Dans le cadre des changements et des réformes que connaît de Chine à Taïwan dans tous les domaines de l'économie depuis ces deux dernières années, la défense nationale a aussi rénové ses structures et ses fonctions pour adapter le domaine militaire aux nouvelles réalités nationales et internationales. Avec l'augmentation des contacts des particuliers entre Taïwan et continentale ces derniers temps, un climat d'apparente détente s'est installé entre les deux rives du détroit de Taiwan. C'est surtout le tapage effectué autour de l'autorisation du gouvernement accordée aux ressortissants de de Chine à se rendre en Chine continentale qu'est apparu un sentiment de soulagement tout à fait artificiel quant à l'éventualité d'un conflit entre les deux rives du détroit.
Le massacre de Tienanmen en juin cependant remis une fois de plus en lumière la menace potentielle sur la région de Taïwan d'un régime totalitaire pouvant commettre des actes complètement imprévisibles. Les intentions des organes de presse du régime commu niste chinois ont été implacables en dé formant des événements qui avaient pourtant été suivis pas à pas par la communauté internationale et, par conséquent, étaient déjà connus de tous. Ce fait n'a fait que reconfirmer les doutes de Taïwan sur la sincérité de communiste dans ses offres de paix.
Lancement du missile Tienkong.
Depuis le transfert du gouvernement central de de Chine à Tàipei en 1949, la sécurité nationale et la défense nationale ont toujours été un domaine de grande priorité dans la politique de l'Etat. Jusqu'en 1987, l'île s'est trouvée sous la menace constante du régime communiste chinois. Les conditions ainsi formulées ont imposé des exigences très spéciales en matière de défense nationale. Pour les satisfaire, le budget de la défense nationale fut toujours extrêmement lourd si l'on vient à le comparer à d'autres pays.
Avec la levée des Décrets d'urgence en juillet 1987, la conduite du pays est entrée dans une nouvelle ère. Au terme de la mise en vigueur de ces anciens décrets, les pouvoirs extraordinaires délégués aux institutions militaires ont cessé d'être valides. A la promulgation de de la sûreté d'Etat, l'instrument légal qui s'est substitué aux Décrets d'urgence pour les affaires relevant de la sécurité publique, les forces armées ont dû céder de nombreuses institutions chargées de la sécurité publique à l'autorité civile compétente.
Une telle transformation a voulu que les forces armées assument un autre rôle dans cette situation nouvelle où vit la nation. Elles doivent actuellement pouvoir se convertir dans la profession et se spécialiser entièrement sans chercher à s'occuper d'autres affaires qui ne les concernent plus.
Parallèlement au pourcentage budgétaire actuel de la défense nationale, il y a eu une grande diminution des effectifs militaires. Mais cette fois, leur réduction n'impliquent pas nécessairement la diminution conséquente des menaces réelles ou potentielles qui affectent la sécurité du pays. Avant d'en venir à cette situation, les forces armées ont dû apporté une technicité et une modernisation dans leurs équipements et leurs installations pour maintenir à tout prix leurs obligations.
Ces dernières années, l'armée a fourni un immense effort pour l'auto approvisionnement d'armements, d'accessoires et d'équipements militaires. Le système de défense de Taïwan a été installé suivant le modèle militaire américain en vertu du traité de défense mutuelle qui avait été signé entre les deux pays en 1954. Avec l'abrogation de ce traité le 31 décembre 1979, il est alors devenu plus difficile pour Tàiwan de se procurer un armement plus moderne et plus sophistiqué.
concernant les relations avec Tàiwan (Taiwan Relations Act) américaine constitue un fait juridique qui a permis aux Etats-Unis de s'engager à continuer la fourniture de matériel défensif à de Chine à Tàiwan malgré l'absence de relations diplomatiques entre les deux pays. Néanmoins, ce compromis impliquait en même temps une régression des obligations américaines. En effet, Washington réduirait les ventes d'armes et de matériel défensif à Taïpei à mesure que les Américains percevraient une diminution de la menace de continentale sur Taïwan.
Lancement du Hiongfong lors de manœuvres en haute mer.
Dans ces conditions, Taïwan s'est vu obligé de trouver une solution pour résoudre à long terme ce problème. Une première solution est la diversification des sources en matière d'acquisition de matériel militaire. L'option paraît adéquate, mais il convient de noter deux facteurs extrêmement importants. Le premier, de nombreux pays ayant des industries de défense de haute technologie sont peu disposés à vendre du matériel de guerre à Tàipei par crainte de représailles que pourrait effectuer Pékin. Pourtant, quelques pays ont bravé l'avertissement de communiste et ont opéré des transactions militaires avec Taïwan. Un exemple concret. Il y a quelques années, les Pays-Bas ont vendu deux sous-marins modernes malgré les protestations véhémentes de Pékin.
Le second facteur important à prendre en considération est le problème logistique que pourrait présenter l'introduction d'un armement ou d'équipements de fonctionnement différent dans le système défensif déjà en place. Cela obligerait à dépendre de deux sources ou plus d'approvisionnement en matériel de même classe et fonction, ce qui en gendrait de plus fortes dépenses et plus de complications non seulement logistiques mais aussi de commandement et de contrôle opérationnel. C'est pour quoi, Tàiwan a préféré développer sa propre industrie de défense. Du même coup, elle en élève le niveau technologique pour mieux se doter de toutes les nécessités de la guerre moderne.
