15/05/2025

Taiwan Today

Taiwan aujourd'hui

La forme ou les formes ?

01/07/1998
A Taïwan aussi, la dictature du look impose une taille fine. Victimes de modes de vie trop sédentaires et d'un changement des habitudes alimentaires, certains tombent néanmoins victimes des kilos en trop. Des méthodes fort diverses, plus ou moins recommandées, s'offrent alors à tous ceux qui veulent retrouver la ligne.
es Taïwanaises d’aujourd’hui sont obsédées par leur ligne. Pourtant, la tradition chinoise n’édicte aucun critère de beauté ou de minceur. Dans la Chine ancienne, ces notions variaient en fonction des goûts du souverain. Chao Fei-yen (? - 6 av. J.-C.), dont le prénom signifie « hirondelle volante », fut la concubine favorite de l’empereur Ch’eng des Han (33-7 av. J.-C.). On dit qu’elle était légère comme une hirondelle et que sa taille était si fine qu’on pouvait l’enserrer d’une seule main. A cette époque, seules les femmes très minces méritaient d’être qualifiées de beautés. Mais, sous la dynastie Tang, la mode changea, influencée par la favorite de l’empereur Tang Ming-huang (ou Tang Hsuan-tsung) (712 - 756), Yang Kuei-fei et ses formes extrêmement généreuses. Les femmes peu en chair ne furent dès lors plus guère appréciées. Une phrase du Chant de l’Eternel Regret du poète Pai Chu-i donne une idée du physique de la favorite de l’empereur : « L’eau de la source baigne le corps replet ». Ces formes charnues irrésistibles aux yeux de l’empereur Tang Ming-huang constitueraient aujourd’hui une vision plutôt effrayante ! Comparer une femme à Yang Kuei-fei n’a désormais rien d’une remarque obligeante. Au mieux, elle déclenche des rires ; au pire, l’indélicat risque de s’attirer les foudres de son interlocutrice.

Les effets de la prise de poids sur le corps sont évidents. Les personnes affligées d’embonpoint redoutent beaucoup les remarques ayant trait à leur aspect physique. Ceux qui se font traiter de « gros » doivent se rendre à l’évidence qu’ils ont moins de succès auprès de l’autre sexe que leurs pairs moins enrobés. On entend même parfois professer l’idée que l’obésité est la honte des hommes civilisés. Dans ces conditions, il n’est pas étonnant qu’affligés de ces kilos en trop qui finissent quelquefois par tourner à l’obsession et au cauchemar, les malheureux dont le physique ne correspond pas aux critères esthétiques du moment décident de s’engager sur la longue et pénible route du régime amaigrissant. Leur résolution prise, ils sont souvent assaillis des conseils et avis abondamment prodigués par leurs proches sur la question. Certains expliquent que les régimes sont dangereux pour la santé ; d’autres sont persuadés que la peau va se flétrir et que tous ceux qui se lancent dans des régimes amaigrissants prennent un « coup de vieux ». Les échecs répétés ne sont pas rares parmi ceux qui veulent retrouver une silhouette idéale. Beaucoup sortent épuisés physiquement et moralement de ce combat contre les kilos, la graisse qui les enrobe refusant obstinément de disparaître. Mais quoi qu’il en soit, face à la dictature du « minceur égale beauté », la lutte contre l’embonpoint reste plus que jamais une étape essentielle dans la poursuite de la beauté à Taïwan.

Qu’est-ce que l’obésité ? A partir de quel moment les kilos en trop justifient-ils que l’on entame un régime pour les perdre ? En général, sont « gros » ceux dont le poids effectif dépasse de 20% le poids idéal. Actuellement, le poids idéal à Taïwan est calculé comme suit : pour les hommes, on soustrait 80 à la taille avant de multiplier le résultat obtenu par 0,7. Pour les femmes, les valeurs à appliquer sont 70 et 0,6. Mais cette méthode n’est pas une panacée universelle car elle ne prend pas en compte les caractéristiques du milieu et de la race. Une autre méthode de calcul utilisée dans le monde entier consiste à déterminer l’indice de masse corporelle (Body Mass Index ou BMI). Le poids en kilos est divisé par le carré de la taille en mètre. Si la valeur obtenue est comprise entre 20 et 25, le poids est idéal. Si elle est supérieure à 30, le poids est trop élevé. En dessous de 20, il est trop faible.

