27/04/2025

Taiwan Today

Taiwan aujourd'hui

Actualité du mois de mai 2003

01/06/2003

Nouveau virus baptisé hâtivement par les épidémiologistes du nom barbare de « syndrome respiratoire aigu sévère », la pneumopathie atypique qui a débarqué sans crier gare à Hongkong au mois de mars et fait la une de l'actualité depuis partout en Asie est maintenant mieux connue. Comme le sida, on ne l'appelle déjà plus que par son acronyme, et le Sras pourrait finir par devenir le sras, tout simplement. Banalisation d'écriture qui en dit long sur les ravages de cette maladie étrange, qui terrasse en trois jours un homme en pleine santé, en lui transperçant les poumons. Sans doute le manque total de repères, au début de la crise, sur un virus mystérieux, dont on ne connaissait pas avec exactitude le mode de transmission, explique-t-il, sans les excuser complètement, les erreurs qui ont pu être commises dans les premières semaines de l'épidémie. C'est vrai, Taiwan a eu deux mois pour se préparer et fermer ses frontières aux virus, un délai dont elle n'a pas su tirer parti. Au 29 mai, le Sras avait ici fait 76 morts et quelque 600 malades. L'épidémie a mis à mal tout le système médical insulaire, révélant certaines de ses faiblesses. Mais il ne faut pas oublier que les autorités sanitaires ont à combattre un ennemi insidieux, invisible et qui, jusque récemment, semblait imprévisible. A la fin du mois de mai, au vu du ralentissement de l'apparition des nouveaux cas, l'Organisation mondiale de la santé se montrait enfin raisonnablement confiante dans la capacité de Taiwan à vaincre le virus dans les semaines prochaines.



Taipei importe 30 millions de masques de protection
L'épidémie de Sras ne semblant pas pouvoir être enrayée avant plusieurs semaines, et la demande en masques de protection dépassant les capacités de production locales, le Yuan exécutif a décidé à la mi-mai d'en acheter 30 millions à travers le monde. La décision avait pour objectif de faire barrage aux spéculations auxquelles se sont livrés quelques détaillants malhonnêtes en provoquant une pénurie artificielle d'un article très demandé. Pour éviter tout détournement à des fins spéculatives, la production nationale et les importations de masques de protection ont fait l'objet d'un suivi particulier, et les escrocs ont été sévèrement sanctionnés. La commission d'Etat de la Concurrence (FTC) a endossé ici un rôle à part dans la lutte contre le Sras en intervenant contre les commerçants ou fabricants tentés de profiter de l'explosion de la demande, à Taipei surtout. Elle a donc décidé d'imposer à partir du 15 mai un prix réglementaire pour les masques, en fonction de leur qualité. Ceux qui en entreposent pour agir sur leur prix de détail s'exposent à une amende de 25 millions de TWD. Une quinzaine de pharmacies de la région de Taipei qui avaient rehaussé de façon exagérée le prix de vente de leurs masques ont déjà écopé de contraventions allant de 15 000 à 50 000 TWD. Des enquêtes ont également été ouvertes contre des fabricants locaux qui produisent de faux N95 ou des masques non conformes à leur étiquetage.

Chen Chien-jen prend la tête de la Santé publique
Ayant pris le 17 mai la tête de l'office de la Santé publique (DOH) à la place de Twu Shiing-jer [涂醒哲], démissionnaire, l'épidémiologiste Chen Chien-jen [陳建仁] s'est immédiatement attaqué au problème lié à l'existence de foyers de contagion apparus dans les grands centres hospitaliers insulaires. Le nouveau responsable de la Santé publique a fait carrière dans la recherche. Diplômé de l'université Johns Hopkins à Baltimore (Etats-Unis), il a enseigné à l'université nationale de Taiwan puis dirigé l'Institut de la santé publique de cette université. Membre de l'Academia sinica, il avait jusqu'ici le titre de vice-président de la commission d'Etat des Sciences. L'épidémiologiste ayant ces dernières semaines fait la preuve de ses qualités d'analyse et de communication en tant que directeur de la commission consultative sur le Sras, sa nomination n'a pas été une surprise.

