>> Aujourd’hui, grâce à un soutien du public et aussi à un appui financier plus marqué des entreprises, les explorateurs insulaires sont prêts à se lancer dans de grandes aventures
En Europe et en Amérique, où l’exploration fait partie de la culture avec son côté professionnel et aussi commercial, la plupart des explorateurs signent un contrat avec une agence de relations publiques avant de prendre le départ. Leur aventure devient alors un sujet médiatique, ce qui aide à attirer l’attention.
En 2000, deux enseignantes, l’une des Etats-Unis, l’autre de Norvège, ont achevé leur marche de 100 jours sur le continent antarctique. Cet exploit fut retransmis par le biais de l’Internet grâce au soutien d’une agence de relations publiques et d’institutions académiques et scientifiques.
Un logiciel éducatif sur le pôle Sud a été ensuite créé et, avec l’assistance financière du groupe automobile Volvo, distribué gratuitement à une multitude d’écoles primaires dans le monde via l’Internet, enrichissant les connaissances des enfants sur cette région du globe.
En Occident, le soutien aux explorateurs et l’énergie créative déployée pour leurs projets sont sans doute nourris par une tradition séculaire qui s’est en quelque sorte institutionnalisée vers la fin du XIXe s., à l’ère des grandes explorations sur les cinq continents.
Comme le goût pour les explorations n’a pas attiré les esprits à Taiwan avant les années 80, les projets d’aventure, ainsi que l’évaluation de leurs difficultés, ne peuvent se comparer à ce qui se réalise ailleurs. Néanmoins, les ambitions nobles des aventuriers taiwanais et la vision de ceux qui les soutiennent méritent d’être mentionnées.
Les médias apportent de l’eau au moulin
Un regard rétrospectif jeté sur les activités des insulaires dans l’exploration ces 20 dernières années montre que les médias locaux ont joué un rôle significatif dans le développement des idées et du goût des Taiwanais pour l’aventure exceptionnelle, au point d’avoir changé les mentalités à cet égard.
Hu Jung-hua [胡榮華], rappelant son spectaculaire tour du monde en bicyclette, dit : « C’est à moins d’une semaine de mon départ que j’ai été présenté par le Rotary Club à un journaliste du quotidien United Daily News, de Taipei ». A cette époque, très peu de gens comprenaient les raisons de ce tour du monde. A la suite de cette présentation, c’est un autre organe du groupe de presse United Daily News, le Min Sheng Daily News, qui consacra une rubrique particulière à ce genre d’activité, mais les articles concernant l’expédition restaient assez circonspects. Le journal offrit cependant à Hu Jung-hua un joli magot pour les colonnes qu’il écrivait concernant son exploit, un moyen indirect de lui accorder un soutien financier. Ce n’est que lorsqu’il eut accompli la moitié de son parcours que le journal s’intéressa à lui « pour de bon ». Le groupe United Daily News remua alors ciel et terre pour le soutenir, lui permettant de poursuivre et d’accomplir son projet sans plus avoir de soucis financiers, qui en fin de compte lui prit plus d’une année. Pendant le tour, dans la rubrique Parcourons le monde à bicyclette de Hu Jung-hua, plus de 600 articles ont relaté le voyage, accaparant toute l’attention des lecteurs.
Au début de 1985, Alan Hsu [徐海鵬] et 3 de ses compagnons firent le tour du monde. Cette expédition, « Les 4 globe-trotters », avait été initiée par Wu Feng-shan [吳豐山], le directeur de la publication de l’Independence Evening Post. Pour encourager l’esprit d’entreprise et rehausser l’image du pays, il avait sélectionné 4 candidats parmi plus de 500 lors d’un concours ouvert aux jeunes qui désiraient prendre part à une marche autour de la Terre. Les explorateurs passèrent donc des centaines de nuits sous la tente, couchant là où ils achevaient leur étape de la journée, que ce soit dans les déserts de sable ou les champs de neige. Cette aventure a finalement coûté quelque 7 millions de dollars taiwanais. Avec la collaboration du groupe de presse Independence Evening Post, qui avait établi l’itinéraire, et celle de la compagnie aérienne China Airlines, qui fournit les billets d’avion pour les parcours transocéaniques, le périple s’est avéré un immense succès.
Grandes idées, petites aventures
Hormis les médias, les fabricants d’articles de loisir et de camping ont aussi promu l’alpinisme et l’exploration dans les hautes montagnes de l’île. L’an dernier, Huang I-yuan [黃一元], secrétaire général de l’Association chinoise d’alpinisme de Taipei, a lancé un projet : une expédition intitulée « Légende du léopard des neiges » comprenant l’ascension de huit sommets asiatiques de plus de 7 000 m. Un défi à relever dans les dix prochaines années. Tout de suite, les firmes Jack Wolfskin et Atunas ont apporté leur soutien financier au projet, offrant matériels et équipements en dons.
La plus grande activité organisée ici en hommage aux explorateurs, « Dans le sillage de Zheng He [鄭和] », entre dans sa phase initiale, avec une collecte de fonds. Le coût total du projet est évalué à 150 millions de dollars taiwanais, dépassant de loin tout ce qui a été fait jusqu’à présent dans ce domaine. Derrière cette idée, on retrouve Alan Hsu. Il a insisté sur le rôle des agences de relations publiques, tant dans l’île que sur l’autre rive du détroit de Taiwan, et multiplié les contacts avec les entreprises de l’île pour obtenir les fonds nécessaires.
Déjà, la célèbre société horlogère suisse Vacherin Constantin offrira une montre commémorative de l’expédition, fabriquée en série limitée et tiendra une vente de charité qui pourrait rapporter plusieurs millions de dollars taiwanais, estime-t-on. Alan Hsu aime rappeler : « S’il y a 20 ans, le groupe Independence Evening Post ne nous avait pas aidé comme il l’a fait, il m’aurait été impossible de réaliser mon rêve. »
Ces dernières années, nombreux sont ceux qui ont agi pour la promotion de projets d’exploration, tels que « Trekking sans Gengis Khan » et « Dans le sillage de Zheng He ». Le soutien des entreprises et des médias envers les jeunes explorateurs est de plus en plus marqué.
Voilà qui permet de voir l’avenir avec optimisme dans ce domaine. ■