Un cadre pour la réunification de , ce recueil (*) de huit discours prononcés au cours des deux dernières années par M. King-yuh Chang, ancien directeur général de l'Office d'Information du Gouvernement de de Chine, mérite l'attention de tous ceux qui s'intéressent au «problème de » et au développement économique et à la sécurité de la région de l'Asie et du Pacifique.
Bien que les discours aient souvent tendance à devenir rapidement démodés, dans cet ouvrage, l'auteur évite cet inconvénient en se centrant sur de grands problèmes politiques qui conservent toute leur fraîcheur et demeurent de toute actualité. Deux thèmes principaux sont développés à partir de notions différentes dans tout l'ouvrage, la réunification de entre l'île de Taïwan et le continent chinois, et une observa tion en profondeur du développement économique de l'île et de son rôle dans le commerce mondial. Les discours ont été prononcés devant des audiences japonaise, philippine, australienne et américaine, principalement composées de responsables gouvernementaux, d'universitaires et d'hommes d'affaires. La tendance au protectionisme économique dans le monde et la récente campagne contre le «libéralisme bourgeois» en Chine continentale font de cet ouvrage la réference la plus opportune pour un plus grand nombre de lecteurs qui s'intéressent aux problèmes politiques internationaux.
Dernièrement, celui de la réunification de a particulièrement attiré l'attention avec de nombreux commentaires dans la presse mondiale en raison du plan de «rétrocession» de Hong-kong aux autorités communistes chinoises par les Britanniques, ainsi que de l'interprétation donnée à la formule «un pays deux systèmes» du régime communiste chinois. Une suggestion qui vient alors à l'esprit à propos de ce recueil: comment une politique semblable peut-elle résoudre le problème de 38 années de séparation entre l'île et le continent. M. Chang en parle justement en réaffirmant la position officielle de de Chine, mais il y pénètre beaucoup plus profondément d'une manière heureuse en analysant les raisons et les réalités sur lesquelles cette politique se fonde. Cela donne à la lecture plus de saveur. La formation de M. Chang, professeur de sciences politiques qui a repris ses fonctions de directeur de l'Institut des Relations internationales de Taïpei après avoir dirigé l'Office d'Information du Gouvernement pendant un peu plus de deux ans et demi, ajoute avec bonheur une dimension didactique aux déclarations de cette politique.
D'un point de vue théorique, l'auteur affirme que la formule «un pays deux systèmes» présente une contradiction en soi que ne peuvent surmonter les politiciens du régime de Pékin. En effet, le parti communiste chinois doit, soit abandonner sa propre idéologie marxiste-léniniste et pensée Mao Tse-tong, soit réprimer toutes les contestations intellectuelles au système socialiste; il ne peut faire les deux en même temps. Les troubles politiques et économiques actuels sur le continent - comme les conservateurs s'apprêtent à freiner, bloquer ou éliminer les premiers efforts de réforme de Teng Siao-p'ing - démontrent la fragilité de tout plan qui contrecarre un système politique principalement orienté dans la prévention de la liberté intellectuelle, économique et politique nécessaire au développement. Il y a cependant une solution et elle est chinoise.
L'expérience de Taïwan est un «modèle d'attente» bien vivant pour le continent chinois. La santé politique et la richesse économique de l'île contras tent nettement avec l'autre rive du dé troit de Taïwan. Jusqu'en 1950, l'une comme l'autre rive avaient des problèmes identiques : un niveau de vie extrêmement bas, des infrastructures en ruines et une inflation galopante. M. Chang fait ressortir avec pertinence les voies très différentes que l'île de Taïwan et le continent chinois ont prises pour une réforme économique dans les agglomérations et les campagnes, la politique de la «porte ouverte» dans les relations avec l'étranger, les conséquences d'une stabilité politique et de la cohérence des principes idéologiques.
L'histoire de continentale est connue avec des détails plutôt déprimants, mais elle prend une note plus édifiante quand on la compare à celle de la transformation de l'île au cours de ces quarante dernières années. Ici, M. Chang fait mieux que la chronique du succès de l'éducation, de la conservation et du développement culturels, du bien-être social, du niveau de vie et de l'internationalisation économique de de Chine. Plutôt que d'aborder les discours comme un «porte-parole politique», il va au-delà de déclarations générales et fournit des faits concrets pour soutenir ses estimations. La conséquence claire pour les lecteurs est la nécessité de répondre à la question implicite de M. Chang: Pourquoi la population de Taïwan ne pourrait-elle pas attendre que ses compatriotes continentaux acceptent enfin le «modèle d'attente», ce qui aboutirait à la réunification tant désirée de tous les Chinois des deux rives du détroit?
