Une bourse d'études du gouvernement taïwanais permet de former des talents de haut niveau dans le domaine des arts et du design.
Hsu Shih-chien [徐世謙], étudiant diplômé du département de design de l'université Nationale des sciences et technologies de Taiwan, à Taipei, est rentré à Taiwan en septembre dernier après avoir obtenu un certificat en animation et réalisation technique de créatures numériques au Sheridan College, au Canada. C’était le premier voyage à l’étranger de cet étudiant de 24 ans qui témoigne sur la façon dont sa vie a changé grâce aux nouvelles perspectives ouvertes par cette expérience : « Ce certificat d'un an est conçu pour répondre aux demandes de l'industrie et permet aux étudiants d'étudier les techniques avancées d'animation par ordinateur, d'améliorer leurs compétences techniques et leur créativité, et d'étoffer leur portfolio professionnel », déclare-t-il. « J'ai appris beaucoup de techniques concrètes telles que la modélisation 3D et le rigging, ainsi que la manière de mettre en pratique une animation technique précise. L'acquisition de compétences professionnelles est une grande aide à la recherche d'emploi », ajoute-t-il.
Le voyage de Hsu Shih-chien au Canada a été rendu possible grâce au soutien financier du ministère de l'Éducation (MOE). C’est en 2005 que le MOE a lancé ce programme de bourses destiné aux étudiants dans le domaine des arts et du design souhaitant poursuivre leur formation à l’étranger (Scholarship Program for Overseas Study in Arts and Design – SPOSAD). Les bénéficiaires de ce programme ont l’opportunité d’étudier dans des universités prestigieuses ou de faire un stage dans des entreprises de premier plan pendant un an. En 2022, ce sont 342 étudiants qui ont chacun reçu une bourse d'environ 1,5 million de dollars taïwanais (TWD) pour couvrir leurs frais de scolarité et leurs dépenses sur place.
Collaboration avec l'industrie
Selon Hsu Shih-chien, les établissements d'enseignement supérieur à l'étranger entretiennent des liens étroits avec les organisations professionnelles, ainsi qu’avec les dirigeants et les artistes des studios d'animation et d'effets visuels, et ces interactions préparent mieux les étudiants à entrer sur le marché du travail. Mis en œuvre par l'université nationale des sciences et technologies de Yunlin (NYUST), dans le district du même nom situé dans l'ouest de Taiwan, le programme de bourses est ouvert aux étudiants de premier et deuxième cycles qui se spécialisent dans l'une des cinq disciplines suivantes : architecture et conception paysagère, animation numérique, design de mode, design de produit et design de communication visuelle. Li Tzu-chiang [李子強], professeur assistant au département de design des médias numériques de la NYUST et chef de projet de la SPOSAD, explique que la bourse du ministère de l'Éducation est destinée aux étudiants excellant en art et en design afin de les envoyer à l’étranger dans des formations avancées et de les aider à se créer des réseaux internationaux. « Une bourse peut changer le cours de la vie d'un étudiant et lui ouvrir des perspectives jusqu'alors inaccessibles ou impensables, c’est particulièrement vrai pour ceux qui n’en ont pas les moyens financiers, dit-il. Nous attendons des bénéficiaires qu'ils utilisent les connaissances acquises à l'étranger pour avoir un impact positif sur la société taïwanaise et faire progresser les industries culturelles et créatives du pays. » Le dossier de Hsu Shih-chien lui a permis d'obtenir une bourse de la société américaine DreamWorks Animation et d'effectuer un stage chez Sony Pictures' Imageworks, dont le siège est à Vancouver, au Canada.
Hsu Shih-chien se tient devant une exposition de son portfolio constitué lors du programme en animation de créatures numériques sous la direction technique du Sheridan College au Canada, qu'il a suivi grâce à l'initiative SPOSAD. (Photo de Chen Mei-ling / MOFA)
Des horizons élargis
Actuellement, la NYUST collabore avec 26 universités et entreprises au Canada, au Japon, aux États-Unis et dans des pays européens comme le Danemark, la France, l'Allemagne, les Pays-Bas et le Royaume-Uni pour mettre en œuvre le SPOSAD. Chaque année, l'université taïwanaise invite les représentants de ses partenaires internationaux à des stages où sont présentés aux futurs étudiants leurs cours et leurs méthodes d'enseignement dans le cadre du processus de sélection des candidats. « L'art et le design contribuent à une meilleure qualité de vie. Ils éveillent les sens et enrichissent nos expériences esthétiques dans tous les aspects de la vie quotidienne, qu'il s'agisse des vêtements que nous portons ou des espaces de vie que nous aménageons », poursuit ainsi le professeur Li. Conscient de cette réalité, le MOE a mis en place un programme offrant de généreuses bourses pour soutenir le développement de différentes carrières professionnelles. Chaque chef de projet encourage les étudiants universitaires à demander un financement et à profiter pleinement de la possibilité d'élargir leurs horizons dans des environnements d'apprentissage d’élite, tout en étant exposés à d'autres cultures.
