10/05/2025

Taiwan Today

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Yilan, une terre fertile

06/04/2019
L’île de la Tortue, qui accueillait autrefois une installation militaire, se situe sur la côte du district d’Yilan, au nord-est de Taiwan.
Photo : Huang Chung-hsin / MOFA

Le superbe environnement naturel du district d’Yilan, dans le nord-est de Taiwan, se double d’un paysage culturel unique et diversifié.
 
« A partir du moment où le train arriva dans le district d’Yilan [en provenance de New Taipei], le tableau fut tout autre. Les horribles bâtiments gris étaient remplacés par de vertes collines et des cours d’eau limpides. Mon humeur s’adoucit immédiatement, surtout quand je vis, à ma gauche, le vaste océan bleu et l’île de la Tortue se dressant solennellement au large. »
 
—extrait du Petit Canard Ku visite Yilan de Ku Lin

Lancé dans les années 1980, le projet de gestion de la rivière Dongshan est considéré comme un tournant pour le développement du tourisme local. (Photo : Huang Chung-hsin / MOFA)

En octobre 2017, le Bureau des affaires culturelles du district d’Yilan a publié deux livres mettant en avant la diversité des paysages de cette région du nord-est de Taiwan. Le Petit Canard Ku visite Yilan et Le goût de la mer à Yilan : Une marche le long de ses 101 kilomètres de côte, écrits respectivement par les auteurs Wang Yu-ren [王裕仁], un essayiste renommé qui signe de son nom de plume Ku Ling [苦苓], et Xu Hui-long [俆惠隆], président d’une association littéraire locale. Le premier ouvrage explore six sentiers de montagnes traversant l’ouest du district et le second documente le voyage de Xu Hui-long le long de son littoral oriental, en passant par les ports de Dong’ao, Su’ao ou Wushi.
 
Ces livres ont été publiés grâce au Projet pour le développement de la littérature rurale du Bureau des affaires culturelles, une des nombreuses initiatives de l’administration locale ayant pour but de mettre en valeur les multiples atouts naturels et culturels du district. « Yilan offre une vaste étendue de montagnes boisées et une longue côte donnant sur le Pacifique, entre lesquels se trouve la fertile plaine de Lanyang, explique le directeur général du bureau, Lee Chih-yung [李志勇]. Ces conditions géographiques ont quelque peu isolé le district du reste de Taiwan et ont provoqué l’apparition d’un environnement culturel distinct. »

Les grands sites du district d’Yilan. (Illustration : Kao Shun-hui / MOFA)

Un peuplement très ancien

Les riches terres d’Yilan ont attiré et accueilli des peuplements humains pendant des millénaires, comme le montrent les vastes trésors archéologiques découverts à travers le district. Plus de 3 millions de pièces ont été excavées des sites de Dazhuwei, Hanben, Qiwulan et Wanshan. Certains de ces objets les plus précieux sont exposés au musée de Lanyang, l’une des plus grandes institutions culturelles locales de Taiwan. Le musée est géré par le Bureau des affaires culturelles du district d’Yilan.
 
Épousant la forme des pentes du littoral côtier de la commune de Toucheng qui l’entoure, la conception architecturale du musée lui a valu de nombreux prix nationaux et internationaux. L’une des premières expositions temporaires de l’institution après son inauguration en octobre 2010 a présenté des découvertes faites à Qiwulan, dans la commune de Jiaoxi, datant de plus de 3 000 ans. Une grande partie de ces objets ont appartenu à des membres de l’ethnie Kavalan, l’un des 16 peuples autochtones de Taiwan officiellement reconnus, qui furent parmi les premiers habitants du district.
 
A la fin du 18e siècle, dans un contexte d’immigration massive en provenance de l’autre rive du détroit de Taiwan, les communautés Kavalan se sont déplacées de la plaine de Lanyang vers les actuels districts de Hualien et de Taitung, respectivement dans l’est et le sud-est de Taiwan. Aujourd’hui, les Amis et les Atayal forment la majorité de la population aborigène du district d’Yilan, représentant 3,5% de ses 450 000 habitants.

Le musée Lanyang met en valeur la culture, l’histoire et la géographie locales. (Aimable crédit du Bureau des affaires culturelles du district d’Yilan)

Etant donné cette riche histoire culturelle aborigène, l’artisanat et les traditions tribales dans des domaines comme la musique et le tissage forment des composantes essentielles de l’héritage culturel immatériel d’Yilan, argumente Lee Chih-yung. Ces savoir-faire sont transmis à travers le district dans des lieux comme la Maison du travail culturel de Luodong, située dans la commune éponyme.

