03/08/2025

Taiwan Today

Taiwan aujourd'hui

Mutations en République de Chine

01/07/1987

Un cadre pour la réunification de , ce recueil (*) de huit discours pro­noncés au cours des deux dernières années par M. King-yuh Chang, ancien directeur général de l'Office d'Informa­tion du Gouvernement de de Chine, mérite l'attention de tous ceux qui s'intéressent au «problème de » et au développement écono­mique et à la sécurité de la région de l'Asie et du Pacifique.

Bien que les discours aient souvent tendance à devenir rapidement dé­modés, dans cet ouvrage, l'auteur évite cet inconvénient en se centrant sur de grands problèmes politiques qui conser­vent toute leur fraîcheur et demeurent de toute actualité. Deux thèmes princi­paux sont développés à partir de notions différentes dans tout l'ouvrage, la réuni­fication de entre l'île de Taïwan et le continent chinois, et une observa­ tion en profondeur du développement économique de l'île et de son rôle dans le commerce mondial. Les discours ont été prononcés devant des audiences japo­naise, philippine, australienne et améri­caine, principalement composées de res­ponsables gouvernementaux, d'universi­taires et d'hommes d'affaires. La ten­dance au protectionisme économique dans le monde et la récente campagne contre le «libéralisme bourgeois» en Chine continentale font de cet ouvrage la réference la plus opportune pour un plus grand nombre de lecteurs qui s'inté­ressent aux problèmes politiques internationaux.

Dernièrement, celui de la réunifica­tion de a particulièrement attiré l'attention avec de nombreux commen­taires dans la presse mondiale en raison du plan de «rétrocession» de Hong-kong aux autorités communistes chinoises par les Britanniques, ainsi que de l'interpré­tation donnée à la formule «un pays deux systèmes» du régime communiste chinois. Une suggestion qui vient alors à l'esprit à propos de ce recueil: comment une politique semblable peut-elle ré­soudre le problème de 38 années de sé­paration entre l'île et le continent. M. Chang en parle justement en réaffir­mant la position officielle de de Chine, mais il y pénètre beaucoup plus profondément d'une manière heureuse en analysant les raisons et les réalités sur lesquelles cette politique se fonde. Cela donne à la lecture plus de saveur. La formation de M. Chang, pro­fesseur de sciences politiques qui a repris ses fonctions de directeur de l'Institut des Relations internationales de Taïpei après avoir dirigé l'Office d'Information du Gouvernement pendant un peu plus de deux ans et demi, ajoute avec bon­heur une dimension didactique aux dé­clarations de cette politique.

D'un point de vue théorique, l'au­teur affirme que la formule «un pays deux systèmes» présente une contradiction en soi que ne peuvent surmonter les politiciens du régime de Pékin. En effet, le parti communiste chinois doit, soit abandonner sa propre idéologie marxiste-léniniste et pensée Mao Tse­-tong, soit réprimer toutes les contestations intellectuelles au système socia­liste; il ne peut faire les deux en même temps. Les troubles politiques et économiques actuels sur le continent - comme les conservateurs s'apprêtent à freiner, bloquer ou éliminer les pre­miers efforts de réforme de Teng Siao­-p'ing - démontrent la fragilité de tout plan qui contrecarre un système politique principalement orienté dans la préven­tion de la liberté intellectuelle, écono­mique et politique nécessaire au dévelop­pement. Il y a cependant une solution et elle est chinoise.

L'expérience de Taïwan est un «modèle d'attente» bien vivant pour le continent chinois. La santé politique et la richesse économique de l'île contras­ tent nettement avec l'autre rive du dé­ troit de Taïwan. Jusqu'en 1950, l'une comme l'autre rive avaient des pro­blèmes identiques : un niveau de vie extrêmement bas, des infrastructures en ruines et une inflation galopante. M. Chang fait ressortir avec pertinence les voies très différentes que l'île de Taïwan et le continent chinois ont prises pour une réforme économique dans les agglomérations et les campagnes, la poli­tique de la «porte ouverte» dans les rela­tions avec l'étranger, les conséquences d'une stabilité politique et de la cohé­rence des principes idéologiques.

L'histoire de continentale est connue avec des détails plutôt dépri­mants, mais elle prend une note plus édifiante quand on la compare à celle de la transformation de l'île au cours de ces quarante dernières années. Ici, M. Chang fait mieux que la chronique du succès de l'éducation, de la conserva­tion et du développement culturels, du bien-être social, du niveau de vie et de l'internationalisation économique de de Chine. Plutôt que d'abor­der les discours comme un «porte-parole politique», il va au-delà de déclarations générales et fournit des faits concrets pour soutenir ses estimations. La consé­quence claire pour les lecteurs est la nécessité de répondre à la question impli­cite de M. Chang: Pourquoi la popula­tion de Taïwan ne pourrait-elle pas attendre que ses compatriotes continen­taux acceptent enfin le «modèle d'attente», ce qui aboutirait à la réunification tant désirée de tous les Chinois des deux rives du détroit?