Le personnel hospitalier en première ligne
Première conséquence du manque de préparation et d'une malheureuse chaîne d'erreurs et d'incompétences, le taux d'infection parmi les personnels de certains hôpitaux a pu atteindre 30% au plus fort de l'épidémie. Mal informés par leur hiérarchie sur les risques encourus, donc insuffisamment protégés, souvent peu au fait des procédures relativement lourdes à respecter dans une situation épidémique d'une telle gravité, les médecins, les opérateurs radio, les aides-soignants, et surtout les infirmiers ont parfois payé de leur vie l'incompétence de leurs directeurs. La fin tragique de deux infirmières enceintes, l'une morte en couche avec son bébé, ou encore de ce jeune médecin de 28 ans qui venait tout juste de commencer à exercer, a beaucoup ému, au point qu'il a été décidé d'inscrire les noms de tous les personnels médicaux victimes du Sras sur une stèle commémorative.

L'épidémie modifie les comportements de la population et les habitudes de travail
La peur de contracter le Sras a eu de multiples effets sur le comportement des insulaires, des citadins surtout, qui se sont rués sur les masques chirurgicaux, l'alcool de pharmacie et les désinfectants, ont suspendu leurs voyages et leurs projets de vacances et ont déserté les lieux publics - pas seulement les transports en commun, les restaurants et les magasins, mais aussi les cinémas, les salles de concert Quant aux entreprises et aux administrations, elles ont pour la plupart adopté par précaution des dispositions exceptionnelles - contrôles de température, désinfections fréquentes, division des équipes en plusieurs sous -groupes pour éviter les contagions en nombre, suppression des réunions au profit des vidéoconférences... Si la confiance a peu à peu repris et si la population vaque désormais normalement à ses occupations, un masque sur le nez, l'impact sur l'économie insulaire est très lourd, au point que le Yuan législatif a voté un budget exceptionnel de 50 milliards de TWD pour aider les entreprises à faire face au ralentissement catastrophique de leurs activités.

Des unités spéciales de l'armée ont désinfecté Taipei
A la mi-mai, l'armée a été appelée à la rescousse, notamment ses unités de lutte antibactériologique, pour mener une campagne de désinfection dans les rues de la capitale, alors que l'épidémie y prenait de l'ampleur. Un total de 1 210 hommes appartenant au 6e Corps d'armée, avec des camions spécialement équipés, ont commencé leur travail dans le quartier populaire de Wanhua particulièrement touché. Plus de 500 membres de la Police militaire et presque autant d'agents de la Police nationale ont joint leurs efforts à ceux des équipes de décontamination qui ont nettoyé et désinfecté les rues, les ruelles, les écoles, les bâtiments publics, passant de quartier en quartier.

Stabilisation en vue dans les grands hôpitaux
A la mi-mai, c'est surtout dans les grands hôpitaux que l'épidémie s'étendait le plus vite: depuis les deux premiers établissements mis en cause, les hôpitaux municipaux Hoping et Jen Chi, à Taipei, le virus a ensuite gagné d'autres établissements dans la capitale, notamment celui de l'université nationale de Taiwan, l'un des plus prestigieux. D'autres cas se sont également déclarés en divers endroits du territoire, en particulier à Kaohsiung et sa région où trois hôpitaux ont été le théâtre d'infections massives, mais aussi de façon isolée dans les îles de Kinmen et des Penghu. Fin mai, c'est donc dans le sud que la bataille contre le virus était encore la plus difficile, la capitale semblant enfin en phase de stabilisation. Si ces foyers d'infection sont apparus, c'est principalement à cause d'administrateurs peu scrupuleux qui ont délibérément, pour couvrir leurs erreurs, ou par négligence, tardé à rapporter l'existence de cas de Sras dans les établissement dont ils avaient la charge. L'exemple le plus flagrant de ces manquements est celui donné par la direction de l'hôpital Hoping qui a fait l'objet d'une enquête. On a aussi signalé des erreurs médicales et des lenteurs administratives, en l'occurrence meurtrières, puisque les mesures à prendre pour isoler les patients contagieux ont été retardées. Les gestionnaires fautifs ont depuis été renvoyés et poursuivis, et certains médecins ont vu leur licence révoquée. Quant aux établissements qui n'ont pas su réagir de façon professionnelle à la situation et mis leur personnel et leurs patients en danger, ils ont à acquitter de lourdes amendes, comme c'est le cas à Kaohsiung, où l'hôpital Chang Gung et celui de l'Université de médecine ont été sanctionnés à hauteur de 1,5 million de TWD chacun.

