux de l'incident avec leurs bras sards à Croix verte et dirigent la circulation. Dès que la police arrive à son tour sur les lieux, les membres de verte regagnent leur véhicule.
Il est évident qu'un chauffeur de taxi ne gagne de l'argent que lorsque son taxi est en course. Mais, aux heures de pointe, les membres de verte sacrifient souvent une excellente occasion de transporter un ou plusieurs clients pour aider gracieusement à l'ordre public. N'en ressentent-ils pas quelque peine? Bien sûr, surtout, quand non loin des gens sur le trottoir attendent impatiemment un taxi vide. « Mais si la circulation est bloquée, on ne peut non plus gagner son écot. C'est un autre paiement que de quitter son siège et de se dégourdir les jambes et les bras», explique un volontaire de verte, M. Wang Hong-tch'ao.
Un lien s'est peu à peu édifié entre ces volontaires-chauffeurs de taxi et la police, d'une part, et les autres chauffeurs de taxi et le public, d'autre part. « C'est très efficace quand le public et les chauffeurs dirigent les autres chauffeurs et les piétons. Par leur exemple, nos volontaires ont aidé à promouvoir ce concept que chacun partage la responsabilité d'améliorer la circulation urbaine », affirme M. Tch'en Weï-ta, dirigeant de verte et qui est concurremment président de l'Association des Chauffeurs professionnels de Taïpeh.
M. Wang Siao-han, rédacteur en chef du quotidien Tchong-houa Jeu pao(3), voit dans les chauffeurs bavards une autre forme de médias, beaucoup plus directe que la télé, la radio ou la presse. L'auteur populaire et directrice des programmes de publique, Mme Lo Lan, dit que, si elle avait été chauffeur, elle aurait volontiers inséré dans ses romans les conservations avec ses clients. En effet, beaucoup de chauffeurs affirment que leurs clients divulguent plus volontiers des secrets personnels dans leurs «entretiens en taxi».
La police a un autre point de vue. Si chaque chauffeur transporte en moyenne vingt passagers par jour, ils sont entrés en contact avec deux millions de personnes dans toute l'Ile. La police voient en ces plus de cent mille chauffeurs les témoins auriculaires et oculaires possibles pour combattre les délits et crimes.
Et plusieurs chauffeurs animés d'un esprit social ont ainsi aidé la police d'une manière ou d'une autre. Dernièrement, le chauffeur dont on parle le plus est M. Siu Hing-fou. Auditeur régulier de publique, un jour il entendit un appel sur les ondes destiné aux chauffeurs de taxi : repérer une voiture volée, une Ford 1 600 cc. Soudain, M. Siu Hing-fou s'aperçut que la voiture devant lui répondait à la description diffusée. La prenant en course, il parvint à la coincer et l'arrêter, et alla avertir aus sitôt la police qui put arrêter le suspect peu après.
Depuis lors, M. Siu Hing-fou fait la «table d'écoute». Il note toutes les informations concernant les voitures suspectes ou volées diffusées par radio et va parfois au bureau de police pour obtenir plus de renseignements. Il tient ainsi une liste mouvante collée sur son tableau de bord. Au feu rouge, il note aussitôt tous les numéros minéralogiques qu'il aperçoit. Il a ainsi aidé la police à récupérer plus de 150 voitures au cours de ces trois dernières années.
Au nom du public reconnaissant, publique a lancé une campagne pour récompenser les chauffeurs animés comme M. Siu Hing-fou et ceux qui retournent l'argent et les objets de valeur oubliés dans leur voiture par les clients. M. Siu Hing-fou fut le premier à recevoir un tel prix. Aujourd'hui, lui et quelques autres exhibent une collection de ces trophées décernés par différentes organisations.
La nouvelle revue Kiuan-kouo Ki-tcheng-tcheu (sous-titrée Taxi Magazine) proclame que les chauffeurs de taxi ont plus souvent que d'autres l'occasion de faire une bonne action et d'être un modèle de la société. En acceptant cette responsabilité sociale et en manifestant ce courage moral, tout en croyant ferme ment que « protéger la société est se protéger soi-même», chaque chauffeur de taxi peut être un véritable «héros de la rue» et un homme parmi tant d'autres.■
(1) hien, ou hsien selon l'orthographe en usage à Taïwan, est la division administrative chinoise dépendant directement de la province, ou cheng. (Voir en fin du présent numéro.)
(2) Un yuan de Taïwan (ou New Taiwan Dollar, NT$) équivaut à environ 40 dollars américains.
(3) Tchong-houa Jeu-pao, sous-titré China Daily News, est le nom chinois du quotidien ,