Taiwan Today

Une conférence de trois jours qui s’est tenue en début de semaine à l’Academia sinica sur le sujet des mariages mixtes a permis de faire le point sur ce phénomène qui semble s’ancrer dans la réalité sociale sur le long terme. C’est que les statistiques du ministère de l’Intérieur donnent matière à réflexion : un mariage sur quatre célébrés cette année est « transfrontalier » (c’est-à-dire que l’un des deux conjoints vient de l’étranger, Chine comprise) et, en parallèle, un enfant sur cinq nés cette année a un parent venu d’ailleurs. Les participants au séminaire se sont penchés sur les difficultés que rencontrent les conjoints étrangers, en particulier « les épouses étrangères », les femmes composant en effet la grande majorité de l’ensemble, souvent originaires de Chine ou d’un pays du Sud-Est asiatique (Vietnam, Indonésie…). Il y aurait actuellement quelque 350 000 étrangères mariées avec des Taiwanais et résidant dans l’île. Une des particularités de la situation locale est le recours relativement fréquent des hommes taiwanais à des agences matrimoniales qui les mettent en relation avec des candidates au mariage et à l’immigration – des services courants, bien que théoriquement illégaux. Melody Lu, de l’Institut international pour les études asiatiques aux Pays-Bas, a noté que les prix affichés par ces agences varient en fonction de certains critères : par exemple, il en coûte environ 200 000 dollars taiwanais pour se faire présenter une jeune femme vierge, affirme-t-elle. Selon Lê My Nga, une travailleuse sociale d’origine vietnamienne basée à Taoyuan, dans le nord de l’île, ces services matrimoniaux, qui représentent à Taiwan un marché annuel de 264 milliards de dollars, augmentent les risques d’abus ou de violences au sein de la famille d’accueil. En effet, ces femmes sont plus vulnérables car, après avoir versé de telles sommes d’argent, leurs maris s’estiment en droit d’exiger d’elles certains comportements dans la vie conjugale.