Le SPOSAD permet à un grand nombre de personnes de revenir à Taiwan et de contribuer à son développement grâce aux nouvelles compétences et connaissances acquises. Certains bénéficiaires travaillent dans des entreprises bien établies ou dirigent leurs propres studios dans leur pays ou à l'étranger, tandis que d'autres deviennent réalisateurs ou éducateurs. Jack Xu [徐捷中], un autre bénéficiaire de la bourse du ministère de l'Éducation, s'est rendu au Royaume-Uni pour étudier la conception de produits au Royal College of Art (RCA) en 2020, tout en se spécialisant dans le design industriel à l'université Shih Chien de Taipei. « Le RCA est la meilleure école d'art et de design au monde, déclare-t-il d’emblée. La philosophie de son programme consiste à explorer la signification du design : ce qu'il est et pourquoi il est nécessaire. Ce sont là des questions qui encouragent une pensée critique. » L'école londonienne aborde la discipline à de multiples niveaux, du plus conceptuel au plus pratique, avec une forte culture de la créativité, de l'originalité et de l'innovation, ajoute-t-il. Aussi Jack Xu a-t-il eu accès à diverses sources d'apprentissage en dehors des salles de classe, en profitant de l'architecture variée et dynamique de la ville, en visitant des expositions et des musées et en voyageant, tout en vivant dans une famille britannique. Cette immersion à 360 degrés a amélioré sa sensibilité esthétique et sa conscience interculturelle. « Au RCA, j'ai appris une approche centrée sur l'humain, appelée design thinking, dont le but est de trouver des solutions aux problèmes de la société, explique le jeune homme de 25 ans. Les designers se doivent d’assumer une responsabilité sociale dans leur travail et comprendre les implications de leurs créations. »
Le lauréat du SPOSAD Jack Xu (à g.), présente un projet expérimental de conversion de sons en images au Royal College of Art de Londres. (Photo aimablement fournie par Jack Xu)
Une portée plus large
L'idée de concevoir des produits ayant un impact social a inspiré Jack Xu et a influencé le développement de sa carrière. Il suit actuellement un programme d'études supérieures au département de design industriel de l’université nationale unie, à Miaoli dans le nord de Taiwan. Jack et ses camarades de classe travaillent avec le professeur associé Hsu Yi-chuan [徐義權] au lancement du projet « Loop Far » qui utilise des plants de luffa pour créer des produits durables et respectueux de l'environnement. Selon Jack, les luffas constituent une excellente alternative aux produits en plastique car ils se décomposent complètement et éliminent le problème des déchets dans les décharges. Les fibres ont une texture rugueuse, ce qui en fait l'outil de nettoyage et d'exfoliation idéal pour la cuisine ou la douche. Elles présentent également d'excellentes propriétés de résistance à la compression, à la flexion, aux chocs et à la traction et peuvent donc être utilisées comme récipients, boîtes à œufs et protections pour emballer des objets fragiles.
Le projet « Loop Far » fait partie des lauréats du « 2021 Youth Dream Building Project » financé par la fondation culturelle et éducative de l’entreprise Taiwan Semiconductor Manufacturing Co. (TSMC), laquelle cherche à encourager les étudiants à s'impliquer dans les questions sociales. Avec l'aide financière de la fondation, l'équipe de Jack cherche à étendre les applications de la fibre de luffa, à promouvoir sa culture et à augmenter sa valeur économique. « J'aspire à devenir un artisan du changement et un entrepreneur social, déclare-t-il. Mon idée est d’utiliser des matériaux durables dans des projets de conception afin de promouvoir les objectifs de développement durable des Nations unies et de relever les défis environnementaux, sociaux et technologiques. »
Depuis son lancement, la SPOSAD a permis à de nombreux étudiants en art et en design, comme Hsu Shih-chien et Jack Xu, de progresser sur le plan professionnel en élargissant à la fois leurs compétences et leur vision du monde, ce qui fait d’eux des atouts pour les industries culturelles et créatives du pays. « Le développement des ressources humaines est la clé de la compétitivité nationale sur un marché mondial en constante évolution, insiste le professeur Li. Le programme de bourses du MOE est une stratégie gagnante pour renforcer l'éducation liée à cette industrie et développer une économie créative dynamique. »