>> Pièces de vaisselle traditionnelle, objets culturels ethniques, jarres à fermentation... l’exposition « Goût de Taiwan », visible à Paris jusqu’au 25 novembre, offre un aperçu de l’art du vin et des boissons alcoolisées dans la Chine ancienne et à Taiwan. Source de divertissement et d’inspiration à travers les âges, l’alcool joue un rôle principal dans les fêtes familiales ou les rituels religieux
A Taiwan, aucun repas digne de ce nom n’est complet sans boisson, si possible alcoolisée. Pays gastronomique à l’image de la France, l’ancienne Formose, réputée pour la saveur de ses thés semi-fermentés, produit également, et c’est peut-être moins connus des Français, des alcools de qualité. Le centre culturel de Taiwan développe ce thème à travers une exposition, « Goût de Taiwan », qui se tient à Paris jusqu’au 25 novembre (*). Organisée dans le cadre de la 4e édition de la semaine des cultures étrangères à Paris, dont le thème, « Etrangement proche », a séduit 38 centres ou instituts culturels, cette manifestation présente, autour d’une soixantaine d’objets provenant de collections privées et publiques (essentiellement celles du musée national d’histoire), « la place traditionnelle des boissons alcoolisées dans les cultures aborigènes et chinoises insulaires ainsi que les méthodes de fabrication », note, dans la brochure de présentation, Chen Chi-nan [陳其南], ministre de la Culture.
Bénéficiant d’un climat favorable, l’île produit toutes sortes de céréales et de fruits (sorgho, canne à sucre, riz, prunes ou encore millet), matières premières pour la confection d’eaux-de-vie ou d’alcools. Considérés comme « le plus précieux des cadeaux », ces boissons ont une place privilégiée dans la culture aborigène, et l’exposition insiste sur ce point à travers la présentation de nombreuses pièces en grès, en bois ou en osier. Mortiers, corbeilles, tamis, filtres, seaux à alcool et jarres donnent une indication précise des méthodes de fabrication et de conservation des liquides. Véritable lien social, « l’alcool occupe une fonction importante dans ces sociétés », peut-on lire dans le catalogue. « Les aborigènes versent du vin sur la terre lors d’événements importants tels que les semences ou les récoltes. Ils peuvent aussi tremper un doigt de leur main droite dans le vin puis claquer des doigts pour honorer les divinités ou les esprits de leurs ancêtres en récitant des prières pour qu’ils protègent leur progéniture ou leurs récoltes. » Servi pour fêter l’arrivée des invités venant de loin, ce « don des dieux » est également présent lors des enterrements, des naissances ou du passage à l’âge adulte. L’exposition présente une série de gobelets « siamois » en bois de l’ethnie paiwan, sculptés ou non, que l’on utilise notamment lors des mariages.
En l’honneur des ancêtres
La place des boissons alcoolisées est aussi importante dans la société chinoise han. Au centre des rites et de la politesse, elles étaient dégustées lors des libations en l’honneur des ancêtres, savourées par les lettrés, poètes et écrivains, lors de leur travail d’écriture. « Aujourd’hui encore, dans les foyers taiwanais, on peut remarquer que le culte des ancêtres et des divinités bouddhico-taoïstes s’exprime par des offrandes d’alcool, explique-t-on dans la brochure. Sur l’autel domestique, devant les tablettes des ancêtres et les effigies des divinités, on trouve toujours trois petits bols à alcool remplis quotidiennement. (…) Chez les Han, on notera la constance du chiffre trois, symbole d’abondance. »
« Goût de Taiwan » offre ainsi un aperçu de pièces (coupes tripodes, réchauds, bols en émaux, tasses en jade, pichets…) datant de différentes dynasties (Shang, Han, Jin, Qing) ou de la République (postérieur à 1911) et qui rappellent ainsi que les origines de la distillation en Chine remontent fort loin dans le temps. ■
(*) : Centre culturel de Taiwan à Paris, 78 rue de
l’Université, Paris 7e. Tél : 01 44 39 88 66.
http://culture.taiwan.free.fr/français.htm.