>>Malgré quelques soucis de sécurité et un léger manque de coordination, le Tour de Taiwan 2003 s’est déroulé de manière satisfaisante, et les coureurs locaux ont terminé la course avec les honneurs.
Le Tour de Taiwan s’est terminé le 26 novembre après huit jours de course, avec l’Iranien Ghader Mizbani, de l’équipe Giant Asian Racing, réalisant le grand chelem : meilleur coureur individuel, meilleur grimpeur et meilleur coureur asiatique.
La veille déjà, on s’attendait à ce que l’équipe Giant remporte le contre-la-montre par équipe, ce qu’elle a fait sans problème, tout en conservant une avance confortable de 24,41 s sur l’équipe Merida. L’équipe Giant a fini avec un temps total au chronomètre de 69 h 27 mn 29s sur les 958,1 km que comptait le tour.
Lors de la dernière étape, Giant avait décidé que ce serait Edmundas Holland qui ferait la course en tête. Bien qu’il ne soit arrivé que troisième ce jour-là, l’équipe Giant se trouvait dans une position si forte que l’on ne pouvait déjà plus douter qu’elle remporterait l’épreuve par équipe.
Sur les huit coureurs taiwanais participant au tour, c’est Lai Kuan-hua [賴冠華], de l’équipe Giant, qui a le mieux couru, finissant 13e en individuel. Huang Kim-pao [黃金寶], qui était pourtant considéré comme le meilleur espoir du Sud-Est asiatique, ne s’est finalement placé que 9e dans le classement général individuel.
Merida était le seul véritable adversaire de Giant dans le classement par équipe. Les membres de cette équipe coururent bien dans l’ensemble et procurèrent la plupart des moments excitants, montrant un esprit de compétition qui garda Giant et les autres équipes sur des charbons ardents tout au long de la course. Grâce à un fort esprit d’équipe, Merida réussit à se placer deuxième dans le classement par équipe, bien loin devant l’équipe Dinamo-Alata qui arriva troisième, avec 42,31 s de retard sur les vainqueurs.
D’après Lin Wen-chin [林文進], le manager de l’équipe Giant, l’étape Sun Moon - Lake Tatachia, qui comporte une ascension redoutable de près de 2 000 m de dénivelé, a toujours été l’épreuve décisive lors des courses précédentes. C’est d’ailleurs à cette occasion que les trois meilleurs grimpeurs de l’équipe ont acquis une avance quasi irrattrapable.
L’équipe Giant domina la principale étape de montagne, la septième de la course, en remportant les trois premières places du classement avec Mizbani en tête, suivi par l’Australien Glen Chadwich et Ahmad Kazemi-Sarai, Iranien lui aussi. Seul un désastre absolu lors du sprint final sur les berges de la rivière Ai à Kaoshiung aurait pu changer la situation.
Le Tour de Taiwan, même s’il compte sur le circuit international, ne représente en fait qu’un événement mineur. Li Kai-chih [李開志], secrétaire général de la Chinese Taipei Cycling Association, explique qu’il est difficile d’attirer ici les meilleurs coureurs cyclistes à cause du montant peu élevé des prix décernés aux vainqueurs. Il pense néanmoins que l’épreuve a des chances de prendre davantage d’importance suite au succès de la course 2003.
Bien qu’on n’ait eu à déplorer cette fois-ci aucun désastre comparable à l’accrochage de l’année précédente, la course a réservé quelques surprises, comme lorsqu’il fut décidé le quatrième jour de réduire le parcours de 69 kilomètres, sur le trajet Hualien-Taitung, pour des raisons de sécurité.
Après avoir constaté par eux-mêmes la dangerosité de cette portion de route, vantée comme la plus panoramique du parcours, les managers des diverses équipes ont accepté la décision des organisateurs.
« Le parcours n’a pas été modifié, on a simplement retiré ce tronçon de la course, a expliqué Li Kai-chih au quotidien Taipei Times. Nous l’avions inclus au départ parce qu’il s’agit de l’une des plus belles routes du parcours et que notre mandat inclut la promotion du tourisme. »
Sans le soutien de l’office du Tourisme, le Tour de Taiwan n’aurait probablement jamais eu lieu, a-t-il ajouté. « Nous avons donc essayé de respecter les souhaits de notre plus gros sponsor. »
Le manque de coordination au sein de la police, à certaines étapes, a mis en lumière des insuffisances qui empêcheront vraisemblablement cette course de devenir un événement majeur dans un futur proche. La police routière a brillé par son absence lorsque les coureurs cyclistes ont rejoint Taipei depuis Ilan, et le jour suivant, elle a même réussi à diriger certains d’entre eux vers un raidillon qui ne faisait pas partie du parcours...
Dans l’ensemble, Li Kai-chih pense que les coureurs ont bien réagi, malgré la frustration et la colère ressenties à propos de ce cafouillage à l’approche de Taipei, et que l’événement était impressionnant. « Je suis artiste autant que cycliste, dit Li Kai-chih, aussi ai-je voulu créer une belle course. »
Le manque de fonds fait qu’il est peu probable que le Tour de Taiwan se hisse avant longtemps parmi les grands rendez-vous du cyclisme mondial, mais l’île a le potentiel d’offrir l’une des épreuves les plus spectaculaires de la région Asie-Pacifique. ■