LI ANG
Nuit obscure
Publié à Taiwan il y a tout juste 25 ans, ce livre de Li Ang [李昂], nom de plume de Shih Shu-tuan [施淑端], est l’histoire d’une irruption – celle d’un étudiant en philosophie portant la morale en bandoulière – dans l’écheveau banal des infidélités conjugales et de l’affairisme. Les indiscrétions égrainées par le jeune homme constituent un récit au style précis, presque naturaliste, au cours duquel défilent délits d’initiés, corruption, égoïsme, mensonges et trahisons, cruel portrait du Taipei des années 80. Le ressort de l’intrigue pourra paraître artificiel à certains, la figure du moralisateur semblant par trop irréaliste, mais Li Ang finit à la fin du roman par donner de la complexité à ce personnage. (P.-Y.B.)
Traduit du chinois par Marie Laureillard
Actes Sud, 2004
JEUX VIDÉO
MOCA TAIPEI
Fights, Flights & Frights
Les jeux vidéo peuvent-ils être considérés comme une forme d’art ? La question n’est pas nouvelle et prolonge en quelque sorte le débat qui a longtemps fait rage au sujet de la vidéo. Ces dernières années, des jeux vidéo ont d’ailleurs gagné leurs lettres de noblesse en étant primés dans des festivals du film ou d’art numérique. L’art de raconter des histoires et de les représenter graphiquement est au cœur de l’exposition proposée par MOCA Taipei, autour des créations du studio américain Blizzard Entertainment, de StarCraft à Diablo en passant par Warcraft. Elle présente aussi des œuvres réalisées par des joueurs captivés par ces mondes virtuels. (P.-Y.B.)
Jusqu’au 10 octobre, au musée d’Art contemporain de Taipei.
(AIMABLE CREDIT DE BLIZZARD ENTERTAINMENT)
HISTOIRE
MUSÉE NATIONAL DE TAIWAN
Le Royaume du camphre
(AIMABLE CREDIT DU MUSEE NATIONAL DE TAIWAN)
Le camphre évoque immanquablement les petites boîtes de baume chinois prisées jusqu’en Europe pour leurs vertus apaisantes. Moins connu est le rôle joué par cette matière première dans le développement économique de Taiwan, dès le XIXe s. et jusqu’à la fin des années 60. Prenant prétexte de l’ouverture prochaine d’un musée de l’histoire industrielle sur le site de l’ancienne usine de camphre de Nanmen, à Taipei, cette exposition retrace de façon à la fois exhaustive et ludique les différentes dimensions historique, économique, industrielle, sociale, géopolitique… de l’exploitation des camphriers taiwanais. Une muséographie de qualité rend le propos accessible à tous, et invite à la découverte d’aspects méconnus de l’histoire insulaire. (P.-Y.B.)
Jusqu’au 15 octobre, au musée national de Taiwan, à Taipei.
POP
WANG LEE-HOM
The 18 Martial Arts
La sortie d’un album de Wang Lee-hom [王力宏] est généralement un événement où le hasard n’a pas sa place, tant la machinerie marketing du chanteur de charme taiwano-américain est bien huilée. Si ses derniers opus avaient semblé naviguer au gré des vents dominants, avec des incursions dans les domaines du hip-hop et du rock, Wang Lee-hom signe avec The 18 Martial Arts un opus dans la veine de ses premiers albums, sur fond de ballades et de sonorités chinoises. Cerise sur le gâteau, la sortie de l’album, le mois dernier, a coïncidé avec celle de Love in Disguise, film avec lequel l’idole, déjà remarquée dans Lust, Caution, signe sa première réalisation tout en partageant la vedette avec l’actrice chinoise Liu Yifei [劉亦菲]. Double bonheur assuré pour les fans. (P.-Y.B.)
Action
DOZE Niu
Monga, 2010
(AIMABLE CREDIT DE LEE LIEH)
En entrant dans le milieu des gangs et de la mafia du Taipei des années 1980, le lycéen Moustique croyait pénétrer dans un monde d’amitiés viriles. Mais de cruautés en trahisons, c’est le vrai visage du crime qu’il découvre peu à peu. Dans son second long métrage à ce jour, le réalisateur Doze Niu [鈕承澤] revisite les grands mythes du film de gangsters dans un style virtuose et puissant. Avec des images chargées de sensualité, des musiques entraînantes, une très haute qualité technique et une remarquable ingéniosité narrative, Monga a bien mérité son spectaculaire succès dans les salles de l’île au début de l’année. Une version DVD avec sous-titres anglais est désormais disponible. (Matthieu Kolatte)