Il est prouvé que les kilos supplémentaires sont souvent responsables de maladies. Outre le côté esthétique, c’est donc aussi pour rester en bonne santé que beaucoup décident de maigrir. Et, à Taïwan, les méthodes aussi diverses qu’originales ne manquent pas pour parvenir à ce but.

La première chose qui vient à l’esprit de ceux qui veulent perdre du poids, c’est bien entendu le sport. Les Taïwanais ne font pas exception à la règle. Considérant que leurs kilos en trop sont la conséquence d’un manque d’exercice, certains choisissent de se bouger davantage pour dépenser leurs calories en trop. Les médias diffusent fréquemment des images de ces dieux et déesses à la plastique irréprochable qui emplissent les salles de gym, si bien que les candidats aux cours d’aérobic ou à l’achat d’un appareil sportif d’appartement sont fort nombreux. Il faut compter en moyenne 300 TWD (8,50 USD) pour un cours d’aérobic ou de danse rythmique. Les médecins recommandent aussi souvent la natation, que l’on pratique principalement l’été dans l’île. Il faut compter environ 100 TWD (2,80 USD) pour accéder aux piscines publiques et entre 200 et 500 TWD (entre 5,50 et 14 USD) pour fréquenter les piscines privées. Quant au coût d’un équipement sportif, il peut aller de quelques milliers à plusieurs dizaines de milliers de TWD (de quelques dizaines à quelques centaines d’USD), selon la marque et la complexité de l'appareil en question. Certains choisissent de s’inscrire dans des clubs privés où il faut verser entre 40 000 et 50 000 TWD (entre 1 140 et 1 430 USD) pour une adhésion annuelle, avec un accès illimité à tous les équipements (salle de musculation, de squash, piscine, sauna, etc.).

En général, le sport, même combiné à une alimentation diététique, ne permet pas de maigrir rapidement. Les conditions nécessaires à la pratique régulière d’une activité physique – patience, volonté, emploi du temps adapté, proximité des équipements sportifs – permettent certes d’améliorer aussi bien la forme que les formes. Mais les abandons sont nombreux, la principale raison évoquée étant le manque de temps. Ceux qui se sont lancés dans l’acquisition d’un appareil de jogging ou d’un vélo d’appartement dans un accès d’enthousiasme aussi soudain que temporaire ne parviennent pas à s’astreindre à une utilisation régulière. L’appareil, qu’ils ont payé fort cher, finit en général sa brève carrière dans un débarras.

Dans une version moins onéreuse, certaines personnes choisissent d’acheter des cassettes enregistrées de cours d’aérobic ou de gymnastique d’entretien qu’elles suivent chez elles. A Taïwan, les cassettes enregistrées des exercices de Cindy Crawford ou de Jane Fonda se vendent très bien. Elles permettent à leurs acheteurs de maigrir en douceur et sans efforts démesurés, moyennant un peu de volonté et d’assiduité. Mais, face à la recrudescence des blessures résultant d’un entraînement effectué sur un sol trop dur ou sans échauffement préalable, les médecins expliquent que rien n’oblige à s’adonner à un sport intensif ou violent. La marche, finalement, ce n’est pas mal non plus !