Un hôpital reconverti en centre de traitement des malades du Sras
L'hôpital Sungshan, à Taipei, un établissement géré par l'armé, a été reconverti pour accueillir uniquement des malades du Sras afin d'alléger la pression sur les autres hôpitaux du nord de l'île. L'établissement dispose d'une centaine de chambres entièrement isolées, maintenues dans un état de basse pression permettant d'éviter la propagation des virus. Jusqu'à présent, les malades et les cas probables étaient répartis entre divers sites, ce qui augmentait le risque contagieux en milieu hospitalier. Craignant que l'épidémie ne s'installe, ou ne refasse surface sporadiquement, les autorités sanitaires se préparent à ouvrir une dizaine de centres du Sras du même genre un peu partout dans l'île. Entre-temps, le tri des personnes présentant des symptômes de la maladie s'effectue dans un nombre limité d'établissements, en extérieur, sous des tentes ventilées.

La vice-présidente de Palau en visite à Taipei
Sandra Pierantozzi, la vice-présidente de la République de Palau, un Etat insulaire du Pacifique, est arrivée au début du mois de mai à la tête d'une délégation pour une visite officielle de 5 jours à Taiwan. La vice-présidente de Palau a été reçue par le chef de l'Etat, Chen Shui-bian [陳水扁], et plusieurs autres hauts responsables politiques, notamment son homologue, Annette Lu Hsiu-lien [呂秀蓮], et le ministre des Affaires étrangères, Eugene Chien [簡又新]. Au cours de son séjour dans l'île, la délégation palauane a visité le Centre pour la promotion artisanale et le centre expérimental de floriculture, ainsi que le parc national de Taroko et l'hôpital général bouddhique Tzu Chi, à Hualien.

La ligne de Neihu bientôt en chantier après l'attribution du contrat
La réalisation de la ligne du réseau métropolitain de Neihu, un quartier du nord-est de la capitale, a été attribuée à l'entreprise insulaire Kung Sing Engineering Corporation (KSECO) qui s'est associée avec Bombardier Transportation, un groupe canadien, pour la fourniture des équipements électriques et mécaniques. En projet depuis plusieurs années, la ligne de Neihu prolongera d'environ 15 km celle de Mucha qui dessert les quartiers sud et a été réalisée par l'entreprise française Matra Transports sur le modèle du métro VAL. La future ligne, qui comportera 12 stations, sera, comme celle de Mucha, entièrement automatisée. Son coût est évalué à 855,7 millions d'EUR. Les travaux commenceront dans les prochains mois pour s'achever avant l'été 2007. A terme, ce sont 200 voitures qui seront mises en service, correspondant à une capacité totale de transport de 28 400 passagers par heure.

Révisions en cours de la loi électorale dans la perspective des présidentielles de 2004
Le gouvernement propose de modifier ou de préciser certains articles de la loi électorale dans la perspective des présidentielles de mars 2004 et a transmis un texte dans ce sens au Yuan législatif. La plus grande nouveauté, si elle est adoptée, permettrait à deux candidats issus de formations politiques différentes de se présenter sur un même « ticket présidentiel». Un tel changement ouvre la voie à la constitution d'un ticket commun entre Lien Chan [連戰], le président du Kuomintang, et James Soong [宋楚瑜], son homologue du Parti pour le peuple. Autre point important proposé, une révision des modalités de rappel et de destitution du président ou du vice-président de la République. Il faudra attendre une année après l'investiture du chef de l'Etat ou du vice-président avant de pouvoir initier la procédure, laquelle ne pourra être relancée pendant toute la durée du mandat présidentiel si elle n'a pas abouti dès la première tentative. En outre, elle devra être soumise au vote du Yuan législatif par un tiers au moins de députés et obtenir le soutien des deux tiers d'entre eux pour être suivie d'effets. Parmi les autres mesures proposées, on relève aussi l'interdiction, dans les dix jours précédant le scrutin, de publier ou de commenter des sondages d'opinion concernant les candidats et un durcissement des amendes et des peines de prison en cas de tentative de manipulation des électeurs par le biais de faveurs ou de cadeaux.

La Semaine de l'Europe lancée avec éclat
Bravant la menace du Sras, la communauté diplomatique s'est rassemblée le 5 mai au musée des Beaux-Arts de Taipei, à l'invitation du ministère des Affaires étrangères, pour célébrer en grande pompe le lancement de la première Semaine de l'Europe. Dans le contexte préoccupant d'une progression de la maladie dans la capitale, la présence en nombre des membres du corps diplomatique a permis de mesurer l'importance de l'événement. Brian MacDonald, le représentant de l'Union européenne à Taipei, voit lui aussi la réussite de cette manifestation culturelle comme la preuve des excellentes relations qu'entretiennent Taiwan et l'Europe. En place depuis le 11 mars, le bureau de représentation de l'Union européenne à Taipei couvre les échanges économiques, commerciaux, culturels et éducatifs. La Semaine de l'Europe, une initiative du ministère des Affaires étrangères, sera à partir de cette année organisée tous les ans la première semaine du mois de mai.

