De plus en plus de professionnels étrangers rejoignent les industries de haute technologie à Taiwan.
Le salon annuel du vélo Taipei Cycle qui s'est tenu cette année au centre d'exposition Nangang de la capitale taïwanaise, est l'endroit idéal pour découvrir les dernières tendances et tester les nouvelles technologies. Oganisé par le Conseil pour le développement du commerce extérieur de Taiwan (TAITRA), c’est le plus grand salon à Taiwan consacré au vélo, et c'est là que Mark Peterman, fondateur d'Air Fom, a décidé de présenter ses inserts en mousse multicouches, inventés pour remplacer les chambres à air traditionnelles remplies d'air. « Ce produit est une innovation disruptive. Aucun autre pneu sans air n'est aussi performant », déclare ainsi l'entrepreneur américain.
Ang Ai-tee, ingénieure malaisienne dans la branche de Hsinchu de la société AMD, dans le nord de Taiwan, travaille depuis son domicile. (Photo aimablement fournie par Ang Ai-tee)
Mark Peterman est l'un des nombreux entrepreneurs étrangers qui font carrière à Taiwan et aident le pays à mettre en œuvre l'initiative des six industries stratégiques de base dévoilée en 2020, laquelle couvre des secteurs allant de l'informatique et des technologies numériques aux énergies vertes et renouvelables. Comme d'autres professionnels étrangers, ce natif des États-Unis est stimulé par un environnement favorable aux affaires, encouragé par les institutions gouvernementales et privées. L'ancien coureur semi-professionnel de vélo sur route s'est installé dans la ville de Taichung, dans le centre de Taiwan, il y a neuf ans et a créé sa propre entreprise dans la métropole en 2018. Mark Peterman cite la main-d'œuvre éduquée et motivée de Taiwan et les abondantes ressources en hautes technologies comme autant d'incitations à s'installer dans le pays.
Pendant plusieurs années, l’entrepreneur américain a cherché des matériaux appropriés pour produire des pneus sans air de qualité. Il a fini par trouver une entreprise de production de polymères de qualité supérieure dans le district de Changhua, dans le centre de Taiwan. Cette découverte a joué un rôle clé dans la réalisation du concept du produit grâce à la technologie du polyuréthane thermoplastique, qui a permis à Air Fom de créer des pneus offrant une expérience de conduite fluide sans que les cyclistes aient jamais à risquer une crevaison. Grâce à cette solution innovante contre les crevaisons, l'entreprise taïwanaise de Mark Peterman a remporté une médaille d'or aux Edison Awards 2020 dans la sous-catégorie « mobilité personnelle ».
Le chercheur postdoctoral Ali Sadeghianjahromi, originaire d'Iran, dans son laboratoire de l'université nationale Yang Ming Chiao Tung à Hsinchu. (Photo de Chin Hung-hao / MOFA)
Ciblant les opérateurs de vélos partagés, Air Fom a commercialisé son produit phare en Allemagne, en Suisse et dans trois autres pays européens, et a déposé avec succès des demandes de brevets à Taiwan et aux États-Unis. L'entreprise s'est progressivement forgée une réputation de pionnier du transport écologique et de la mobilité en tant que service (« Mobility as a service » ou MaaS), un concept visant à réduire la dépendance à l'égard des véhicules personnels. À l'heure actuelle, Air Fom n'a pas encore pénétré le marché national, mais Mark Peterman ne manque aucune occasion de promouvoir son composant innovant. L'invention aide les opérateurs de location et de partage de vélos à économiser les coûts liés au remplacement des pneus endommagés et constitue donc un investissement judicieux dans les transports écologiques. « Les voitures ont un impact massif sur l'environnement urbain. Elles provoquent des embouteillages et émettent des gaz à effet de serre, poursuit-il. Les vélos MaaS sont un moyen agréable de contrecarrer cela et Air Fom fait partie de l'équation. »
Un havre pour la recherche
Alors que Mark Peterman cherche des moyens d'améliorer l'efficacité des transports verts, Ali Sadeghianjahromi s'intéresse lui aussi à l'énergie, mais dans sa conversion. Cet Iranien est d'abord venu à Taiwan en tant que doctorant en 2018 pour un stage de six mois dans un laboratoire dirigé par Wang Chi-chuan [王啟川] au département d'ingénierie mécanique de l'université nationale Yang Ming Chiao Tung (NYCU), dans la ville de Hsinchu, dans le nord de Taiwan. L'année suivante, il est devenu chercheur postdoctoral dans le même laboratoire.
« Avant ma première visite à Taiwan, je savais très peu de choses de ce pays, si ce n'est sa réputation en matière d'appareils électroniques de haute qualité, déclare l'universitaire qui travaille dans des domaines tels que la conception d'échangeurs de chaleur et le refroidissement électronique. Cette visite m'a donné l'occasion d'examiner de près Taiwan, ses habitants, le pays et le développement technologique local, et je l'ai trouvé très avancé », ajoute-t-il. Ses recherches comprennent des projets commandés par des entreprises telles que Kaori Heat Treatment Co. et Taiwan SRP Heat Exchanger Inc, deux grandes entreprises taïwanaises spécialisées dans le développement de produits thermiques. Ali Sadeghianjahromi s'est ainsi retrouvé à l'avant-garde de la croissance technologique du pays. « Les entreprises privées peuvent améliorer leurs produits en collaborant avec le monde universitaire, ce qui donne lieu à des solutions créatives dans le cadre des recherches et des brevets les plus récents », affirme-t-il.