Une méthode qui remporte les suffrages de nombreux « gros » taïwanais sont les cures d’amaigrissement. Plusieurs grands hôpitaux proposent ce genre de programmes, dont le Centre hospitalier universitaire de Taïwan, l’Hôpital général des Anciens Combattants, l’Hôpital général des Armées, etc. La plupart du temps, ces cures font le plein de candidats. On exige d'abord des patients qu’ils passent une visite médicale. Vient ensuite un entretien avec un médecin ou un nutritionniste, chargé de prodiguer des conseils personnalisés en fonction de la condition physique de chacun. Les résultats obtenus sont, d’une manière générale, très satisfaisants, raison pour laquelle de nombreuses personnes choisissent de maigrir par ce moyen.

Les cures d’amaigrissement du Département de Nutrition du Centre hospitalier universitaire de Taïwan ont pour but d’aider les obèses à perdre du poids en toute sécurité, grâce à une alimentation contrôlée, la pratique de l’aérobic et une modification des modes de vie et des comportements. Des études ont montré que l’obésité des êtres humains est liée à l’influence de trois facteurs : l’hérédité, l’environnement et les habitudes. Même si les membres des familles de gros affirment prendre du poids rien qu’en buvant de l’eau, il n’en est pas moins possible d’agir sur les conséquences des facteurs d’hérédité, par un rééquilibrage de l’alimentation et une augmentation des pratiques sportives notamment. Les influences néfastes de l’environnement et les mauvaises habitudes sont encore plus facilement corrigées grâce à un passage au crible du mode de vie : les conversations consacrées à la nourriture ne seraient-elles pas trop fréquentes ? N’y a-t-il pas, dans le cadre de vie, trop de signaux liés à la nourriture ? L’habitude qu'ont les parents de récompenser ou de punir leurs enfants par l’offre ou la privation d’aliments risque ainsi d’inciter les futurs adultes à trouver un soutien dans la nourriture en cas de difficulté d’ordre psychologique. Ces facteurs liés à l’environnement sont tous susceptibles de conduire un jour à l’obésité. Enfin, ces sessions comprennent un soutien psychologique, nécessaire à ceux et celles qui, soumis à de longs régimes, deviennent facilement irritables, anxieux et dépressifs et dont l’amour-propre est bien souvent blessé par les regards méprisants et les moqueries.

Le programme d’amaigrissement du Centre hospitalier universitaire de Taïwan est avant tout destiné à ceux dont le poids est supérieur de 20% au moins au poids idéal. Il s’agit d’une cure intensive d’une durée de trois mois dirigée par des psychologues, des médecins, des nutritionnistes, des infirmiers et des professeurs d’éducation physique. Ses particularités sont les suivantes :

• Une sélection et une évaluation rigoureuses des participants

• Une session intensive de 4 semaines auxquelles sont ajoutées 8 semaines de pratique sportive

• La présence de nombreux spécialistes

• Un régime alimentaire équilibré

• Des programmes et des conseils nutritionnels personnalisés

• Des cours de cuisine pour apprendre à préparer des plats à faible teneur calorique

• L’identification d’un sport adapté après évaluation de la condition physique

• Un grand choix de disciplines sportives

• Une analyse de l’état psychologique au cas par cas avec dispense de conseils personnalisés

• Un suivi régulier du patient après la fin du programme

L’Hôpital général des Anciens Combattants a mis en place des cures d’amaigrissement en 1992. Les objectifs sont les mêmes que ceux du Centre hospitalier universitaire de Taïwan, à savoir, inculquer des notions correctes sur la façon de maigrir, afin que les obèses parviennent à perdre leurs kilos en trop grâce à des méthodes adaptées. Le programme est aussi destiné en priorité à ceux dont le poids réel est supérieur d’au moins 20% au poids idéal. La session dure sept semaines, au cours desquelles les patients perdent 5 kilos en moyenne. A l’heure actuelle, 30 personnes seulement peuvent s’inscrire à chaque cure. Les patients passent d’abord une visite médicale. Un programme individualisé est ensuite mis au point. On exige des curistes qu’ils poursuivent leurs efforts après la fin du programme, seul moyen d’éviter la rechute. Le coût d’une cure est de 8 000 TWD (228 USD), auxquels il faut ajouter les frais de visite médicale, d’environ 2 700 TWD (77 USD).