Toute réponse doit compter sur une sensibilité dans un contexte historique chinois et face aux problèmes de sécurité contemporains. L'empereur Che-houang ti, de la dynastie de Ts'in, a d'une main sévère réussi pour la première fois l'uni­fication en 221 avant J.-C. d'une Chine agitée, mais la reprise en sous-œuvre de pratiques légiférantes étaient si contraire à la nature humaine que la dynastie a duré moins de vingt ans. Ce fut un bref épisode d'une longue tradition de cinq mille ans. C'est l'argument de poids de ces discours. La politique du parti com­muniste chinois contredit de la même façon les espoirs et les aspirations humaines.

Mais le rejet du communisme sur le continent chinois pourra peut-être prendre plus de temps aux yeux des Occidentaux. Quoi qu'il en soit, M. Chang affirme d'une façon irréfutable que, pen­dant cet intérim, les nations libres du monde se doivent de respecter et de sou­tenir le progrès particulièrement en bonne voie pour la démocratisation com­plète en République de Chine, et de­ vraient pleinement reconnaître la grande valeur stratégique de l'île de Taïwan dans la région de l'Asie et du Pacifique.

Outre sa situation sur des lignes straté­giques de communications, Taïwan a la capacité de fournir toute les facilités aux forces de l'air, de terre et de mer pour parer à toute menace concrète des communistes soviétiques ou chinois de déstabilisation de cette région. Son asser­tion est notamment valable pour du Sud, le Japon, les pays de l'As­sociation des nations du Sud-Est asia­tique (ASEA ) et les Etats-Unis, mais elle a aussi une portée universelle.

Le deuxième thème majeur de ces discours est plus familier. de Chine à Taïwan par son développe­ment économique remarquable est deve­nue un des «nouveau pays industriels» (PI) dont la croissance et la modernisa­tion est l'une des plus rapides du monde. Il est assez significatif qu'à un moment où le plus grand problème économique de l'île est d'avoir de trop fortes réserves de devises étrangères, la direction du parti communiste chinois semble décidée à lancer une autre campagne contre la «pollution étrangère» pour assurer à continentale qu'elle n'aura pas ce problème. Les discours de l'auteur font clairement état du contraste entre les deux systèmes économiques et les prin­cipes politiques qui les guident. Les dé­tails du «miracle économique» de Taïwan sont d'une lecture assez impressionnante.

M. Chang constate un point particulièrement révélateur dans une analyse digne d'être soulignée, quand on aborde le sujet de la valeur de l'aide économique américaine à Taïwan de 1951 à 1965 : « Le développement économique de ­publique de Chine contredit la théorie de la dépendance qui veut qu'un pays dépendant de capitaux étrangers aboutisse à la stagna­tion économique et à l'approfondissement des inégalités dans la répartition du revenu national. Cette expérience réfute également le postulat marxiste qui affirme que les pays sous-développés sont ainsi pour la simple raison d'être exploité par des pays capita­listes. » L'expérience de de Chine et du Japon contredit ces théo­ries en expliquant la valeur de l'aide chez un peuple possédant une profonde éthique du travail.

Avec une richesse d'informations et une vision de l'aspect économique de l'île, le huitième et dernier discours (prononcé à Houston en 1986) de cet ouvrage traite tout particulièrement du problème délicat du déséquilibre com­mercial sino-américain. Malgré un total supérieur à 13,5 milliards de dollars amé­ricains, la différence est considérable­ment moindre que ne l'indiquent les chiffres. En effet, les profits des banques et autres industries de service améri­caines ne sont pas déduits de ces statis­tiques commerciales; une immense part des réserves de devises étrangères de de Chine reflue dans les banques américaines; une tranche im­portante de ce déséquilibre commercial provient d'exportations vers les Etats­-Unis de produits fabriqués à Taïwan par des firmes américaines, telles que les Automobiles Ford Lio Ho, les Labora­toires Wang, les sociétés Corning Ware, General Telecommunications and Electronics (GTE) et International Business Machines (IBM). Et comme l'a ajouté a fortiori un ministre de de Chine, plus de 60 000 des meilleurs étu­diants chinois ont élu résidence aux Etats-Unis après leurs études supé­rieures, ce qui contribue à une impor­tante «fuite des cerveaux» pour de Chine. Une telle analyse apporte une meilleure connaissance de ces problèmes fort complexes.

Ce recueil traite de mutations: les changements significatifs de la qualité de la vie en République de Chine à Taïwan et l'importance croissante de l'île de Taïwan dans la région de l'Asie et du Pa­cifique, et même dans le monde. Les dis­cours de M. Chang font également appel à une correction à cet égard pour que les autres pays libres considèrent le rôle im­portant de de Chine dans le maintien de la paix et de la stabilité internationales.

 

 

 (*) A framework for China's unification (Un cadre pour la réunification de ), King-yuh Chang, Kwang Hwa Publishing Company, Taïpei, 1986 (94 pp.).

Les plus lus

Les plus récents