Ali Sadeghianjahromi célèbre le Nowruz, le nouvel an iranien qui a lieu en mars, avec des collations iraniennes traditionnelles chez lui, sur le campus de la NYCU. (Photo aimablement fournie par Ali Sadeghianjahromi)
L'étroite coopération du laboratoire avec les leaders de l'industrie a également eu un impact positif sur la NYCU, en aidant l'université à progresser dans les classements mondiaux, ce qui place les étudiants de la NYCU en meilleure position pour rejoindre les meilleures entreprises. Le chercheur iranien a déjà publié plusieurs articles dans des revues internationales sur les résultats de sa coopération industrie-université. Selon Wang Chi-chuan, les étudiants taïwanais se montrant moins intéressés qu'auparavant par l'obtention d'un doctorat, les travaux entrepris par l'universitaire iranien et trois autres chercheurs postdoctoraux étrangers sont devenus particulièrement importants dans son laboratoire. L'unité a ainsi recruté 35 autres étudiants de maîtrise et doctorants locaux et étrangers. « J'accueille volontiers les chercheurs internationaux car je veux que mes étudiants taïwanais aient une perspective plus large du travail en collaboration avec des universitaires de cultures différentes », ajoute-t-il.
La plupart des chercheurs postdoctoraux travaillent dans une unité pendant trois à cinq ans. Ali Sadeghianjahromi postule donc actuellement pour d'autres emplois, car il prévoit de rester dans le pays. Entre-temps, sa femme l'a rejoint et poursuit un MBA à l'université nationale Tsing Hua, également à Hsinchu, et obtiendra son diplôme cet été avant de poursuivre son doctorat à Taiwan. « La vie est belle ici. Nous venons d'acheter une voiture pour pouvoir visiter le pays », confie-t-il.
Un saut de puce pour une carrière brillante
Le gouvernement a fait preuve de clairvoyance dans sa planification pour maintenir la position de Taiwan en tant que pôle de haute technologie, et le système d'enseignement supérieur est un élément essentiel de ce modèle. Les étudiants internationaux titulaires d'un master peuvent rester dans le pays pour choisir un emploi parmi les entreprises exceptionnelles et les start-up en pleine expansion qui peuplent les incubateurs et les parcs technologiques du nord au sud. Ces efforts portent leurs fruits sous la forme d'un afflux de cerveaux, puisque de jeunes professionnels brillants obtiennent leur diplôme et se lancent dans une carrière à Taiwan. Les magnifiques paysages du pays ajoutent à l'attrait des perspectives d'emploi prometteuses. Ce dernier aspect s'est révélé si attrayant pour Ang Ai-tee, une trentenaire originaire de Penang, un État du nord de la Malaisie, qu'elle a décidé de s'y installer. Cette ingénieure est titulaire d'un master de l'université nationale de Taiwan et a travaillé pendant six ans chez Taiwan Semiconductor Manufacturing Co. (TSMC) à partir de 2012. Au cours de sa carrière chez TSMC, elle a breveté cinq solutions pour améliorer la procédure de conditionnement des puces, solutions qu'elle a développées à la fois en solo et avec une équipe. « L'entreprise se distingue par son attitude consistant à encourager l'innovation. Ses projets de recherche sont bien financés, ce qui permet au personnel de mettre en œuvre les meilleures solutions », dit-elle.
Les solutions brevetées en matière de procédures de conditionnement des puces constituent la contribution d'Ang Ai-tee aux industries de haute technologie de Taiwan. (Photo de Chin Hung-hao / MOFA)
Ang Ai-tee travaille actuellement pour la filiale de Hsinchu d'Advanced Micro Devices, Inc. (AMD), une multinationale américaine de semi-conducteurs sans usine et l'un des principaux fournisseurs de puces pour les marchés de l'informatique et des communications du monde entier. Elle conçoit des emballages sophistiqués pour les puces, dont la fabrication est confiée à TSMC. Les deux géants de l'industrie coopèrent étroitement grâce à des ingénieurs comme Ang Ai-tee. Cette Malaisienne, qui a également aidé AMD à obtenir un brevet, a réussi une belle carrière à Taiwan. Le secteur de la haute technologie comporte des aspects exigeants, comme les longues heures de travail, mais Ang Ai-tee sait comment trouver un équilibre entre vie professionnelle et vie privée. « Il y a tellement d'activités de plein air à Taiwan. Beaucoup de mes collègues et amis font régulièrement de l'alpinisme et de la course à pied », dit-elle.
C’est à Taiwan qu’Ang Ai-tee a d'abord essayé la plongée sous-marine et très vite elle s’est passionnée pour cette activité, complétant les cours de certificat de plongée en 2020 à Xiaoliuqiu, un îlot au large de la côte sud-ouest de Taiwan. « Depuis plus d'un an, j'ai régulièrement amélioré ma condition physique en courant régulièrement sur 5 000 mètres, ce qui me permet de profiter davantage des sports de plein air », dit-elle. La jeune femme ne manque pas de souligner combien elle est satisfaite des avantages de vivre à Taiwan. « Les magasins sont ouverts 24 heures sur 24 et proposent un large éventail de services, ce qui est particulièrement important pour les personnes qui, comme moi, travaillent souvent tard. Le système médical taïwanais est également bon, et il est facile de se rendre chez le médecin », commente-t-elle. En 2020, dans le cadre de ses projets à long terme de vivre à Taiwan, elle a acheté un logement dans la ville de Zhubei, dans le district de Hsinchu, où elle a facilement accès au système ferroviaire à grande vitesse du pays qui dessert les grandes villes du pays tout en lui permettant de s'adonner à ses loisirs. « Je suis très heureuse de ma vie ici, conclut-elle. J'ai l'intention de m’installer durablement. »