Beaucoup de gens considèrent que l’« alimentation sélective » est un bon moyen de perdre des kilos très rapidement. A l’heure actuelle, les régimes par les pommes, les ananas, la viande, etc., remportent un certain succès à Taïwan. Il n’y a pas si longtemps de cela existait même une méthode d’amaigrissement par les œufs, qui se résumait à la consommation de deux œufs à la coque à chaque repas. Le régime par les pommes vient du Japon. Il se distingue par sa frugalité : à l’exception de ces fruits, que l’on consomme pendant trois jours, tous les autres aliments sont interdits. Il y a fort à parier que le choix de ce régime doit beaucoup au proverbe anglais qui affirme que la consommation quotidienne d’une pomme garde en bonne santé (« An apple a day keeps the doctor away ») !

Le régime amaigrissant par les ananas met l’accent sur la dissociation des aliments en fonction de leur nature : protéines, féculents, etc. Il tire son nom du fait que l’un des repas de la journée ne doit être constitué que d’ananas. Ce fruit, très fibreux, améliore le transit intestinal et prévient donc l’assimilation excessive de certains aliments dans l’organisme.

La méthode d’amaigrissement par la consommation de viande a été mise au point par l’ancien directeur de l’Hôpital général des Armées, le général Chu Ping-ch’i. Elle consiste à exclure du régime alimentaire le riz, les pâtes et autres féculents et à ne consommer que du poulet, du canard et du poisson. L’eau est la seule boisson autorisée. Si elle est appliquée à la lettre, cette méthode permet de perdre entre un et trois kilos en une semaine. Mais, pour attirante qu’elle semble être, elle ne remporte qu’un succès mitigé à Taïwan car elle exclut les repas de riz, denrée de base de la civilisation chinoise. De plus, un régime composé exclusivement de viande devient vite lassant, et rares sont ceux qui parviennent à s’y tenir pendant huit semaines d’affilée. Selon le docteur Chu, choisir de consommer de la viande pour maigrir n’est pas en contradiction avec l’évolution et les besoins physiologiques de l’espèce humaine. Il y a des dizaines de milliers d’années, l’homme vivait de la chasse. Par la suite, sa sédentarisation lui montra qu’il lui suffisait de cultiver la terre pour obtenir de quoi se nourrir sans risquer sa vie. C’est pour cette raison que les légumes, les fruits, le riz et le blé devinrent peu à peu la base de l’alimentation humaine. Mais, en réalité, l’homme n’est pas un consommateur naturel de céréales. Le docteur Chu affirme dans sa théorie que la viande est indispensable au régime alimentaire humain et que faire de la viande l’aliment de base revient tout simplement à reprendre les habitudes des premiers hommes.

Bien entendu, de nombreux médecins sont en désaccord avec cette méthode. D’une part, il est possible d’avoir une alimentation équilibrée en ne consommant que des végétaux, des œufs et des produits laitiers, à condition de se livrer à certaines combinaisons garantissant l’apport des acides aminés essentiels et de veiller à fournir à l’organisme, grâce à des additifs, les vitamines qui ne se trouvent dans aucun végétal. D’autre part, face à la mode des régimes sélectifs, les spécialistes expliquent que la consommation d’un seul aliment entraîne inévitablement des carences et un déséquilibre nutritionnel pouvant conduire à d’importantes perturbations physiologiques. A leurs yeux, ces régimes permettent peut-être au corps de retrouver sa minceur mais ils ne l’aident certainement pas à se maintenir en bonne santé. Ces méthodes sont donc à proscrire parce que dangereuses.

