Taiwan souhaite travailler avec les démocraties du monde entier, dont le Japon, les Etats-Unis et les Pays-Bas, pour établir une chaîne d’approvisionnement mondiale en semiconducteurs « non rouge », excluant la Chine, pour faire en sorte que le commerce mondial continue à fonctionner sans être affecté par le dumping, déclare le président Lai Ching-te [賴清德] dans un entretien avec le groupe de presse japonais Nikkei.
A quelques jours du premier anniversaire de sa prise de fonctions, le 20 mai 2024, le chef de l’Etat a répondu aux questions du quotidien économique nippon Nikkei et de son site en langue anglaise Nikkei Asia, un entretien publié le 13 mai.
En matière de semiconducteurs, « le Japon possède des matériaux, des équipements et des technologies de premier plan, les Etats-Unis sont des champions dans la conception et la commercialisation de circuits intégrés, Taiwan excelle dans la fabrication et les Pays-Bas sont également bons dans le domaine des équipements », relève Lai Ching-te, qui explique vouloir utiliser les atouts de Taiwan dans le secteur manufacturier pour unir le camp démocratique.
La volonté de l’administration Trump d’imposer des droits de douane supplémentaires sur les importations de produits taïwanais entrant aux Etats-Unis est un « défi majeur » pour Taiwan, reconnaît le président. « Notre approche n’est pas la confrontation, mais la réduction des tarifs par la négociation, ajoute-t-il immédiatement. Nous avons également convenu d’acheter davantage de produits américains, d’investir davantage aux Etats-Unis et de résoudre les questions liées aux barrières commerciales non tarifaires et aux problèmes de blanchiment d’origine, afin de réduire efficacement le déficit commercial enregistré avec Taiwan par les Etats-Unis. »
Dans cet entretien, Lai Ching-te explique ne pas vouloir mettre tous les œufs dans le même panier et demande au Japon de soutenir la participation de Taiwan à l’Accord de partenariat transpacifique global et progressiste (CPTPP). Il plaide également en faveur d’un accord de partenariat économique entre Taiwan et le Japon.
Taiwan, le Japon ou d’autres pays n’ont pas nécessairement à choisir entre les Etats-Unis et la Chine, insiste Lai Ching-te. « C’est à nous de décider si notre pays doit évoluer vers un système constitutionnel démocratique ou revenir à une dictature autocratique. Il s’agit d’un choix de valeurs, et non d’un choix entre deux superpuissances. »
Taiwan, poursuit Lai Ching-te, est confronté à des menaces directes de la part de la Chine et l’ambition de la Chine d’annexer Taiwan n’a pas changé. Aujourd’hui, les attaques verbales, les intimidations militaires et les infiltrations du « front uni » chinois à Taiwan deviennent de plus en plus sérieuses. Le choix de Taiwan est très clair, insiste le président : le pays défendra sa souveraineté, son système démocratique et libre, ainsi que la sécurité des biens et des personnes.