>> Comment reconnaître les oiseaux ? Comment les classer ? Voici quelques indices pour les débutants
Sur les quelque 500 espèces d'oiseaux présents à Taiwan, près de la moitié vivent au bord de l'eau. Il y a les « hivernants » qui ont fait un long voyage pour passer la saison froide sur ces rivages, les « estivants » qui viennent y pondre, les « nomades » qui y séjournent brièvement avant de continuer leur voyage vers les Philippines, l'Australie ou la Nouvelle-Zélande, les « vagabonds » qui se sont éloignés de leur formation au cours de la migration, et enfin les « résidents permanents » qui vivent à l'année près des cours d'eau et des lacs de Taiwan.
Les plus larges groupes d'oiseaux aquatiques observables à Taiwan sont formés par : les limicoles de la famille des scolopacidés (bécasses, bécassines, courlis... - soit 41 espèces) et de la famille des charadriidés (pluviers, vanneaux... - 11 espèces) ; les oiseaux d'eau de la famille des anatidés (canards, oies, cygnes... - 34 espèces) ; les échassiers de la famille des ardéidés (hérons, aigrettes, butors... - 19 espèces) ; les oiseaux de mer de la famille des laridés (mouettes, goélands, sternes... - 18 espèces).
Ensemble, ces oiseaux comptent pour une grande partie de la faune aviaire insulaire, et chaque espèce est largement représentée. Les groupes de sarcelles évoluant à la surface d'un plan d'eau ou les nuées de sternes emplissant le ciel au-dessus d'une falaise en été sont à Taiwan et dans les îles au large des spectacles assez courants.

Une colonie de sternes huppées.
Les visiteurs d'hiver : la majorité
La grande majorité des espèces de limicoles, d'oiseaux d'eau et d'échassiers sont des migrateurs fuyant le froid de la Sibérie et de la Chine du Nord soit par la « voie terrestre », via la péninsule coréenne et la côte chinoise, soit par la « voie maritime », via le Japon et la mer de Chine orientale. Ils rebroussent chemin vers leurs sites de nidification entre la fin du printemps et le début de l'été, après avoir passé l'hiver à Taiwan. Le choix de leur site d'hivernage est fonction de leur morphologie et de leur régime alimentaire.
Les oiseaux limicoles - le plus grand groupe tant par le nombre d'espèces que par la population - sont les plus petits des oiseaux migrateurs. Ils sont pourvus d'un bec long et pointu dont la forme varie d'une espèce à l'autre et qui leur sert à fouiller la vase. Ils évoluent dans les zones intertidales des estuaires, sur les bancs de sable et dans les marais, partout où l'eau rencontre la terre. Leurs fines et longues pattes leur permettent de progresser avec aisance dans les eaux peu profondes et la boue. Comme ces endroits concentrent les sédiments apportés par les cours d'eau et les marées, et qu'on y trouve des créatures marines comme les crevettes et les crabes, ce sont d'appréciables garde-manger pour les échassiers.

Le vanneau huppé.
Les oiseaux d'eau - la famille des canards - ont des pattes palmées qui en font de très bons nageurs et plongeurs, et ils sont donc surtout actifs sur les lacs et les rivières. Leur large bec est tapissé à l'intérieur de filtres en forme de peignes qui leur permettent de retenir les débris de plantes et les insectes. Ils installent leurs nids à la surface de l'eau et passe de nombreuses heures à barboter au soleil.
Les échassiers ont une silhouette proche de celle des oiseaux limicoles, mais ils sont de plus grande taille. Ils se nourrissent de poissons, d'insectes et de batraciens. On les rencontre surtout en bord de mer, mais ils fréquentent aussi les terrains secs et les salines. La famille des hérons comprend des oiseaux demeurant toute l'année à Taiwan, comme la petite aigrette, le rare bihoreau malais et l'aigrette sacrée. Leurs aires d'activité incluent également les terrains boisés en bord de rivière et les récifs du littoral.

Le martin-pêcheur.
Nids d'amour estivaux
Les sternes qui quittent les tropiques en été pour aller s'accoupler et pondre dans l'hémisphère nord, comme la sterne bridée et la sterne huppée, sont des oiseaux marins de la même famille que les mouettes. Leurs longues ailes sont particulièrement bien adaptées aux vols en cercles au-dessus de l'océan. Elles plongent de haut pour attraper les poissons et nichent en général en larges colonies sur les falaises et sur les îlots. Leurs cousins les goélands à queue noire font de rares apparitions l'hiver. En général, ils cherchent leur nourriture en se laissant flotter à la surface de l'eau, mais ils s'aventurent aussi souvent dans les eaux peu profondes en bord de mer, dans les estuaires et dans les marécages.
Charmants vagabonds
Les oiseaux « vagabonds » qui apparaissent surtout sur les promontoires tels que celui de Yehliu, sur la côte nord de Taiwan, sur les îlots au large du littoral, ou encore dans les bois plantés en bord de mer pour arrêter le vent, sont souvent ceux qui excitent le plus les amoureux des oiseaux. Après un typhon ou, en hiver, lorsqu'un front froid vient de balayer l'île, les ornithologues amateurs se rassemblent à Yehliu ou dans l'estuaire de la Lanyang, dans le district d'Ilan, afin de venir au secours des oiseaux désorientés qui auraient été déviés de leur course par la tempête.

La rhynchée peinte.
Les résidents rares
Les oiseaux aquatiques qui peuvent être observés à Taiwan mais n'entrent pas dans les catégories détaillées ci-dessus vivent en général sur l'île en permanence. C'est le cas du jacana à longue queue qui vit sur les champs d'euryale, de la rhynchée peinte, qui parcourt les berges de rivière et les rizières la nuit, du canard mandarin qui fréquente les rivières de sous-bois et les lacs, ou encore du martin-pêcheur qui se rencontre surtout en amont des cours d'eau. A cause de la destruction de leur habitat sous l'effet de l'urbanisation et de l'industrialisation, ces oiseaux sont de plus en plus rares.
Si votre plumage...
Dans leur grande majorité, les oiseaux d'eau muent à la saison des amours. Mâles et femelles arborent des plumages distincts. Ainsi les individus d'une même espèce peuvent-ils présenter quatre plumages différents - sans parler du changement d'apparence, plus prononcé encore, entre le petit et l'adulte.

Un couple d'aigrettes sacrées.
« Les oiseaux comme le faisan de Swinhoe ou le faisan Mikado sont très colorés et ont une morphologie peu commune. Il suffit de les avoir aperçus une fois pour savoir les reconnaître par la suite, dit Simon Liao [廖世聊], le président de l'Association internationale d'observation des oiseaux de Taiwan. Mais avec les oiseaux aquatiques, il peut vous arriver de rester à guetter pendant trois heures dans le vent froid qui vient de l'océan, et au bout du compte, de ne pas être sûr de ce que vous êtes en train d'observer ! » Il explique que, les plumages variant avec la saison, certains oiseaux finissent par se ressembler énormément, à tel point que la teinte de leurs pattes est parfois le seul élément permettant de les identifier de loin. Et s'ils ont les pieds dans la boue, la tâche est encore plus difficile. Pour ceux qui s'y connaissent un peu, l'observation des oiseaux est donc un véritable défi. ■