15/05/2025

Taiwan Today

Taiwan aujourd'hui

Une ressource précieuse

28/12/2024
Le mont de Jade, Yushan, dans le centre de Taiwan, est le plus haut sommet du pays, s'élevant à 3 952 mètres au-dessus du niveau de la mer. Il a donné son nom au parc national qui recouvre ce massif.
Photo de Huang Chung-hsin / MOFA

Une géologie unique et un rayonnement international permettent aux parcs nationaux d’atteindre leurs objectifs de conservation.

En 2022, le ministère de l’Intérieur (MOI) a organisé un forum pour célébrer le 50e anniversaire de la Loi sur les parcs nationaux, promulguée en 1972 afin de réserver des espaces pour les loisirs publics et la recherche scientifique, et de protéger les paysages naturels, la faune et les sites historiques du pays. Lors de cet événement, le ministère a publié une déclaration reconnaissant les parcs nationaux comme essentiels à la conservation et constituant un vecteur important pour les relations internationales. Il s’est engagé à promouvoir des partenariats au sein du réseau des parcs nationaux et avec les communautés voisines, ainsi qu’à aligner les systèmes de gestion sur les normes internationales.

Le parc national de Shei-Pa abrite le deuxième plus haut sommet de Taiwan, ainsi que des vestiges géologiques et biologiques de la dernière période glaciaire. (Photo de Chen Mei-ling / MOFA)

En 2023, le MOI a regroupé la gestion des parcs nationaux de Kenting, Kinmen, Shei-Pa, Taijiang, Taroko, Yangmingshan et Yushan, ainsi que celle des parcs nationaux marins de Penghu Sud et de Dongsha et du parc naturel national de Shoushan, sous l’égide du Service des parcs nationaux (NPS). Selon Chen Mao-chun [陳茂春], l’ancien directeur général du NPS qui a pris sa retraite en août 2024, les parcs nationaux représentent 8,65 % de la superficie totale du pays. Ces espaces respectent aussi la Loi sur la conservation des zones humides et de la Loi sur la gestion des zones côtières. « Nos parcs nationaux intègrent des écosystèmes de conservation des terres allant des régions montagneuses et semi-sauvages aux zones côtières », déclare ainsi Chen Mao-chun. « Ces environnements diversifiés ont le potentiel de transcender les frontières politiques grâce au soft power. Ils constituent une identité de marque puissante pour le pays », ajoute-t-il.
 
Wang Wen-cheng [王文誠], professeur au département de géographie à l’université nationale normale de Taiwan, à Taipei, reconnaît que les parcs nationaux peuvent jouer un rôle important dans la représentation internationale. Le professeur Wang préside ainsi l’Association des parcs nationaux de Taiwan, laquelle a contribué à l’organisation du forum de 2022 dans la capitale. Il souligne que le pays possède une grande biodiversité. « En raison de la topographie couvrant un large éventail d’altitudes, une grande variété d’espèces vit sur l’île et, de ce point de vue, les parcs nationaux et leurs riches ressources environnementales sont une source de fierté pour le pays », explique-t-il.

Le busautour à joues grises est un élément clé de la conservation des rapaces migrateurs au sein du parc national de Kenting, dans le sud de Taiwan. (Aimable crédit photo du parc national de Kenting)

Un rayonnement international

Le professeur ajoute que l’identité géologique est un autre facteur distinctif. « La plupart des îles du monde sont d’origine volcanique tandis que Taiwan se distingue par son origine orogénique, étant le résultat du mouvement des plaques tectoniques », poursuit-il. Il n’est donc pas étonnant que les 36 000 kilomètres carrés du pays abritent 268 sommets de plus de 3 000 mètres. Parmi ceux-ci, 157 sont situés au sein des parcs nationaux de Shei-Pa, Yushan et Taroko, où ils attirent chaque année près de 300 000 visiteurs nationaux et étrangers.
 
Ces dernières années, ces parcs de haute montagne ont organisé des échanges avec leurs homologues japonais. En juillet dernier, Chen Mao-chun a conduit une délégation de personnel des trois parcs au parc national de Chubusangaku, dans les « Alpes japonaises », afin de discuter des politiques et d’échanger des points de vue sur la gestion des parcs. Ce voyage faisait suite aux visites effectuées au début de l’année 2024 dans les parcs nationaux de Taiwan par un certain nombre de chercheurs du ministère japonais de l’Environnement pour observer les services de loisirs, les procédures de perception des droits et l’organisation d’études sur la biodiversité.
 
D'autres échanges internationaux sont en cours. En 2022, le siège du parc national de Yangmingshan a signé un protocole d’accord établissant une coopération de trois ans avec le bureau du parc national de Gyeongju, en Corée du Sud. Un mécanisme de visites réciproques a pris forme l’année suivante avec des discussions approfondies sur les réponses au changement climatique dans le cadre d’événements tels qu’un échange de personnel de trois semaines entre Yangmingshan et Gyeongju. Des accords similaires entre Taiwan et les États-Unis existent depuis longtemps. « Nous disposons d’un système de gestion similaire à celui des parcs américains, ce qui permet d’établir des relations bilatérales étroites », précise Chen Mao-chun, citant les récents programmes de formation pratique du personnel du NPS dans les parcs nationaux du Grand Canyon et de Yosemite, aux États-Unis.

