Dans un
entretien au Wall Street Journal réalisé le 4 octobre et publié hier, la présidente de la République, Tsai Ing-wen [蔡英文], a réaffirmé l’engagement du gouvernement à maintenir le statu quo dans le détroit de Taiwan. La bonne volonté du gouvernement reste inchangée, il ne cèdera pas aux pressions de la Chine continentale et ne veut pas retourner aux pratiques de confrontation passées, a-t-elle déclaré.
« J’espère que les deux rives pourront s’assoir [à la même table] pour discuter », a déclaré la chef de l’Etat.
Selon Tsai Ing-wen, la Chine continentale fait une nouvelle fois reculer la relation, comme l’illustre l’exclusion de Taiwan de l’assemblée triennale de l’Organisation de l’aviation civile internationale en cours à Montréal, au Canada.
« J’espère que cela – et que la situation générale – n’est pas mal interprété par la Chine continentale au point qu’elle croit que des pressions peuvent forcer les Taiwanais à céder, a-t-elle dit. Je crois qu’en tant que société démocratique, les Taiwanais se dresseront ensemble contre de telles pressions. Le gouvernement ne prendra jamais de mesures défiant l’opinion publique à Taiwan. »
La présidente de la République a également estimé que la participation significative, proactive et substantielle de Taiwan aux organisations internationales représente une contribution positive au monde. « Nous devons faire de notre mieux pour que le monde… prenne Taiwan au sérieux. Nous espérons aussi que la communauté internationale pourra parler en notre faveur et redresser les torts pour nous. »
Sur le front de l’économie et du commerce, Tsai Ing-wen a relevé que la complémentarité entre les économies de Taiwan et de la Chine continentale décroît à mesure que la concurrence entre elles augmente. En conséquence, Taiwan doit préserver ses succès économiques à travers le Détroit tout en recherchant de nouveaux moteurs de croissance et en développant les liens commerciaux avec ses partenaires autour du monde, a-t-elle ajouté.
Insistant sur l’importance de l’innovation pour la montée en gamme de l’industrie taiwanaise et le maintien de sa compétitivité, la chef de l’Etat a souligné qu’une telle approche était la plus à même de préparer Taiwan au renforcement des interactions avec les économies d’Asie du Sud et du Sud-Est, potentiellement plus complémentaires avec l’économie taiwanaise. Au cœur des efforts entrepris en ce sens figure la « nouvelle politique en direction du Sud » qui vise à renforcer les liens économiques et commerciaux, mais aussi technologiques et culturels, avec les dix membres de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN), les Etats d’Asie du Sud, ainsi que l’Australie et la Nouvelle-Zélande.
Enfin, à propos du jugement rendu le 12 juillet dernier par la Cour permanente d’arbitrage de La Haye, aux Pays-Bas, et qui concerne notamment l’île de Taiping, dans l’archipel des Spratley [Nansha, 南沙], sous contrôle de la République de Chine, la présidente Tsai a réitéré que Taiwan considère cette décision inacceptable et nulle et non avenue.
« Il y a trois raisons. Tout d’abord, nous n’avons pas été invités à participer à la procédure et notre point de vue n’a pas été pris en compte. Deuxièmement, le jugement fait référence à Taiwan comme “l’autorité de Taiwan de la Chine”. Nous ne pouvons accepter cela. