Le ministère des Peuples autochtones a officiellement célébré le 17 août à Taipei la publication du livre The Origins of the Austronesians [南島起源] (Les Origines des Austronésiens). Cet ouvrage bilingue mandarin-anglais regroupe les contributions de chercheurs et experts ayant participé en septembre 2019 au forum international sur la revitalisation des langues austronésiennes organisé à Koror, aux Palaos.
Cette publication, a relevé le ministère des Affaires autochtones, témoigne des efforts accomplis par le gouvernement pour faire connaître l’histoire des populations parlant des langues austronésiennes, tout en approfondissant les liens culturels entre Taiwan et ses partenaires de l’Indo-Pacifique.
Organisé par Taiwan, les Etats-Unis et le Japon sous l’égide du Cadre global de coopération et de formation (GCTF), une architecture mise sur pied en juin 2015 pour renforcer la collaboration sur les questions internationales et régionales, le forum avait été l’occasion pour ces partenaires de réitérer leur engagement à promouvoir et à protéger les langues austronésiennes et à améliorer la vie de leurs locuteurs.
Lors de la cérémonie de lancement du livre, le ministre des Peuples autochtones, Icyang Parod [夷將·拔路兒], a souligné le rôle central joué par les peuples autochtones formosans pour déterminer les racines de la famille des langues austronésiennes. Ces langues, qui sont plus d’un millier au total, sont parlées par plus de 300 millions de personnes depuis l’île de Madagascar dans l’océan Indien, en passant par Taiwan et une partie de l’Asie du Sud-Est, jusqu’à presque tout le Pacifique, entre Hawaï au nord, l’île de Pâques au sud-est et la Nouvelle-Zélande au sud-ouest.
L’ouvrage, a estimé le ministre, permet de mieux comprendre les migrations austronésiennes tout en attirant l’attention sur les cultures et les langues de cette aire géolinguistique.
Faisant écho à ces propos, le linguiste Robert Blust a expliqué que la diversité des langues austronésiennes parlées à Taiwan était pour les linguistes un clair indicateur que leur diffusion à un ensemble géographique bien plus large s’était effectuée depuis Taiwan, aussi loin que l’on puisse remonter. « Ce qu’on appelle l’expansion austronésienne depuis Taiwan est l’un des plus formidables chapitres de l’histoire de l’humanité », a-t-il dit. Un chapitre que la plupart des gens, y compris parmi les locuteurs de ces langues, ignorent, a-t-il regretté.
Pour naviguer sur de longues distances à bord d’embarcations de facture relativement simple, ces peuples, a insisté Robert Blust, « ont appris à suivre les étoiles pendant la nuit et les courants pendant le jour, et, quand ils s’approchaient de terres émergées, à suivre le vol des oiseaux ».
L’archéologue Peter Bellwood a pour sa part expliqué que l’étude des vestiges archéologiques pointe elle aussi vers une expansion depuis Taiwan. Il semble, a-t-il dit, que ces peuples aient peuplé Taiwan depuis près de 5 000 ans et qu’ils aient atteint les Philippines il y a 4 000 ans, puis la région centrale de l’Indonésie il y a 3 500 ans. Dans le même temps, ils ont progressé vers l’est, atteignant il y a un peu plus de 3 000 ans les îles du Pacifique occidental, jusqu’aux Tonga et aux Samoa. Finalement, il y a un millier d’années, ils se sont installés dans des îles comme Tahiti, Hawaï ou la Nouvelle-Zélande, cette dernière n’ayant sans doute été peuplée que vers le XIIe s, a dit Peter Bellwood.
L’archéologue a formulé le vœu que les gouvernements, dont celui de Taiwan, continuent à soutenir les aspirations des populations parlant des langues austronésiennes.
Ont également assisté au lancement de cet ouvrage le directeur général du département des Affaires d’Asie de l’Est et du Pacifique au ministère des Affaires étrangères, Harry Tseng [曾厚仁] ; les chercheurs de l’Academia Sinica Paul Li [李壬癸] et Chung Kuo-fan [鍾國芳] ; Joy Lin, de la section politique de l’Institut américain à Taiwan ; Ikeda Tadataka, directeur de l’Association pour les échanges entre le Japon et Taiwan ; et Dilmei Olkeriil, ambassadrice des Palaos en République de Chine (Taiwan).