Taiwan Today

Après que plusieurs lots de viande bovine américaine contenant des résidus de ractopamine, un médicament vétérinaire interdit à Taiwan, ont été retirés samedi des rayons de deux hypermarchés du nord de l’île, l’Institut américain à Taiwan (AIT) a pressé Taipei de fixer, comme il s’y était engagé en 2007, une limite maximale de résidus (LMR) pour cette substance. Yaung Chih-liang, le ministre de la Santé, a défendu une décision prise en application de la réglementation en vigueur et renvoyé à des discussions ultérieures une éventuelle autorisation de la ractopamine. Ce sont trois lots de viande de bœuf qui ont été rappelés, deux autres ayant été bloqués en douane. Ils contenaient entre 0,64 et 5 parties par milliard (ppb) de Paylean, un médicament contenant du chlorhydrate de ractopamine, a indiqué l’Administration des aliments et des médicaments. La ractopamine, qui est utilisée comme additif alimentaire afin de diminuer la production de graisses chez les porcs et les bovins, est prohibée à Taiwan, au même titre que trois autres additifs destinés à l’alimentation animale : le salbutamol, la terbutaline et le clenbuterol. Les teneurs relevées dans les lots incriminés ne font pas peser de menace sanitaire immédiates, a tenu à rassurer Yaung Chih-liang. Cette substance, a-t-il noté, est d’ailleurs autorisée dans certains pays comme les Etats-Unis. Ces derniers ont en effet donné de la voix. Les Etats-Unis, a indiqué le porte-parole de l’AIT Chris Kavanagh, encouragent Taiwan « à mettre en place des règles d’importation conformes aux données de la recherche scientifique et aux normes internationales ». Ce médicament ne pose aucun danger pour la santé humaine, a-t-il assuré, rappelant que Taiwan s’était engagé à adopter une LMR identique à celle appliquée aux Etats-Unis, en Australie et en Corée du Sud. A Washington, le bureau du représentant américain au Commerce a souligné que la ractopamine est autorisée aux Etats-Unis depuis 1999 et qu’à ce jour, 26 autorités sanitaires dans le monde ont reconnu son innocuité. L’Organisation mondiale de la santé a certes proposé une LMR de 10 ppb, mais celle-ci n’a pas été formellement adoptée par la commission du Codex alimentarius, a pour sa part déclaré Kang Chao-chou, le directeur de l’Administration des aliments et des médicaments. Si tel devait être le cas, Taiwan pourrait revoir sa position, a-t-il ajouté. La Fondation des consommateurs, par la voix de son président Hsieh Tien-jen, a par contre redit son hostilité à toute autorisation de la ractopamine et a appelé le ministère de la Santé à renforcer la traçabilité des produits bovins américains. Il s’agit du premier rappel de bœuf américain à Taiwan depuis la reprise des importations en 2007, après l’épisode de la crise de la « vache folle ». Il intervient alors que les discussions entre Taipei et Washington sur l’Accord-cadre sur le commerce et les investissements (TIFA) sont en passe de reprendre. Elles avaient été suspendues en grande partie à cause de l’embargo sur les abats bovins américains qui a perduré jusqu’à l’an dernier.