Toute réponse doit compter sur une sensibilité dans un contexte historique chinois et face aux problèmes de sécurité contemporains. L'empereur Che-houang ti, de la dynastie de Ts'in, a d'une main sévère réussi pour la première fois l'unification en 221 avant J.-C. d'une Chine agitée, mais la reprise en sous-œuvre de pratiques légiférantes étaient si contraire à la nature humaine que la dynastie a duré moins de vingt ans. Ce fut un bref épisode d'une longue tradition de cinq mille ans. C'est l'argument de poids de ces discours. La politique du parti communiste chinois contredit de la même façon les espoirs et les aspirations humaines.
Mais le rejet du communisme sur le continent chinois pourra peut-être prendre plus de temps aux yeux des Occidentaux. Quoi qu'il en soit, M. Chang affirme d'une façon irréfutable que, pendant cet intérim, les nations libres du monde se doivent de respecter et de soutenir le progrès particulièrement en bonne voie pour la démocratisation complète en République de Chine, et de vraient pleinement reconnaître la grande valeur stratégique de l'île de Taïwan dans la région de l'Asie et du Pacifique.
Outre sa situation sur des lignes stratégiques de communications, Taïwan a la capacité de fournir toute les facilités aux forces de l'air, de terre et de mer pour parer à toute menace concrète des communistes soviétiques ou chinois de déstabilisation de cette région. Son assertion est notamment valable pour du Sud, le Japon, les pays de l'Association des nations du Sud-Est asiatique (ASEA ) et les Etats-Unis, mais elle a aussi une portée universelle.
Le deuxième thème majeur de ces discours est plus familier. de Chine à Taïwan par son développement économique remarquable est devenue un des «nouveau pays industriels» (PI) dont la croissance et la modernisation est l'une des plus rapides du monde. Il est assez significatif qu'à un moment où le plus grand problème économique de l'île est d'avoir de trop fortes réserves de devises étrangères, la direction du parti communiste chinois semble décidée à lancer une autre campagne contre la «pollution étrangère» pour assurer à continentale qu'elle n'aura pas ce problème. Les discours de l'auteur font clairement état du contraste entre les deux systèmes économiques et les principes politiques qui les guident. Les détails du «miracle économique» de Taïwan sont d'une lecture assez impressionnante.
M. Chang constate un point particulièrement révélateur dans une analyse digne d'être soulignée, quand on aborde le sujet de la valeur de l'aide économique américaine à Taïwan de 1951 à 1965 : « Le développement économique de publique de Chine contredit la théorie de la dépendance qui veut qu'un pays dépendant de capitaux étrangers aboutisse à la stagnation économique et à l'approfondissement des inégalités dans la répartition du revenu national. Cette expérience réfute également le postulat marxiste qui affirme que les pays sous-développés sont ainsi pour la simple raison d'être exploité par des pays capitalistes. » L'expérience de de Chine et du Japon contredit ces théories en expliquant la valeur de l'aide chez un peuple possédant une profonde éthique du travail.
Avec une richesse d'informations et une vision de l'aspect économique de l'île, le huitième et dernier discours (prononcé à Houston en 1986) de cet ouvrage traite tout particulièrement du problème délicat du déséquilibre commercial sino-américain. Malgré un total supérieur à 13,5 milliards de dollars américains, la différence est considérablement moindre que ne l'indiquent les chiffres. En effet, les profits des banques et autres industries de service américaines ne sont pas déduits de ces statistiques commerciales; une immense part des réserves de devises étrangères de de Chine reflue dans les banques américaines; une tranche importante de ce déséquilibre commercial provient d'exportations vers les Etats-Unis de produits fabriqués à Taïwan par des firmes américaines, telles que les Automobiles Ford Lio Ho, les Laboratoires Wang, les sociétés Corning Ware, General Telecommunications and Electronics (GTE) et International Business Machines (IBM). Et comme l'a ajouté a fortiori un ministre de de Chine, plus de 60 000 des meilleurs étudiants chinois ont élu résidence aux Etats-Unis après leurs études supérieures, ce qui contribue à une importante «fuite des cerveaux» pour de Chine. Une telle analyse apporte une meilleure connaissance de ces problèmes fort complexes.
Ce recueil traite de mutations: les changements significatifs de la qualité de la vie en République de Chine à Taïwan et l'importance croissante de l'île de Taïwan dans la région de l'Asie et du Pacifique, et même dans le monde. Les discours de M. Chang font également appel à une correction à cet égard pour que les autres pays libres considèrent le rôle important de de Chine dans le maintien de la paix et de la stabilité internationales.
(*) A framework for China's unification (Un cadre pour la réunification de ), King-yuh Chang, Kwang Hwa Publishing Company, Taïpei, 1986 (94 pp.).