Taiwan occupe la 43e position du Classement mondial de la liberté de la presse 2020 publié le 21 avril par l’organisation Reporters sans frontières (RSF). En recul d’un rang par rapport à l’an dernier, Taiwan prend la deuxième place en Asie, juste derrière la Corée du Sud (42e).
A Taiwan, relève RSF, « la logique commerciale à laquelle sont désormais contraints les organes d’information favorise la polarisation et une recherche du sensationnalisme, ce qui contribue à décrédibiliser un peu plus les médias et à accentuer la crise de confiance du public ».
Encore trop « peu de mesures concrètes ont été engagées pour améliorer l’indépendance éditoriale des journalistes et favoriser l’essor de médias contribuant à relever la qualité du débat public », regrette par ailleurs l’organisation. « Cette faiblesse est exploitée par la Chine, qui exerce des pressions sur les patrons de presse taiwanais – ceux-ci ont pour la plupart des intérêts commerciaux importants sur le continent. »
En 2020, la Norvège maintient pour la quatrième année consécutive sa place de premier tandis que la Finlande conserve sa deuxième position. A l’autre extrémité du Classement, la Corée du Nord (180e) ravit la toute dernière place au Turkménistan, tandis que l’Erythrée (178e) reste le pire représentant du continent africain.
C’est la zone Asie-Pacifique qui affiche cette année la plus forte dégradation de son score régional, regrette RSF qui pointe les menaces pesant sur le secret des sources en Australie (26e), la loi sur les fausses informations à Singapour (158e), ou encore le traitement des journalistes lors des manifestations pro-démocratiques à Hongkong (80e). La Malaisie (101e), après une alternance politique, affiche toutefois la plus belle progression du Classement 2020 en gagnant 22 places.
Plus largement, estime RSF, ce classement qui évalue tous les ans la situation du journalisme dans 180 pays et territoires démontre que les dix prochaines années seront sans doute « une décennie décisive » pour la liberté de la presse en raison de crises qui affectent l’avenir du journalisme : crise géopolitique (agressivité des modèles autoritaires), technologique (absence de garanties démocratiques), démocratique (polarisation, politiques de répression), de confiance (suspicion, voire haine envers les médias d’information) et économique (appauvrissement du journalisme de qualité).
« L’épidémie de coronavirus fournit une illustration des facteurs négatifs pour le droit à l’information fiable, et elle est même un facteur multiplicateur », souligne le secrétaire général de RSF, Christophe Deloire. La pandémie de Covid-19, explique ainsi RSF, a amplifié la propagation des rumeurs et des fausses informations aussi vite que le virus. Des armées de trolls d’Etat, notamment en Chine (177e), utilisent l’arme de la désinformation sur les réseaux sociaux.