23/05/2025

Taiwan Today

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Transports : sur une voie plus verte

26/06/2021
Illustration : Lin Hsin-chieh / MOFA

Taiwan s'attaque au changement climatique en adoptant des stratégies allant de l'amélioration des systèmes de transport public à la promotion de l'utilisation de véhicules électriques.

Les habitants de la ville de Chiayi, dans le sud de Taiwan, sont en train de gagner en confort de vie et tout cela dans le respect de l’environnement. Depuis l'année dernière, la flotte de bus municipaux ne comprend plus que des véhicules électriques, et la longueur totale des trajets desservis devrait passer de 36 km en 2019 à 88 km d'ici la fin de l’année 2021. En outre, les horaires ont gagné en fréquence de passage, les services n’étant plus espacés que de 15 à 30 minutes, contre 1 à 2 heures auparavant.

Selon Chang Chiung-hsi [張瓊璽], directrice de la section administrative des transports au département local des transports, les bus urbains n’étaient pas courants dans le passé à Chiayi. « Mais maintenant, ils font partie intégrante de la vie quotidienne et ils sont très populaires auprès des habitants », ajoute-t-elle, citant la hausse du nombre d'usagers, passé de 80 000 en 2017 à 260 000 l'année dernière.

Chiayi est l'une des municipalités modèles de Taiwan en matière de développement des transports verts. Lin Chi-kuo [林繼國], directeur général de l'Institut des transports au ministère des Transports et des Communications (MOTC), a ainsi déclaré que l'optimisation des systèmes existants et la promotion des véhicules électriques sont des stratégies allant de pair pour réduire les émissions de carbone. « Il est essentiel de disposer de transports publics viables afin de convaincre la population de réduire sa dépendance à l'égard des voitures et des motos. »

La ligne panoramique qui longe la vallée du rift oriental, dans l'est de Taiwan, devrait être plus propre et plus verte une fois que l'administration des chemins de fer de Taiwan aura achevé la mise en place d'une double voie en 2030. (Photo : aimable crédit de Lin Chia-yen)

A qui la faute ?

Ces véhicules, selon M. Lin, sont une source importante de pollution atmosphérique et de gaz à effet de serre. Un rapport publié par le MOTC en 2018 a révélé que le transport routier représente 95,5 % des émissions produites par l'ensemble du secteur. Ce chiffre est à comparer avec 2,2 % pour le rail, 1,5 % pour les cours d'eau et 0,8 % pour l'aviation. D’autres statistiques indiquent que 63,8 % des émissions routières proviennent des voitures particulières et des motos. Au total, le secteur des transports est responsables à Taiwan de 12,7 % des émission.

Lin Chi-kuo pense que ces chiffres révèlent un besoin sous-jacent d'amélioration, notamment dans le domaine du transport ferroviaire. « Les investissements de Taiwan dans les infrastructures liées au transport ont eu tendance à se concentrer sur les autoroutes. Mais au cours de la dernière décennie, cette orientation a été remise en question. »

Un exemple prégnant de ce propos est l'expansion qu’a connu le train à grande vitesse de Taiwan (THSR). Depuis 2017, la priorité absolue du gouvernement a été de prolonger de la ville de Taipei au nord à celle de Kaohsiung au sud la ligne de 350 km du THSR, longeant l'ouest du pays où se concentre la population. La modernisation des métros et des lignes ferroviaires classiques figure également parmi les priorités. Cinq des six municipalités spéciales de Taiwan disposent désormais d'au moins une ligne de métro, complétée par des systèmes de tramway à Kaohsiung et à New Taipei.

Transport express vert

L'administration du Rail de Taiwan (TRA), opérateur du réseau ferroviaire de l’île, âgé de 130 ans, se fait le champion de la cause des transports verts. Pour séduire les passagers qui parcourent de courtes distances via les autoroutes, l'agence supervisée par le MOTC est en train de construire des gares supplémentaires sur les itinéraires les plus fréquentés et met en place davantage de services pour répondre à la demande croissante. Depuis le début des années 2000, près de 40 gares de ce type ont été lancées, et d'autres sont en préparation.