Un bastion culturel

La principale contribution d’Yilan au paysage culturel national est l’opéra taiwanais. Exécuté en hoklo, langue aussi appelée taiwanais et parlée par environ 70% des Taiwanais, cet art de la scène a émergé au cours du 19e siècle pour devenir une forme majeure de divertissement et un élément essentiel des fêtes religieuses populaires.
 
Le district s’attache à promouvoir et à préserver ce fier héritage à travers le Lanyang Taiwan Opera Theater, la seule troupe subventionnée du pays à être spécialisée dans l’opéra taiwanais. « Notre objectif principal est de raviver cette tradition à travers l’écriture de nouvelles pièces plus accessibles aux jeunes générations », déclare Lee Chih-yung, qui est également à la tête de la compagnie.

Un spectacle d’opéra taiwanais en plein air au Centre national des arts traditionnels. (Photo : Huang Chung-hsin / MOFA)

Le statut d’Yilan comme bastion de créativité culturelle est souligné par la présence du Centre national des arts traditionnels (NCTA) dans la commune de Wujie. Lancée en 2002 par le ministère de la Culture, la structure a pour mission de préserver les formes ancestrales d’artisanat et d’art de la scène, qu’il s’agisse du tissage du bambou, de la sculpture sur bois, des multiples styles d’opéras ou des marionnettes à gaine.
 
Le centre, une attraction touristique importante, possède des bâtiments construits selon le style architectural taiwanais classique qui se caractérise par des charpentes en bois, des murs de briques et des toits pointus aux arrêtes doucement incurvées et aux détails ornementaux colorés. On y retrouve également deux bâtisses historiques de la ville d’Yilan qui ont été relocalisées dans l’enceinte du centre. L’une date des années 1870 et l’autre des années 1920, soit respectivement du temps de la dynastie Qing (1644-1911) et de l’époque coloniale japonaise (1895-1945).

La Hanyang Beiguan Troupe en pleine représentation au NCTA. (Photo : Huang Chung-hsin / MOFA)

Selon Wu Rung-shun [吳榮順], directeur du NCTA, pour rester pertinentes auprès du public moderne, les traditions doivent demeurer fidèles à leurs racines tout en s’emparant des idées et des sujets contemporains. « Alors que des changements rapides bousculent la société et l’industrie du divertissement, notre rôle est d’assurer un avenir prospère aux apprenants et aux praticiens des arts traditionnels », indique-t-il.
 
En 2017, l’institution a commencé à coopérer avec le Bureau du patrimoine culturel du ministère de la Culture afin d’offrir des emplois à des talents ayant effectué quatre à six années d’apprentissage auprès d’artisans ou d’interprètes reconnus par le ministère comme trésors nationaux. Ce projet d’apprentissage visant à conserver l’héritage artistique du pays est dorénavant sous la supervision du NCTA. « Nous fournissons aux diplômés du programme une plateforme professionnelle afin qu’ils puissent bâtir des carrières durables dans les arts traditionnels », précise Wu Rung-shun.

L’institution propose régulièrement des représentations scéniques dans les trois salles du pays dont elle a la charge : l’établissement principal à Yilan, le Centre du théâtre traditionnel de Taiwan à Taipei et le Parc du NCTA de Kaohsiung, au sud du pays. En mars 2018 par exemple, les visiteurs du NCTA à Yilan ont pu profiter de spectacles de la Hanyang Beiguan Troupe de Luodong, et de la Fondation de l’opéra taiwanais pour la culture et l’éducation, créées respectivement par Zhuang Jin-cai [莊進才] en 1988 et Liao Chiung-chih [廖瓊枝] en 1999.

Une reconstitution d’un quartier commerçant traditionnel au NTCA abrite une variété de produits et de boutiques traditionnels. (Photo : Huang Chung-hsin / MOFA)

Une histoire foisonnante

La décision d’installer le NCTA à Yilan s’explique non seulement par la richesse de son héritage dans le domaine des arts de la scène, mais aussi et surtout par ses politiques consacrées à la préservation de ces traditions. Au début des années 1980, le district d’Yilan fut le premier du pays à proposer, au primaire comme au secondaire, un cours permettant de découvrir la géographie, l’histoire et la société locales. Cette décision avait plus d’une décennie d’avance sur le programme national du ministère de l’Éducation intitulé Connaitre Taiwan qui fut établi en 1997 pour compléter les cours relatifs à l’histoire et la culture chinoises. « Autrefois, nous n’étudiions que très peu nos racines locales et nous manquions par conséquent de confiance vis-à-vis de notre héritage, analyse Zhuang Wen-sheng [莊文生], professeur adjoint au département des biens et de la réinvention culturels de l’Université Fo Guang de Jiaoxi et fondateur d’un studio pour la recherche culturelle et historique, à Luodong. Il a fallu du temps pour changer tout ça et Yilan a été un pionnier en la matière. »

