Société
Une association féministe demande la dépénalisation de l’adultère
16/03/2009
Des membres de la fondation Awakening appellent à la dépénalisation de l’adultère.
CNA
A Taiwan, le Code civil prévoit la possibilité d’infliger une amende, voire une peine emprisonnement de trois années maximum, aux conjoints adultères. Les militantes féministes de la fondation Awakening veulent faire supprimer cette clause qu’elles jugent « injuste et discriminatoire ».
En conférence de presse vendredi dernier Fan Yun, la présidente de la fondation, a exhorté le gouvernement à dépénaliser l’adultère. La vie sexuelle d’un couple est du domaine privé, et c’est au couple de résoudre ses problèmes, pas au gouvernement, a-t-elle souligné Fan Yun.
Même si l’article 1052 du Code pénal dont elle demande la suppression est souvent invoqué par les femmes trompées par leur mari pour obtenir le divorce, en réalité, il restreint leur liberté d’échapper à un mariage malheureux, argumente Fan Yun.
Réunir les preuves irréfutables d’une relation extramaritale peut s’avérer difficile et obliger les conjoints trompés à se mettre dans l’illégalité, donc à s’exposer à des poursuites judiciaires. La plupart d’entre eux ont en effet recours à un détective privé pour traquer l’époux infidèle et le prendre sur le fait, une procédure coûteuse et pas toujours fiable.
Mieux vaudrait sans doute permettre le divorce même lorsqu’un des conjoints y est opposé, plutôt que d’inciter celui qui veut quitter une relation problématique à s’engager dans une procédure pénale.
La législation reflète aussi une vision archaïque de la place de l’homme dans le ménage, déplorent les féministes. « Dans cette société, estime Me Yu Mei-nu, l’une des fondatrices d’Awakening, on continue à considérer que lorsqu’un homme trompe sa femme, ce n’est pas grave, alors que quand c’est la femme qui a une liaison, c’est une pute. »
« En considérant l’adultère comme un crime, la justice retire aux adultes le droit à des relations sexuelles consensuelles », insiste pour sa part Chen Chao-ju, professeur de droit à l’Université nationale de Taiwan.