La Chine libre : Quelles relations entretient cette ferme avec l'Université nationale de Taïwan (NTU)?
Tsai Mu-chi : La FEMUNT fait partie de la Faculté d'Agriculture de la NTU mais, ne recevant aucun budget de cette dernière, elle est obligée de générer ses propres ressources. Nous avons commencé par cultiver et vendre des légumes et des fruits de montagne. Une partie de nos terrains a été louée à des agriculteurs. Ce système a duré jusqu'au début des années 90, quand les producteurs de fruits ont protesté auprès du gouvernement, nous accusant de rivaliser avec eux sur le marché local. Cette réaction s'explique par le fait qu'ils ont été eux-mêmes confrontés à la concurrence étrangère lorsque le gouvernement a autorisé les importations de fruits, dans le cadre des mesures destinées à faciliter l'intégration de Taïwan dans le GATT [devenu, depuis, l'OMC, Organisation mondiale du Commerce]. Les producteurs de fruits sont allés jusqu'à manifester devant le ministère de l'Education qui a finalement pris la décision de nous accorder un budget de 20 millions de TWD par an à partir de 1994. Nous avons, dès lors, commencé à transformer la FEMUNT en ferme destinée au tourisme écologique.
Vous parlez d'écologie. Est-ce que la dégradation de l'environnement est particulièrement grave dans cette région ?
Ces problèmes se posent un peu partout dans le monde. Taïwan n'a pas été épargnée par les excès de l'exploitation agricole. Je pense que l'éducation est à la base de la protection de l'environnement. Il faut que les résidents de l'île apprennent d'abord à connaître la nature pour pouvoir ensuite l'aimer. L'éducation n'est pas limitée à l'école. Elle peut se faire partout. Et le tourisme écologique est une méthode efficace.
Est-ce que la FEMUNT est destinée au grand public ?
Je dirais qu'elle l'est plutôt au «petit public», c'est-à-dire aux gens qui s'inquiètent de l'environnement. Ici, on fournit un hébergement, avec de l'eau chaude 24 h sur 24 et une nourriture saine, dont des fruits et des légumes cultivés dans notre ferme. Mais ce lieu n'est pas un hôtel et bien sûr, on n'y trouve ni KTV ni boîte de nuit. Le comble, c'est qu'on demande à tous les visiteurs de faire leur vaisselle après le repas ! De plus, un cours d'écologie de deux heures est obligatoire au cours du séjour. Il permet aux visiteurs de mieux connaître les plantes et les animaux de cette région.
Quelles sont les difficultés que vous rencontrez ?
Elles sont d'ordre financier principalement. Le budget de 20 millions de TWD n'est pas suffisant pour que la FEMUNT continue à fonctionner. Les visiteurs représentent un revenu important mais ils ne viennent que pendant les week-ends. Nous n'avons pas les moyens de faire de la publicité.
Coopérez-vous avec les organisations écolo-gistes ?
Oui, avec quelques-unes, comme l'Association chinoise des Observateurs d'Oiseaux qui organise souvent différentes activités ici. Nous fournissons la salle de conférence, le logement et, bien sûr, l'environnement naturel !
Vous travaillez ici depuis longtemps?
Je suis ici depuis 1973. J'aime cet endroit et je me sens inséparable de cette terre. Les efforts que nous avons faits n'ont rien de révolutionnaire. Nous avons semé des graines et les beaux fruits que nous récolterons ne seront pas un rêve.