26/07/2025

Taiwan Today

Politique

28 février 1947 : la mémoire des victimes honorée à Taiwan

01/03/2018
La présidente Tsai a remis à des victimes ou à leurs proches des certificats de réhabilitation.
Aimable crédit de la Présidence de la République
La mémoire des victimes tuées ou emprisonnées lors de la répression du soulèvement du 28 février 1947 a été honorée hier à travers Taiwan. A Taipei, une cérémonie organisée par la Fondation 228 a marqué le 71e anniversaire de ces événements, aussi connus sous le nom d’Incident du 28 Février (ou 228, « er, er, ba » en mandarin). La présidente de la République, Tsai Ing-wen [蔡英文], y a prononcé un discours dans lequel a appelé à la réconciliation et réitéré son engagement à établir un comité chargé d’établir la vérité historique et de nommer les responsables dans une optique de justice transitionnelle.
 
Comme prévu dans la Loi sur la promotion de la justice transitionnelle adoptée le 5 décembre par le Yuan législatif, un système ad hoc d’examen des injustices commises à Taiwan sous le gouvernement du Kuomintang (KMT) sera établi, a-t-elle assuré.
 
Selon la loi, les faits examinés seront ceux s’étant produits entre le 15 août 1945, date de la prise de contrôle de Taiwan par la République de Chine après la capitulation japonaise, et le 6 novembre 1992, date où la loi martiale a été levée sur les archipels de Kinmen et de Matsu, plusieurs années après avoir pris fin à Taiwan proprement dit, en juillet 1987. Le comité indépendant sera formé de neuf membres proposés par le Premier ministre et confirmés par le Yuan législatif. Le Premier ministre, Lai Ching-te [賴清德], a indiqué hier que la nomination des neufs membres interviendra rapidement.

« J’espère que Taiwan, à travers la justice transitionnelle, pourra devenir une nation plus libre et plus démocratique où les droits humains seront mieux protégés », a déclaré la chef de l’Etat qui s’est également entretenue avec des familles de victimes.

Dans le même temps, le vice-président de la République, Chen Chien-jen [陳建仁], a assisté à une matinée de prière à la cathédrale de l’Immaculée Conception, à Taipei, à laquelle ont également participé les représentants à Taiwan de l’Allemagne, Martin Eberts, et de l’Afrique du Sud, Robert Seraki Matsebe. Ces derniers ont témoigné des processus de justice transitionnelle menés dans leur pays respectif et de l’importance d’établir les faits et les responsabilités en vue du pardon et de la réconciliation.
 
L’Incident du 28 février 1947 à Taiwan fut un soulèvement antigouvernemental violemment réprimé par le gouvernement de la République de Chine alors dirigé par le KMT. En 1945, à la fin de la Seconde Guerre mondiale, les Alliés confièrent le contrôle administratif de Taiwan à la République de Chine, mettant ainsi fin à 50 ans de domination coloniale japonaise. Les habitants de l’île devinrent toutefois mécontents des autorités du KMT souvent corrompues, avec des saisies arbitraires de propriétés privées et une mauvaise gestion économique.
 
Le 27 février 1947, une femme qui vendait illégalement des cigarettes dans une rue de Taipei est brutalisée par des agents du Monopole des tabacs. Un passant est tué. Le lendemain, des manifestants s’attroupent devant le bureau du chef de l’exécutif. Des soldats ouvrent le feu, transformant une protestation ponctuelle en révolte de grande ampleur contre le gouvernement. Des émeutes violentes embrasent alors l’ensemble de l’île. Le gouverneur Chen Yi [陳儀] donne d’abord l’impression de temporiser mais, à partir du 8 mars 1947, des troupes du KMT dépêchées du continent répriment les troubles. Ces événements précèdent la « Terreur blanche » et l’instauration de la loi martiale qui ne sera levée qu’en 1987. Selon les différentes estimations, le nombre de victimes varie considérablement, de quelques centaines à plusieurs dizaines de milliers.
 

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