L’Antenne de Taipei du Centre d’études français sur la Chine contemporaine (CEFC) a 30 ans ! Un anniversaire célébré le 25 octobre par un colloque à l’Academia Sinica, où le CEFC Taipei, créé en 1994, est installé depuis 1998.
« La présence du CEFC Taipei au sein du Centre de recherche pour les humanités et les sciences sociales de l’Academia Sinica favorise une compréhension mutuelle plus profonde entre Taiwan et la France », s’est réjoui le président de l’Academia Sinica, James Liao [廖俊智], en ouvrant cette journée. L’Academia Sinica est le plus prestigieux organisme de recherche du pays.
« La science est un élément constitutif de notre relation, a renchéri le directeur du Bureau français de Taipei, Franck Paris. Il n’y a pas d’excellence sans intersection entre sciences dures et sciences sociales et nous sommes fiers que l’empreinte de la France à Taiwan passe par cette antenne du CEFC, au cœur de la liberté académique à Taiwan. »
L’actuel directeur du CEFC Taipei, Corrado Neri, a souligné que l’antenne est un outil dynamique permettant d’élargir les partenariats et de plonger dans la complexité de la région. Si son rôle s’étend au-delà des études taïwanaises, celles-ci sont font l’objet d’efforts collectifs à laquelle le CEFC Taipei apporte une perspective française interdisciplinaire et inclusive, a-t-il noté.
La journée a été marquée par les interventions de deux conférenciers qui ont considérablement façonné les échanges universitaires entre Taiwan et la France : Jean-Pierre Cabestan, directeur fondateur du CEFC Taipei et figure de proue de l’analyse géopolitique et des relations internationales, et Fiorella Allio, ancienne directrice du CEFC Taipei et qui a joué un rôle déterminant dans le déménagement de l’antenne à l’Academia Sinica.
Jean-Pierre Cabestan est revenu sur « la consolidation démocratique de Taiwan et ses défis », réflexion critique sur l’évolution du paysage politique taïwanais, alors que Fiorella Allio s’est appuyée sur des décennies d’expérience de terrain à Taiwan, en particulier à Tainan, pour questionner les stratégies de patrimonialisation des traditions populaires et religieuses qui y sont déployées.
Dans la matinée, une session modérée par Zsuzsa Anna Ferenczy a été consacrée à une anatomie des risques auxquels Taiwan est confronté. Les chercheurs Paul Jobin, Tanguy Lepesant, Vincent Rollet et Jean-Yves Heurtebise y ont partagé leurs travaux portant sur la façon dont la société taïwanaise perçoit des risques multiples, des tremblements de terre au facteur chinois, sur l’impact de la géographie sur la défense de Taiwan, sur les voies ouvertes à Taiwan au sein des organisations multilatérales pour faire face aux risques sanitaires, et sur la manière dont on peut réfléchir, depuis Taipei, au risque posé par la modernité.
L’après-midi a été largement consacré aux études linguistiques et culturelles, avec une intervention d’Elizabeth Zeitoun sur la diversité et la fragilité des langues formosanes, un échange entre Corrado Neri et le chercheur taïwanais Chen Po-hsi [陳柏旭] à propos de la cinéphilie à Taiwan, et une présentation de Nathanel Amar sur la politique des concerts entre les deux rives du détroit de Taiwan pour les groupes taïwanais et chinois – une séance modérée par le chercheur taïwanais Huang Kuan-min [黃冠閔].
En fin de journée, les anciens et actuel directeurs du CEFC Taipei présent au colloque ont échangé sous la direction de Frank Muyard des nouvelles orientations des études taïwanaises, alors que celles-ci forment désormais un champ autonome reconnu et diversifié.