Les zones humides du parc national de Taijiang, dans le sud de Taiwan, sont l’un des principaux sites d’hivernage de la spatule à face noire. (Photo de Kent Chuang / MOFA)

Une protection de la faune renforcée

Pour Chen Mao-chun, la participation à des événements internationaux est un excellent moyen d’établir des relations de travail plus larges. « Lorsque nous nous rendons à l’étranger pour des séminaires ou des conférences, nous établissons des contacts et invitons nos homologues à participer à des forums et à d'autres activités à Taiwan », explique-t-il. Taiwan possède des qualités qui le rendent particulièrement adapté à certains sujets, comme le Symposium international sur la recherche et la conservation des salamandres organisé en octobre dernier par le zoo de Taipei. Certaines espèces d’amphibiens ont survécu à la dernière période glaciaire et ont trouvé des habitats adéquats en altitude à Taiwan. Des participants du Japon, de Corée du Sud et d’autres pays se sont joints à des experts locaux pour discuter de ces espèces et de leurs habitats frais et humides dans des régions telles que les montagnes de Taroko, Shei-Pa et Yushan.

La conservation des loutres d’Eurasie, une espèce menacée, est l’une des principales fonctions du parc national de Kinmen, situé dans le comté périphérique du même nom. (Aimable crédit photo du parc national de Kinmen)

Plus tard ce mois-là, un autre type de faune a été mis à l’honneur lors du Sommet international sur le busautour à joues grises et les rapaces migrateurs, organisé dans le parc national de Kenting, dans le sud de Taiwan. Des chercheurs et universitaires de toute l’Asie, notamment de Thaïlande et des Philippines, se sont réunis pour promouvoir un consensus sur les méthodes permettant de protéger les habitats de ces oiseaux dans leurs pays respectifs. 

En octobre 2023, le NPS et l’université nationale de Taiwan, basée à Taipei, ont organisé conjointement la Conférence internationale sur la conservation dans la capitale. L’événement a rassemblé des universitaires, y compris ceux de l’Union internationale pour la conservation de la nature, une organisation basée en Suisse, et de sa commission mondiale des aires protégées, à échanger des points de vue sur la conservation à Taiwan. Les participants ont également donné leur avis sur l’état d'avancement de l’adoption par le NPS des normes internationales, qui ont été introduites dans le système des parcs taïwanais en 2020, afin d’évaluer la gestion des parcs nationaux en termes de valeurs, d’objectifs, de menaces et de mesures préventives.

Conversations sur la conservation

Des colloques scientifiques sont organisés tout au long de l’année et dans tout le pays. En avril 2024, un forum international dédié à la conservation des loutres eurasiennes en voie de disparition s’est tenu dans le parc national de Kinmen, situé sur cet archipel au large des côtes chinoises. Parmi les participants figuraient des experts du zoo de Taipei et du bureau hongkongais de l’organisation écologiste suisse World Wide Fund for Nature. Les années de collaboration du MOI avec la Society of Wetland Scientists, basée aux États-Unis, ont porté leurs fruits : pour la première fois depuis sa création en 1980, cette organisation a tenu sa réunion annuelle en Asie, plus précisément à Taipei, en novembre 2024, avec plus de cent participants internationaux. Dans ce cadre, les résultats obtenus localement en matière de protection des zones humides ont été présentés à un public mondial et évalués d’un point de vue international.

Des visiteurs se promènent en bateau dans les zones humides de Sicao, à Taijiang. (Photo de Jimmy Lin / MOFA)

Conformément à la loi de 2015 sur la conservation des zones humides, deux zones humides du parc national de Taijiang, dans la ville méridionale de Tainan, ont été désignées comme étant d’importance internationale, tandis que près de 60 autres zones humides à travers le pays ont été classées comme vitales au niveau national ou local. Les zones humides de Sicao et de l’estuaire de Zengwen à Taijiang sont deux des principaux sites d’hivernage de la spatule à face noire dans le monde. Depuis sa création en 2009, le parc national a protégé ces oiseaux menacés en menant régulièrement des études de population et en partageant des informations avec la communauté internationale, tout en signant des accords avec les propriétaires des étangs de pêche commerciale voisins pour préserver des aires d’alimentation pour les oiseaux.
 
Selon Wang Wen-cheng, un engagement étroit avec les communautés locales est crucial pour la gestion des parcs nationaux de Taiwan. Le professeur a cité les projets d’interprétation environnementale du NPS dans des parcs nationaux tels que Yushan et Kenting, qui proposent des formations aux habitants. « Ils deviennent des guides communautaires capables de parler en connaissance de cause non seulement de la faune et de la flore, mais aussi de leur vie et de la façon dont elle est liée à la terre. Le NPS a trouvé un équilibre entre la promotion d’une action directe sur le terrain et sa responsabilité de représenter le pays à l'échelle mondiale. C’est une source de fierté nationale. »

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