11/05/2025

Taiwan Today

Taiwan aujourd'hui

Un sentiment de satisfaction

01/02/2004

>> Chen Chia-hui [陳嘉慧], née en 1980, est esthéticienne de formation. Elle est aujourd'hui propriétaire d'un stand de takoyaki

C'est peut-être la récession, mais ce n'est pas une raison pour perdre confiance en soi. En sortant du lycée professionnel, j'ai fait un apprentissage dans un salon de manucure très en vue, que j'ai fini en deux mois. J'ai été remarquée par une cliente qui a proposé de me fournir les fonds pour ouvrir mon propre salon - ce que j'ai fait. Au début, je pouvais encaisser jusqu'à 50 000 dollars taiwanais par mois, mais la mode des manucures est passée et mon chiffre d'affaires mensuel est tombé au-dessous des 30 000 dollars, alors j'ai fermé boutique.

A mon avis, quand c'est la crise, il y a toujours des gens qui arrivent à gagner beaucoup d'argent, et c'est vrai quelle que soit l'époque à laquelle on vit. L'important, c'est d'être capable d'identifier les besoins du marché et d'avoir la volonté de faire ce qu'il faut.

Je n'ai pas eu le temps de déprimer après avoir fermé le salon. Mon père m'a suggéré d'ouvrir un étal de takoyaki [NDLR : un snack japonais au calamar réalisé avec une sorte de pâte à gaufre]. Mes parents ont un petit commerce, donc Papa pouvait me fournir les ingrédients de base - les œufs, la farine, le chou, etc. Avec des charges aussi basses, mon stand a vite généré des profits, et j'ai pu rembourser à mon père l'argent qu'il m'avait prêté pour acheter le matériel de cuisine.

J'ai ensuite embauché un étudiant qui est venu travailler à temps partiel avec moi. Maintenant, c'est lui qui fait cuire les takoyaki, pendant que je sers les clients et que je m'occupe des sauces. C'est un job super. C'est vrai que je n'ai pas beaucoup de temps libre - je prends un jour de repos par mois au mieux -, mais malgré la fatigue, j'adore travailler en équipe et je me plais bien dans l'industrie des services. J'ai plus le senti ment de m'amuser que de travailler, et tous les mois, après avoir fait les comptes avec Papa, il nous reste encore 70 000 ou 80 000 dollars. J'ai franchement l'impression d'avoir beaucoup de chance. Mon frère et ma sur ont également ouvert un stand de takoyaki, dans un autre quartier de Taipei, mais les affaires ne sont pas aussi bonnes qu'ici. Je suppose que cela a quelque chose à voir avec l'endroit, mais peut-être que cela vient aussi de leur attitude. Ils n'ont pas l'air heureux comme moi.

Tard dans la soirée, après avoir plié boutique, je sors en ville avec mes amis. On adore le karaoké, on y va presque tous les soirs. J'y vais tellement souvent que les employés me connaissent par mon nom. Il y a même eu un mois où, dans un club que je fréquente beaucoup, j'ai été déclarée « meilleure cliente ». Quel choc ! Je suppose que je devrais me calmer un peu...

Je dois admettre que je n'ai pas vraiment de grands rêves pour l'avenir. Je n'ai aucun projet de mariage. Je sors pas mal en boîte de nuit, et j'ai compris qu'on ne peut pas vraiment compter sur les hommes. La seule personne en laquelle je peux avoir confiance, c'est moi. Cela dit, ça ne m'empêche pas d'avoir un petit ami.

J'aime bien passer du temps avec mes copains, alors j'espère pouvoir mettre un peu d'argent de côté pour ouvrir un bar à thé avec eux. Mais pour dire les choses autrement, qu'est-ce qui est le plus important pour moi ? Que mes parents et mes amis soient en bonne santé, et un jour, d'acheter une belle grande maison avec mes frères et mes sœurs où nous habiterons tous ensemble. Oui, ça serait super! ■

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