Cela fait déjà plusieurs années que l'armée est parvenue à un auto approvisionnement de l'armement léger et de l'équipement d'appui opérationnel de base pour la défense du pays. Ainsi, l'industrie de défense produit désormais une large gamme d'armes légères, de munitions, de pièces d'artillerie, d'équipements de communication, de moyens de transport terrestre, ainsi que la tenue régulière et complète du soldat.
Décollage du Ching-kuo lors d'un vol d'essai.
A présent, des efforts pour améliorer la puissance défensive des forces armées se concentrent sur le développement des armements sophistiqués. L'accent est surtout mis sur les forces aérienne et terrestre, considérées comme vitales pour la défense du pays. A cause de sa position géostratégique et face à un ennemi numériquement supérieur, Taïwan doit maintenir une supériorité aérienne permanente pour pouvoir disposer d'une efficacité dissuasive qui retienne les communistes chinois de toute intention d'invasion de l'île.
Elle a ainsi activement recherché et développé de nouveaux systèmes de missiles pour navires et avions de combat afin de remplacer les systèmes existants, dont beaucoup ont déjà bien rempli leurs fonctions et leur temps, devenant quelques peu obsolètes devant la nouvelle génération d'armements que possède communiste.
L'Institut des Sciences et technologies Tchong-chan (Chungshan) a été l'institution et le moyen de développer de nouvelles technologies. Placé sous la tutelle du ministère de nationale, cet établissement a accompli de remarquables progrès technologiques dans les servomécanismes, les équipements électroniques, le matériel optique, ainsi que les sciences de ces biens.
Au début de l'année dernière, l'Institut Tchong-chan a inauguré un centre des transferts technologiques pour servir d'intermédiaire avec le secteur industriel privé dans le développement de la technologie de pointe. Le ministère tutélaire a ainsi encouragé la participation active du secteur privé à l'industrie de défense. Ces derniers temps, les arsenaux ont concédé divers contrats de fabrication d'accessoires et de composants d'équipements militaires aux industriels du secteur privé.
L'Institut Tchong-chan est parvenu à obtenir la plus grande partie des divers travaux d'études, de conception, d'essai et de production de missiles. Ces missiles devront remplacer ceux actuellement en service. C'est ainsi que la fusée Kongfong qui a une application directe sol-sol dessert les plus hautes exigences de l'artillerie de campagne. Hiongfong, quant à lui, est un missile de surface mermer plus adapté aux missions de défense des eaux territoriales.
Dernièrement, les premières unités du missile Tienkong ont été livrées aux unités de défense aérienne. Ce missile, de conception et fabrication entièrement locale, ira remplacer les missiles Hercules et Hawk du système américain qui sont en service depuis plusieurs années. Dans le domaine des missiles air-air, a été fabriqué et essayé avec succès le mis sile Tienkien dans ses deux versions.
Enfin, l’Institut Tchong-chan possède également une division à Taïtchong pour le développement de la technologie aéronautique militaire. Cette division a déjà parachevé la conception de plusieurs aéronefs ayant des applications militaires. Il convient de signaler l'excellent intercepteur à réaction IDF (d'après les initiales anglaises de sa désignation, Indigenous defense fighter). Cet avion d'interception a effectué avec succès son premier vol d'essai au milieu de l'an der nier. L'IDF a été baptisé Avion de défense Ching-kuo, du prénom de l'ancien président Chiang Ching-kuo qui fut en 1983 le principal initiateur de la construction aéronautique à Taïwan devant les difficultés d'acquisition d'un armement moderne et sophistiqué auprès des Etats-Unis.
Les Tienkong dans leur conteneur.
Le Ching-kuo est un intercepteur supersonique léger, conçu spécialement pour des missions d'interception et aussi de combat aérien. Selon les estimations d'experts et d'observateurs militaires occidentaux, cet appareil a une puissance d'intervention assez équivalente au F-20 Tigershark de la firme américaine Northrop. La production industrielle de l'appareil commence dès cette année.
Lors d'un vol d'essai en présence des hautes personnalités, le Ching-kuo a su démontrer son excellente manœuvrabilité. En effet, au moment de décoller, le train de pneus de l'appareil buta accidentellement quelques débris de ferraille oubliés sur la piste. Un pneu ayant crevé, l'avion se déséquilibra, mais le pilote dans une réaction immédiate évita une catastrophe et conserva à l'appareil une stabilité au sol impeccable sans dégâts importants. On ne constata qu'un dommage mineur dans le train d'atterrissage. L'incident fut vite clos grâce au succès de l'essai du second prototype qui était en piste au cas où une défaillance surviendrait au premier. La maîtrise du pilotage et la haute stabilité de l'appareil furent élogieusement commentées par les personnalités et les observateurs pré sents à l'événement.
Face au terrible ennemi qui a toujours refusé d'abandonner tout recours à la force pour résoudre le problème de la réunification de , Taïwan s'est engagée à maintenir un état de vigilance accrue devant cette menace potentielle de communiste. Cette dernière est en effet devenue une menace d'autant plus redoutable pour l'île qu'elle a redoublé d'activités à améliorer ses forces armées et a récemment organisé des grandes manœuvres de débarquement simulacre sur Taïwan. C'est pour quoi, en plus du maintien d'un état d'alerte permanent, Taïwan poursuit ses efforts pour acquérir une supériorité militaire dans le détroit de Taïwan afin de protéger son territoire en dissuadant efficacement un ennemi implacable.
Les progrès technologiques militaires ont rassuré le moral de toute la population insulaire qui se sent plus confiante devant l'intention permanente d'invasion des communistes chinois. Les forces armées de de Chine sont fières de poursuivre leur mission suprême d'assurer la sécurité de toute l'île. ■