02/08/2025

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Politique

Nuit des idées 2019 à Taiwan : « Sans débat, pas de démocratie »

01/02/2019
Organisée pour la deuxième année consécutive à Taiwan, la Nuit des idées a porté sur la vague numérique et ses enjeux pour la démocratie.
©BFT/ Aurélie Kernaléguen
La quatrième édition de la Nuit des idées a rassemblé dans la soirée du 31 janvier plusieurs dizaines de milliers de personnes à travers le monde autour du thème « Face au Présent ». A Taiwan, où l’événement était organisé pour la deuxième année consécutive par le Bureau français de Taipei (BFT) et la Taiwan Art Space Alliance (TASA), les discussions ont porté sur la vague numérique et ses enjeux pour la démocratie.
 
Organisée avec le soutien du ministère taiwanais de la Culture et de l’Institut français, la soirée s’est tenue au C-Lab – Taiwan Contemporary Culture Lab, à Taipei, en présence notamment de la ministre de la Culture, Cheng Li-chiun [鄭麗君], et de l’ambassadeur français pour les droits de l’homme, François Croquette. Parmi les intervenants figuraient également la députée française Paula Forteza et son homologue taiwanais Jason Hsu [許毓仁].


La ministre de la Culture, Cheng Li-chiun. (©BFT/ Aurélie Kernaléguen)

« La vague numérique redéfinit la vie politique, culturelle et économique, et les outils numériques permettent à tous de saisir les opportunités offertes aux citoyens dans une société démocratique, y compris en vue d’une gouvernance plus ouverte », a déclaré Cheng Li-chiun. La ministre de la Culture a formulé le vœu que la Nuit des idées puisse susciter une réflexion collective sur la manière de transformer les défis posés par le numérique en opportunités pour les citoyens.
 
La Nuit des idées de Taiwan est sans doute la plus spéciale parmi celles organisées en Asie, a estimé le directeur du BFT, Benoît Guidée. « Taiwan est un laboratoire non seulement technologique mais aussi démocratique », a-t-il expliqué en soulignant que les échanges intellectuels et culturels sont un axe fort des relations entre la France et Taiwan, toute l’année durant. « Sans débat, il n’y a pas de démocratie », a-t-il ajouté.
 
« Il n’y a pas de démocratie sans accès à l’outil numérique, mais pas de liberté non plus sans protection de nos données », a renchéri Frank Madlener, directeur de l’Institut de recherche et coordination acoustique/musique (IRCAM), lequel a récemment signé un accord de partenariat avec le C-Lab.
 
Après la diffusion d’un message enregistré par la ministre sans portefeuille Audrey Tang [唐鳳], en charge des questions numériques et de gouvernement ouvert au sein du Yuan exécutif, un dialogue s’est engagé entre Jason Hsu, Paula Forteza et François Croquette. Internet s’est invité dans notre démocratie, permettant à la société de s’organiser de façon horizontale, ce qui force les institutions à s’adapter, a relevé la députée française en évoquant notamment l’actuel mouvement des « gilets jaunes » en France. Pour autant, a-t-elle insisté, face aux menaces pesant sur les démocraties, un besoin de régulation s’exprime, qu’il s’agisse de la protection des données personnelles, de la lutte contre les infox ou du développement de la « corégulation » avec les grandes plateformes numériques.


(De g. à d.) La députée française Paula Forteza, l’ambassadeur français pour les droits de l’homme François Croquette et le député taiwanais Jason Hsu. (©BFT/ Aurélie Kernaléguen)

« Les droits humains font partie de l’ADN de nos sociétés, en France et à Taiwan », a avancé pour sa part François Croquette. Rappelant que des Etats, des médias ou des personnalités font l’objet d’attaques ciblées orchestrées par des pouvoirs autoritaires ou des groupes terroristes, et que des groupes entiers sont parfois visés par des campagnes de haine propagées sur les réseaux sociaux, l’ambassadeur a estimé qu’il revenait à tous les citoyens de trouver les réponses collaboratives pour protéger la démocratie et les droits des individus.
 
Venu nombreux, le public a pu ensuite participer à des groupes de discussion thématiques sur l’éducation aux droits de l’homme, le vote et l’expression politique, la diversité culturelle ou encore la lutte contre les infox. Ces groupes étaient animés notamment par l’éditeur en chef du centre Factcheck-Taiwan, Huang Chao-hui [黃兆徽], l’ancien commissaire de CNEW Albert Tzeng [曾柏文], le professeur assistant au Musée des beaux-arts de Taipei Wang Po-wei [王柏偉], et le fondateur de JavaScript TW Tony Q. Wang [王景弘].


L’ambassadeur français pour les droits de l’homme, François Croquette, a animé un groupe de discussion sur l’utilisation des outils numériques pour l’éducation aux droits humains. (©BFT/ Aurélie Kernaléguen)
 

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