La ministre du Numérique Audrey Tang [唐鳳] a été auditionnée en ligne le 12 avril par la commission d’enquête de l’Assemblée nationale française relative aux ingérences politiques, économiques et financières de puissances étrangères. Elle a partagé depuis Taipei la manière dont Taiwan lutte contre les interférences étrangères grâce à la résilience numérique.
Diffusés en direct sur le site de l’Assemblée nationale, l’intervention d’Audrey Tang et les échanges avec les parlementaires français restent accessibles en ligne. La commission d’enquête est présidée par Jean-Philippe Tanguy. Constance Le Grip en est la rapporteure.
« Taiwan est au premier plan mondial en matière de démocratie numérique. Nous nous défendons contre les intrusions de l’autoritarisme, a témoigné Audrey Tang. De fait, nous sommes confrontés à une myriade de cyberattaques venant de l’étranger. Entre 2021 et 2022, les cyberattaques exploitant des failles ont été menées contre les agences gouvernementale de Taiwan, et ce à un rythme deux fois plus élevé que par le passé. »
La ministre a également dévoilé qu’à la suite de la visite à Taiwan en août 2022 de Nancy Pelosi, alors présidente de la Chambre des représentants des Etats-Unis, un nombre sans précédent d’attaques par déni de service (DoS) ont été menées contre des sites gouvernementaux taïwanais, alors que des affichages numériques ont été piratés.
« Nous sommes tous confrontés aux mêmes difficultés, a poursuivi Audrey Tang : les régimes autoritaires exploitent les progrès technologiques afin de consolider leur assise, de redéfinir les normes en ligne, et de manipuler l’Internet pour contrôler et polariser les communautés en ligne. Partenaire démocratique, Taiwan est pleinement conscient de cette menace. »
En réponse, Taiwan a mis en place un ministère du Numérique ayant pour mission d’assurer la résilience numérique pour tous, a-t-elle expliqué. Dès sa création, les réglementations ont été revus pour renforcer la défense de Taiwan contre les cybermenaces. En intégrant de nouveaux fournisseurs satellites, le gouvernement entend veiller au maintien des communications en cas de crise, a-t-elle ajouté. Dans le même temps, Taiwan donne à la société civile des moyens d’agir, notamment en faisant la promotion de dispositifs de pair à pair basés sur des logiciels libres.
Audrey Tang a aussi souligné l’importance pour Taiwan de sa participation à des organisations internationales comme le World Wide Web Consortium. Taiwan est également signataire à part entière de la Déclaration pour l’avenir de l’Internet.