Le centre contient une bâtisse de la ville de Yilan datant des années 1870 qui y a été relocalisée. (Photo : Huang Chung-hsin / MOFA)

Une autre initiative novatrice a été la création en 1992 de l’Institut d’histoire du district d’Yilan, le premier organisme du pays à être spécialisé, à l’échelle d’un district ou d’une ville, dans la collecte, la recherche et la mise en valeur de documents historiques locaux. Zhuang Wen-sheng, qui est également membre du comité des documents de l’institut, explique que la ville d’Yilan a un riche passé et que celui-ci mérite d’être exploré plus en profondeur, particulièrement dans des quartiers comme le centre-ville qui était entouré de murs défensifs au 19e siècle, à l’époque où le gouvernement Qing en avait fait la préfecture de ce qui était alors le territoire Kavalan.
 
Si les fortifications ont aujourd’hui disparu, la vaste histoire de cette région est encore visible à travers une multitude de temples vieux de plusieurs siècles. Le district abrite également de nombreux maîtres artisans, comme le sculpteur sur bois Cai Rong-xing [蔡榮興] et le chef pâtissier Xue Wen-min [薛文敏], dont l’entreprise familiale existe depuis 130 ans environ. Avec une vingtaine d’autres, ces talents font partie d’un réseau d’artisans lancé par le Bureau des affaires culturelles en 2010 afin d’attirer les visiteurs vers les activités traditionnelles.

Le temple Zhaoying, construit en 1808 et dédié à Matsu, la déesse de la mer, est un monument historique régional de la ville d’Yilan. (Photo : Huang Chung-hsin / MOFA)

La revitalisation communautaire
Zhuang Wen-sheng contribue à la formation de guides touristiques dans le cadre d’un programme du ministère de la Culture visant à sensibiliser le public à l’histoire locale. Parmi les thématiques mises en lumière à Yilan, on retrouve l’évolution de la rivière Dongshan, située non loin du NCTA.
 
D’après Zhuang Wen-sheng, un projet de gestion de la rivière lancé dans les années 1980 a marqué un tournant pour le district en termes de sensibilisation culturelle, de protection environnementale et de promotion touristique. « Cette initiative est née d’un long dialogue entre les secteurs public et privé, avec une forte implication des communautés riveraines », indique-t-il. Le programme de revitalisation a abouti à la création du parc aquatique de la rivière Dongshan, où est organisé le Festival international du folklore et des jeux populaires pour enfants. Lancé en 1996, l’événement est devenu l’une des plus grandes attractions du pays.

Situé à l’emplacement d’une ancienne usine à papier, le Parc culturel et créatif Chung Hsing doit bénéficier d’améliorations majeures dans le cadre du Programme de développement des infrastructures d’avenir du gouvernement. (Aimable crédit du Bureau des affaires culturelles du district d’Yilan)

A cette célébration estivale s’ajoute le Happy Yilan Year, un événement qui se déroule sur une semaine et vise à marquer l’arrivée de la nouvelle année lunaire. L’édition 2018 a pris place au Parc culturel et créatif Chung Hsing de Wujie, dont les locaux datant de 1935 formaient autrefois l’une des plus grandes usines à papier d’Asie de l’Est.
 
De plus amples travaux de restauration, mais aussi des projets de promotion des talents sont prévus pour le parc dans le cadre des dispositions relatives à l’aménagement urbain et rural du Programme de développement des infrastructures d'avenir du gouvernement. Cette initiative globale vise à réfléchir aux besoins du pays en infrastructures clés pour les 30 ans à venir. Le volet « urbain/rural » de ce programme doit permettre d’améliorer la qualité de vie dans les villes et communes de taille moyenne à travers tout le pays.
 
« Nous travaillons en étroite coopération avec les ministères de la Culture et de l’Économie pour développer les ressources culturelles locales et les opportunités commerciales relatives, précise Lee Chih-yung. Ces efforts ne s’attachent pas seulement à organiser des événements, mais aussi à renforcer la relation entre la population et leur terre natale. »

Ouverte il y a 130 ans environ, l’entreprise familiale du chef pâtissier Xue Wen-min reste très appréciée des locaux. (Photos : Huang Chung-hsin / MOFA)

Le maître artisan Cai Rong-xing vend une variété de produits sculptés traditionnels comme des articles décoratifs ou des moules à dessert. (Photos : Huang Chung-hsin / MOFA)

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