La TRA encourage également les passagers à agir pour l’environnement en intégrant dans leurs déplacements quotidiens des trajets à vélo, l’un des sports favoris des Taïwanais. En 2009, l'agence a commencé à proposer des espaces réservés aux vélos dans les trains et les gares. Le nombre total d'emplacements dans les trains de la TRA a augmenté régulièrement pour atteindre 694 et devrait atteindre 1 318 d'ici 2023.

Un voyageur monte dans un bus électrique dans l’arrondissement de Tamsui à New Taipei City, « branché » sur la ligne écologique du gouvernement. (Photo : Chin Hung-hao / MOFA)

La TRA a enregistré une fréquentation record de 236 millions de passagers en 2019. L'agence prévoit des chiffres encore plus positifs à l'avenir grâce à un investissement de 99,7 milliards de dollars taïwanais (TWD) sur quatre ans pour remplacer la moitié de ses 2 595 wagons d'ici 2024. Feng Hui-sheng [馮輝昇], directeur général adjoint de la TRA, a déclaré que ce renouvellement sans précédent des équipements est une aubaine pour les transports verts. « Les nouveaux wagons sont économes en énergie et renforceront encore les références de l'agence en tant que prestataire de services soucieux de l’environnement. »

Comme la majorité des lignes de la TRA sont à double voie, l'agence met tout en œuvre pour que toutes les sections à voie unique restantes soient modernisées dans les plus brefs délais. Une attention particulière est accordée aux lignes de la TRA qui serpentent le long de la vallée du rift oriental dans les districts de Hualien et Taitung, sur la côte est.

Souvent décrites comme le trajet ferroviaire le plus pittoresque du pays, ces lignes offrent des vues inégalées sur des chaînes de montagnes côtières accidentées, une végétation luxuriante et des hameaux ruraux. Les billets pour ce trajet de 160 km doivent être réservés des semaines à l'avance, ce qui oblige les habitants à prendre le bus, la voiture ou le scooter pour se rendre d'un point à l'autre. Le doublement des lignes électrifiées d'ici à 2030 permettra d'en élargir l'accès, de réduire le transport routier et d'ajouter 17 000 trajets par an.

Un rêve électrique

La tendance est également à l'électricité pour les véhicules à moteur. Le secteur est en pleine expansion grâce aux subventions du MOTC pour l'achat de divers véhicules électriques (VE), en particulier les bus. Les opérateurs peuvent bénéficier de paiements allant jusqu'à 10 millions de TWD par VE. Actuellement, 560 des 11 000 autobus urbains de Taiwan sont électriques, l'objectif ambitieux du remplacement complet de la flotte étant fixé à 2030.

Les subventions accordées par le gouvernement sont en grande partie responsables de la popularité croissante des scooters électriques (e-scooters) à Taiwan, tout comme son engagement à soutenir le développement d'un environnement de plus en plus propice à l’installation de stations de recharge. Selon le MOTC, plus de 3 % des scooters circulant sur les routes de Taïwan fonctionnent à l'électricité.

Tous les bus de la ville de Chiayi, dans le sud de Taiwan, fonctionnent à l'électricité. (Photo : aimable crédit de la municipalité de Chiayi)

Les scooters électriques ne sont pas les seuls VE au centre d’offres promotionnelles. L'achat et l'utilisation de voitures électriques sont encouragés par diverses incitations fiscales. Par exemple, la taxe sur les produits de base de 30 % est supprimée pour les achats inférieurs à 1,4 million de TWD, et au-delà de cette somme, le reste est imposable à un taux de 15 %. L'initiative doit prendre fin au mois de décembre 2021, mais une prolongation est envisagée. Cela devrait porter le nombre de voitures particulières fonctionnant à l'électricité à Taiwan au-delà des 10 000 actuelles, sur un total de 7 millions de véhicules - une amélioration significative par rapport aux 1 213 voitures électriques enregistrées en 2018.

 

Un engagement total

Les secteurs public et privé de Taiwan sont sur la même longueur d'onde lorsqu'il s'agit des transports écologiques. Parmi les exemples récents, on peut citer l’entreprise China Motor Corp., basée à Taoyuan et qui met au point des fourgonnettes électriques destinées à être utilisées comme véhicules de distribution du courrier depuis 2018, ainsi que l'Institut de recherche sur les technologies industrielles (ITRI), soutenu par l’Etat et qui coopère avec des entreprises locales pour fabriquer des bus en utilisant des composants produits dans le pays, sous les auspices du Bureau de promotion des véhicules électriques créé l'année dernière.