Plus radical que l’alimentation sélective, le jeûne, c’est-à-dire la privation totale de nourriture, reçoit aussi les faveurs de nombreux candidats au régime. Ses partisans soutiennent qu’il permet non seulement d’éliminer les rondeurs, mais aussi de « nettoyer » l’organisme grâce à un phénomène de diarrhée qui se déclencherait au bout de trois jours de diète absolue, moyen infaillible de débarrasser le corps de ses impuretés. Une vedette de la télévision, Yu Fang, a réussi à perdre 4 kilos en cessant de s’alimenter pendant 10 jours. Elle a déclaré à propos de son expérience : « Durant les deux premiers jours, on est faible et affamé, mais la situation s’améliore peu à peu. La sensation de faim diminue, on se sent léger et l’énergie revient. » On parviendrait donc à maigrir rapidement avec cette méthode. Mais attention aux abus dont certains font tout simplement frémir ! Un fait divers, paru dans un quotidien local voici quelques mois, relate ainsi le cas d’une jeune maman qui avait décidé de faire jeûner son fils de faible constitution physique dans le but de le fortifier. Ne parvenant qu’à affamer le malheureux, qui a failli y laisser la vie, cette pauvre mère, fort mal conseillée par son entourage, a finalement été inculpée pour mauvais traitement.

Certains candidats à l’amaigrissement choisissent de perdre leurs kilos en trop grâce à la consommation de produits diététiques. Récemment, une ancienne actrice, Chen Lili, a fait sa réapparition dans les médias après une longue éclipse. La raison ? Un régime alimentaire réussi. Chen Lili a déclaré au journaliste venu l’interviewer qu’encouragée par ses amis, elle s’est mise à s’alimenter de lait de régime enrichi en vitamines au cours de deux repas sur trois. En un mois, elle serait parvenue à perdre quelque 5 kilos, tout en restant relativement en forme.

Le lait de régime n’est que l’un des innombrables produits basses calories qui sont proposés sur le marché et qui sont censés garantir l’apport calorique minimal nécessaire. En général, ils ont bon goût et, surtout, ils permettent de se rassasier. Leurs fabricants affirment que ces aliments contiennent les nutriments nécessaires à l’organisme et qu’en les consommant, il est possible de rester mince et en bonne santé. Mais tous les produits diététiques ont le même défaut : ils finissent par lasser. L’absorption de lait de régime en trop grande quantité risque aussi de faire singulièrement augmenter la quantité de protéines assimilées par l’organisme, ce qui n’est guère recommandé pour les reins.

Outre les méthode « internes », les techniques d’amincissement « externes » sont aussi très en vogue à Taïwan. Tous les rayons produits de beauté des grands magasins proposent des crèmes ou gels minceur importés ou de fabrication locale. Ils sont, pour l’essentiel, constitués d’algues ou de substances d’origine végétale capables de fractionner les graisses accumulées grâce à des massages qui les diffusent mieux à travers la peau. En conséquence, les cellules graisseuses diminuent ou même disparaissent. Il faut compter entre 2 000 (57 USD) et 13 000 TWD (370 USD) pour un gel amincissant importé. Les savons amincissants sont beaucoup plus abordables : ils ne coûtent que 200 TWD (5,50 USD). On trouve même un savon amincissant à base d’algues en provenance du continent chinois au tarif imbattable de 49 TWD (1,40 USD). La notice qui l’accompagne porte cette formule : « Les personnes maigres ne doivent pas utiliser ce produit. La compagnie refusera d’endosser toute responsabilité vis-à-vis de ceux qui maigriront encore davantage après l’avoir utilisé, au mépris de nos avertissements. » Cette phrase, ajoutée à un prix défiant toute concurrence, incite de nombreux consommateurs à tenter leur chance, persuadés qu’ils ne perdent rien à essayer ce savon. Aucune étude n’est là, bien entendu, pour attester de son efficacité.