Sras ou pas Sras, Taiwan une fois encore refusée à l'OMS
Pour la septième fois, la candidature de Taiwan à un siège d'observateur à l'Organisation mondiale de la santé (OMS) s'est heurtée à une fin de non-recevoir, la question n'ayant même pas obtenu le soutien nécessaire pour figurer à l'ordre du jour des discussions de l'Assemblée mondiale à Genève du 19 au 25 mai. Sras ou pas Sras, rien n'y a fait, même si certains pays - Belize, Dominique, Gambie, Honduras, Nicaragua, Palau, Salvador et République dominicaine - se sont prononcés en faveur de l'intégration de Taiwan, alors que 27 pays s'y opposaient. Ayant mené une campagne active avec l'assistance de nombreuses organisations non gouvernementales, l'île espérait beaucoup cette année, tandis que l'épidémie de Sras, qui ne connaît pas de frontières, bat son plein ici. La Chine est donc une nouvelle fois parvenue à maintenir l'île dans l'isolement diplomatique, au détriment de la santé de la population insulaire, le vice-ministre des Affaires étrangères, Michael Kau [高英茂], ayant même évoqué un « apartheid sanitaire ». Un référendum sur l'entrée à l'OMS pourrait être organisé dans l'île - c'est en tout cas l'idée lancée par le président Chen Shui-bian - afin de montrer au monde combien les Taiwanais attachent d'importance à cette question. Taiwan, qui n'est plus membre de l'OMS depuis 1972, tente d'y retourner depuis sept ans, les deux dernières années avec un statut d'observateur.

Vincent Siew revient sur le devant de la scène politique
La nomination de l'ancien Premier ministre Vincent Siew [蕭萬長] à la tête d'un groupe de conseillers économiques spéciaux a pour but de stimuler le moral parmi la population qui subit de plein fouet les effets économiques de la crise du Sras, a déclaré le président Chen Shui-bian le 25 mai dernier. C'est que le bilan du Sras est lourd, non seulement sur le plan humain, mais aussi dans le domaine économique. Vincent Siew était d'ailleurs intervenu sur ce sujet deux jours plus tôt, à l'occasion de discussions consacrées aux moyens à mettre en œuvre pour diminuer les répercussions économiques de l'épidémie, entretiens auxquels ont pris part le président de la République, des dirigeants d'entreprises et des experts. Le retour de Vincent Siew dans les cercles du pouvoir n'a pas manqué de nourrir les rumeurs d'un éventuel changement de camp, puisqu'il est effectivement vice-président du Kuomintang (KMT), la principale formation opposée au Parti démocrate-progressiste de Chen Shui-bian. Le 29, le KMT a néanmoins entériné la décision de Vincent Siew. « Je ne pense pas qu'il ait l'intention de nuire au KMT », a-t-on entendu déclarer le président de la formation, Lien Chan, qui estime que Chen Shui-bian « a tout intérêt à écouter » son nouveau conseiller.

Les restrictions sur les mouvements de personnes entre les deux rives sont provisoires
Les objectifs de la politique d'ouverture à l'égard de la Chine restent inchangés, a affirmé le 19 mai Chiou I-jen [邱義仁], le secrétaire général de la présidence de la République, insistant sur le caractère provisoire des restrictions imposées sur les déplacements entre les deux rives en raison de l'épidémie de Sras. La pneumopathie atypique étant apparue en novembre dernier en Chine du Sud où elle a affecté d'autres provinces, les relations entre les deux rives ont été restreintes, notamment par le biais d'une quarantaine de 10 jours imposée aux personnes provenant des zones infectées, quelle que soit leur origine. Abordant le cas des Taiwanais installés en Chine continentale, en particulier ceux qui vivent dans les régions touchées par la maladie, Chiou I-jen a rappelé qu'ils pouvaient toujours rentrer dans l'île. C'est dans le cadre de ces restrictions provisoires que Lee Chu-feng [李炷峰], le chef du hsien de Kinmen, un archipel situé près des côtes continentales, a reçu l'autorisation le 19 mai de suspendre, pour un mois, les trois mini-liaisons avec la Chine - ouvertes en janvier 2001 essentiellement avec le port chinois de Xiamen - afin d'y prévenir les risques de contagion du Sras.

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