14/06/2025

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Politique

Décès de l’ancien président Lee Teng-hui, figure-clé de la démocratisation de Taiwan

31/07/2020
L’ancien président Lee Teng-hui, ici photographié lors des cérémonies de la Fête nationale en 1998, est décédé le 30 juillet 2020 à Taipei à l’âge de 97 ans.
Photo : Ye Ming-yuan / MOFA
Président de la République de 1988 à 2000 et premier président élu au suffrage universel à Taiwan, Lee Teng-hui [李登輝] a piloté la transition démocratique, à la fois rapide et pacifique, du pays. Il est décédé le 30 juillet en début de soirée à l’hôpital général des vétérans de Taipei, où il était hospitalisé depuis le 8 février. Il était âgé de 97 ans.
 
Né dans le nord de Taiwan à l’époque de la colonisation japonaise, le 15 janvier 1923, Lee Teng-hui suit des études à l’université impériale de Kyoto, au Japon, avant de s’enrôler dans l’armée impériale japonaise en 1944. Après-guerre, alors que la République de Chine a pris le contrôle de Taiwan, il reprend des études à l’université nationale de Taiwan, à Taipei, puis à l’université de l’Etat de l’Iowa et un peu plus tard encore à l’université Cornell, aux Etats-Unis, où il se spécialise en agronomie et économie agricole.
 
Il épouse en 1949 Tseng Wen-hui [曾文惠], avec qui il a trois enfants. Il se convertit au christianisme en 1961 et devient membre de l’Eglise presbytérienne à Taiwan.


Lee Teng-hui est nommé maire de Taipei en 1978. (Photo : Feng Kuo-hsiung / MOFA)
 
De retour à Taiwan au début des années 70 après son séjour à Cornell, il rejoint le Kuomintang (KMT) et est nommé en 1972 ministre sans portefeuille par Chiang Ching-kuo [蔣經國, 1910-1988], alors premier ministre. Il est ensuite nommé maire de Taipei en 1978 puis gouverneur de la province de Taiwan en 1981, un échelon administratif aujourd’hui tombé en désuétude. Son action est remarquée par Chiang Ching-kuo, devenu président de la République et qui en fait son candidat à la vice-présidence, une décision avalisée par l’Assemblée nationale en 1984.
 
A la mort de Chiang Ching-kuo en 1988, il succède à ce dernier à la présidence de la République ainsi qu’à la présidence du KMT. En 1990, il est élu président de la République par l’Assemblée nationale pour un mandat de six ans. Quelques jours avant son investiture, toutefois, des manifestants en faveur de la démocratie (une mobilisation baptisée par la suite le mouvement des Lys sauvages) occupent l’esplanade du mémorial de Chiang Kai-shek [蔣中正, 1887-1975]. Il en reçoit une délégation au Palais présidentiel.
 
Dans les mois et les années qui suivent, Lee Teng-hui entreprend de profondes réformes constitutionnelles qui posent les bases d’une véritable démocratie à Taiwan : élection du président de la République au suffrage universel, réforme de l’Assemblée nationale (laquelle a depuis été supprimée au profit du seul Yuan législatif), ou encore abolition des Dispositions provisoires en vigueur pendant la période de mobilisation nationale pour la répression de la rébellion communiste.
 
De 1991 à 1992, les membres de l’Assemblée nationale et du Yuan législatif, dont certains étaient en poste depuis 1947, sont entièrement renouvelés par les seuls citoyens des territoires effectivement administrés par la République de Chine (Taiwan).
 
Dans le même temps, Lee Teng-hui cherche à rompre l’isolement de Taiwan sur la scène internationale. Il rend par exemple visite en 1989 au président singapourien Lee Kuan Yew [李光耀] et lance en 1994 la politique en direction du Sud pour renforcer les liens commerciaux et d’investissement avec l’Asie du Sud-Est. Il rend également visite à titre privé à plusieurs chefs d’Etat étrangers.


Le président Lee passe les troupes en revue en octobre 1995, en pleine crise dite des missiles. (Photo : Lee Pei-hui / MOFA)
 
En juin 1995, il se rend aux Etats-Unis pour une rencontre d’anciens étudiants de l’université Cornell, où il prononce un discours sur les réformes démocratiques entreprises à Taiwan et les perspectives de démocratisation de la Chine. Pékin réagit en provoquant la troisième crise du détroit de Taiwan, effectuant une série de tirs de missiles dans les eaux territoriales taiwanaises du 21 juillet 1995 au 23 mars 1996.

Cette crise conforte Lee Teng-hui aux yeux des électeurs qui l’élisent en 1996 au suffrage universel pour un nouveau mandat de quatre ans. Au cours de ce dernier mandat, Lee Teng-hui insiste sur le statut étatique de Taiwan, qualifiant les relations entre les deux rives du Détroit de « relations d’Etat à Etat de nature spéciale ».


Le 23 mars 1996, Lee Teng-hui devient le premier président élu au suffrage universel à Taiwan. (Photo : Lee Pei-hui / MOFA)
 
En 2000, alors qu’il ne se représente pas, Lee Teng-hui préside à la première alternance démocratique, le candidat du Parti démocrate-progressiste (DPP) Chen Shui-bian [陳水扁] remportant l’élection présidentielle et mettant fin à un demi-siècle de pouvoir du KMT à Taiwan.
 
En 2001, Lee Teng-hui contribue à la fondation de l’Union pour la solidarité de Taiwan (TSU), parti militant pour l’indépendance de jure de Taiwan, ce qui lui vaut d’être exclu du KMT. Il apporte au cours des années suivantes à plusieurs reprises son soutien aux candidats présentés par le DPP à l’élection présidentielle, dont l’actuelle présidente Tsai Ing-wen [蔡英文]. En 2014, il déclare dans un entretien à la BBC que Taiwan est déjà indépendant et que la tâche restant à accomplir peut être caractérisée de « normalisation politique ».


En 2001, Lee Teng-hui contribue à fonder la TSU, parti aux vues indépendantistes. (Photo : Hao Chen-tai / MOFA)

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