Les esthéticiens conseillent aux utilisateurs d’appliquer ces produits amincissants lorsqu’ils vont au sauna, arguant qu’ils pénètrent mieux la peau quand les pores sont dilatés. Appliqués sur les parties adipeuses, ils doivent réduire ou éliminer les graisses accumulées. L’expérience prouve que ceux qui essayent ces produits s’allègent en effet de plusieurs centaines de grammes en quelques heures. Mais qu’ils ne se réjouissent pas trop vite. Bon an mal an, une séance de sauna fait forcément perdre un peu de poids, de l’ordre de 200 grammes environ, résultat de l’évaporation de l’eau contenue dans le corps et non de l’élimination de la graisse. Pour preuve, les grammes perdus sont vite repris après la consommation de quelques verres d’eau.

Dans la catégorie des méthodes plus pittoresques, on trouve les bandes adhésives amaigrissantes en provenance du Japon. Leur mode d'emploi est très simple : il suffit de les enrouler avec suffisamment de force autour des doigts en laissant libre les articulations pour pouvoir bouger les mains et continuer ainsi à vivre à peu près normalement ! Il faut garder ces bandes huit heures par jour au moins, mais il n’est pas recommandé de les porter durant la nuit parce qu'elles risquent d’entraîner alors des problèmes de circulation du sang. Un rouleau coûte moins de 100 TWD (2,80 USD) dans toutes les pharmacies. Si l’on en croit ses utilisateurs, cette technique facilite le remodelage des formes mais elle ne permet pas de perdre aisément du poids. Il existe également sur le marché des bandes adhésives dont les fabriquants affirment qu’elles permettent de maigrir là où on le veut. Leur action est fondée sur la stimulation des points vitaux du corps, notion tirée de la médecine chinoise. Il est cependant difficile d’en connaître les effets avérés car ses utilisateurs sont trop peu nombreux.

Autre méthode, onéreuse mais extrêmement prisée, celle qui consiste à avoir recours à un appareillage scientifique d’amaigrissement, que l’on ne peut généralement trouver que dans les centres spécialisés, très à la mode. Avant d’entreprendre le traitement, ces centres exigent d’abord de leurs clients un certificat médical. Ils effectuent ensuite une analyse du corps en sondant, grâce à un appareillage de mesure électronique spécial, l’adiposité de ses différentes parties. Cette analyse chiffrée permet de déterminer comment est répartie la graisse sur le corps. Il devient alors possible d’appliquer un traitement amincissant aux tissus adipeux et de remodeler le corps. Le programme comprend aussi une réduction du poids grâce à des appareils spéciaux, l’organisation de cours consacrés à la nutrition et l’offre d’un soutien psychologique destiné à empêcher les rechutes et la reprise de poids.

Ces centres d’amaigrissement affirment avoir recours à la dernière technologie américaine ou européenne, comme les appareils de « drainage lymphatique » ou d’« élimination des toxines par rayons infrarouges ». Le principe de base de ces installations informatisées aux noms impressionnants est de dégrader et de fragmenter les cellules graisseuses, d’accélérer le métabolisme et l’évacuation des impuretés contenues dans l’organisme, de brûler les calories et de permettre ainsi un amaigrissement. Les cycles comprennent en général 80 sessions d’une durée de trois mois pour un coût de quelque 40 000 TWD (1 140 USD). Le remboursement est promis en cas d’échec du traitement. Le taux de réussite moyen serait de 80%.

Selon la loi actuelle, les centres d’amaigrissement ne sont pas des centres médicaux. Ils ne peuvent donc avoir recours qu’à des traitements « externes » et ne sont pas habilités à délivrer des ordonnances de médicaments ou à pratiquer la chirurgie.