Cette unité de l'ITRI a été l'un des principaux instigateurs du lancement de l'Alliance taïwanaise pour la promotion de la technologie de recharge électrique des véhicules électriques, en septembre 2020. Chargée de s'attaquer à l'un des principaux obstacles à l'adoption des VE, l'alliance comprend des agences gouvernementales telles que le MOTC et le ministère de la Protection environnementale, ainsi que des associations industrielles, des grandes entreprises automobiles et des opérateurs de bornes de recharge.

Du fait de la variété des fabricants de VE exploitant des installations de recharge autonomes pour leurs clients respectifs, l'alliance dirigée par l'ITRI est confrontée à un défi de taille : coordonner les efforts des membres pour construire des stations de recharge rapide standardisées dans tout Taiwan. Larry Chan [張念慈], directeur commercial du Bureau de promotion des véhicules électriques de l’ITRI, considère que cette initiative est cruciale pour stimuler l'utilisation des petites voitures électriques. « Dans un contexte de préoccupation mondiale croissante à l'égard du changement climatique, les stations de recharge vont remplacer les stations-service à un rythme rapide », a-t-il déclaré, ajoutant que ces dernières pourraient appartenir au passé dans quelques décennies.

L'intégration de technologies intelligentes est un autre moyen d'accélérer les transports écologiques. Le directeur général Lin a déclaré que d'importantes quantités d'énergie peuvent être économisées, même lorsque les systèmes atteignent un certain niveau de performance. Il a ainsi fait l'éloge des premiers arrêts de bus intelligents de Taiwan dans la ville de Taipei. Conçu à l’origine pour afficher de manière continue les temps d'attente entre les services, ce système innovant a été amélioré pour permettre aux habitants de suivre les bus en temps réel grâce à une application conçue pour les appareils mobiles.

La ligne marron à Taipei illustre sereinement le succès de l'approche multidimensionnelle du gouvernement en matière de transports verts. (Photo : Chin Hung-hao / MOFA)

Fluidifier la circulation pour réduire les émissions

Les systèmes de paiement simplifiés tels que la « EasyCard » constituent un autre volet des efforts déployés par le gouvernement pour promouvoir les transports écologiques. Utilisée pour la première fois dans le métro et les bus de Taipei en 2002, puis dans le réseau de la TRA, on considère que la carte à puce a été décisive pour convaincre la population d'échanger les routes encombrées et la pollution contre des voyages sans stress et dans un meilleur respect de l’environnement.

La carte « MeN Go » est tout aussi efficace en matière d'impact écologique. Mis au point par l'Institut des transports du MOTC, ce système est utilisé avec succès à Kaohsiung depuis 2018. Il est utilisé pour les services de partage de vélos, de bus urbains, de ferry, de tramway, de métro et de taxi, et il connait une grande popularité auprès des habitants.

Au cours des trois dernières années, l'ITRI s’est appuyé sur la puissance de l'intelligence artificielle (IA) pour mettre en place quatre projets visant à améliorer l'efficacité et la sécurité du trafic. L'un d'entre eux, lancé il y a deux ans dans la ville de Taichung, dans le centre de Taiwan, utilise des caméras équipées d'IA pour capturer les images des flux de véhicules. Les données servent de base aux ajustements et à l'amélioration de l’alternance des feux de circulation. Les temps de trajet sur les principales routes de la zone évaluée ont diminué de 10 % aux heures de pointe en semaine, réduisant ainsi considérablement les émissions.

« Bien qu'il reste un long chemin à parcourir, les efforts continus ont aidé le pays à atteindre l'objectif de réduction des émissions de gaz à effet de serre dans le secteur des transports de 2 % à la fin de l'année 2020, par rapport aux niveaux de 2005 », a déclaré M. Lin. Cet objectif, atteint plus tôt que prévu, a permis de réduire de 2,61 % les émissions du secteur des transports en 2019. « C'est une réponse adéquate au réchauffement de la planète, un problème qu'un membre responsable de la communauté internationale comme Taiwan doit aussi traiter » conclut-il. 

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