Très en vogue en Europe et aux Etats-Unis depuis une dizaine d’année, la lipoaspiration est aussi de plus en plus fréquemment pratiquée à Taïwan. Cet amincissement par intervention chirurgicale donne des résultats immédiatement visibles mais non exempt d’effets secondaires : infection des blessures, saignements, obstruction des vaisseaux sanguins par les cellules graisseuses, etc. On a même vu des cas où cette opération a entraîné la mort. Selon un praticien de chirurgie esthétique de la clinique Chang Chun Teng, la graisse s’accumule dans la plupart des cas sur le bas-ventre, autour des cuisses ou sur les fesses. La lipoaspiration n’a pas pour but de faire maigrir mais de remodeler le corps et d’affiner les formes. Bien qu’elle lui permettre de s’alléger de plusieurs kilos, elle ne dispense pas le patient de surveiller son alimentation et de faire de l’exercice pour empêcher de nouveaux dépôts de graisse de se former. Il est possible d’enlever à chaque opération jusqu’à 3 000 centimètres cubes de graisse. Mais il faut compter entre 30 000 (857 USD) et quelques centaines de milliers de TWD (quelques milliers d’USD) pour une intervention, ce qui représente une forte somme pour un revenu moyen. Les médias sont envahis par les publicités promettant monts et merveilles aux utilisateurs de cette technique, de sorte que les candidats ne manquent pas. Inutile de préciser qu’il est fortement conseillé de choisir un établissement agréé.

Certains parties du corps sont plus affectées que d’autres par l’embonpoint du fait de l’hérédité, de l’influence de l’environnement et du vieillissement. Il n’est pas rare que les rondeurs soient limitées aux cuisses ou à une autre région spécifique du corps. Ceux qui connaissent cette forme d’adiposité sont des candidats tout désignés à la lipoaspiration.

Le chikung permet aussi de maigrir. On dit de cette pratique qu’elle peut tout soigner, y compris l’obésité. Le chikung est un ensemble de techniques traditionnelles chinoises composées d’exercices respiratoires qui permettent de guérir des maladies ou de demeurer en bonne santé. Le célèbre maître de chikung du continent chinois, maître Tan Wen-hua, affirme que, pour qu’elle puisse porter ses fruits et être efficace sur le long terme, une méthode d'amaigrissement doit parvenir à « déchiffrer le code de la barrière qui emprisonne la graisse dans le corps humain ». Lorsque cette barrière tombe, la graisse s’évacue naturellement. Par la suite, quels que soient les aliments qui sont ingérés, la prise de poids n’est plus à craindre parce que l’organisme adapte exactement sa consommation à ses besoins.

Comment donc se déroule un traitement amaigrissant par le chikung ? Dans un premier temps, il faut, pendant cinq jours, se contenter de deux tranches de pastèque et d’un bol de soupe de légumes à chaque repas. L’eau peut être consommée à volonté. Alors que les toxines contenues dans le corps sont éliminées peu à peu, le chikung règle et équilibre le processus de perte de poids. Les premiers résultats deviennent visibles au bout de trois jours.

La pratique des exercices de chikung doit se faire sous la direction d’un maître qualifié qui, pendant une dizaine de minutes, insuffle son « énergie vitale » au patient. La seconde étape, qui se fait dans la position couchée, est constituée d’exercices respiratoires. Ce processus doit être répété une centaine de fois. Il a l’avantage d’être simple et facile à retenir. La régularité avec laquelle il faut pratiquer les exercices – trois fois par jour – est la seule véritable astreinte. Aucune prise de médicament n’est requise. En dehors du moment consacré aux exercices, le patient peut vaquer normalement à ses occupations. La durée du traitement n’est que de cinq jours, avec une perte de poids moyenne d’environ 5 kg.

Les maîtres qualifiés de chikung sont peu nombreux à Taïwan. Si la presse regorge de publicités pour des cours de cette technique destinée à fortifier le corps et à guérir de nombreuses maladies, leur fiabilité n’est pas prouvée. Dans ces conditions, il n’est pas étonnant que de nombreux patients de Taïwan se rendent sur le continent chinois pour s’y faire soigner ou maigrir grâce au chikung.

Dernière méthode d’amaigrissement également très populaire à Taïwan : l’acupuncture. Elle a pour premier objectif de contrôler l’appétit. Pour ce faire, les aiguilles sont appliquées sur les points vitaux situés notamment sur l’oreille, l’estomac, le cardia et l’œsophage. La stimulation des points situés sur l’oreille permet de « suggérer » aux nerfs une sensation de satiété et de réduire ainsi l’appétit. Le second objectif est d’accélérer le métabolisme des cellules de graisse et de les transformer en énergie. Elles sont alors normalement éliminées au cours des activités de la vie de tous les jours. Enfin, pour les « faux gros », la stimulation de certains points d’acupuncture permet d’évacuer l’excès d’eau contenue dans l’organisme.

Là encore, ceux qui choisissent de maigrir grâce à l’acupuncture doivent s’adresser à un praticien qualifié. En général, on utilise maintenant des aiguilles jetables pour éviter tout risque de contamination ou d’infection. Le taux de réussite de l’amaigrissement par acupuncture est de 90%. Ce procédé, qui n’entraîne aucune indisposition chez le patient, constitue un moyen idéal de perdre du poids. Les résultats sont obtenus plus rapidement encore si l’on accompagne les séances d’une prescription de médicaments traditionnels chinois, ainsi que d’une activité sportive. La plupart des cliniques de médecine traditionnelle, de même que les grands hôpitaux de Taïwan, qui possèdent en général un département de médecine chinoise, proposent des séances d’acupuncture. Un traitement de 25 jours permet de perdre entre 4 et 7 kilos pour un tarif moyen de 5 000 TWD (142 USD). Le traitement a pour effet de rétrécir l’estomac et, partant, de réduire la consommation alimentaire. Le risque de rechute est moins élevé qu’avec les autres méthodes d’amaigrissement. Pour conserver ses acquis, il suffit de se conformer à un principe simple : manger à heures fixes des quantités fixes et dire adieu aux gros repas. L’acupuncture convient à tous, à l’exception des diabétiques qui supportent mal les aiguilles. Il est donc recommandé à ces derniers de s’entretenir de leurs problèmes avec le médecin avant d’entamer un tel traitement.

On entend ici et là évoquer des recettes traditionnelles d’amaigrissement comme la consommation de « poisson gras » (brotula multibarbata). Les tenants de ce régime prescrivent d’exclure les féculents et de consommer ce poisson à tous les repas, mais ils recommandent également de manger deux pommes par jour pour éviter les diarrhées.

Une autre méthode consiste à boire chaque matin du Yakult (une boisson à base de lait fermenté) auquel on ajoute un jus de citron frais. Le midi et le soir, il est possible de manger normalement. Cette méthode permettrait non seulement de maigrir mais aussi d’embellir, grâce à son effet bénéfique sur la peau.

Récemment, les produits destinés à amincir le visage, qui font fureur au Japon, ont débarqué sur le marché taïwanais. L’acteur Hou Kuan-chun, qui les a essayés, explique que, dans le monde du spectacle, les hommes aussi bien que les femmes rêvent tous d’un visage mince, si bien que leur utilisation est très répandue dans ce milieu.

Le principe numéro un d’un régime amaigrissant doit être de ne pas nuire à la santé. Certains régimes sont si sévères qu’ils conduisent à l’anorexie. La chanteuse japonaise Miyazawa Rie a ainsi fini par perdre forme humaine ! Les nutritionnistes répètent que l’on ne peut vraiment être assuré de maigrir qu’en mangeant sain et diététique, en évitant les abus et en faisant de l’exercice. Toutes les autres méthodes, trop radicales ou déséquilibrées, risquent en fin de compte de provoquer de nombreux dommages et de n’apporter que fort peu de bénéfices. Mais les idées reçues, correctes ou erronées, sur la question sont aussi nombreuses que fortement enracinées, et la poursuite de la silhouette idéale par tous les moyens a encore de beaux jours devant elle. Le retour en grâce du look Yang Kuei-fei n’est pas pour demain...

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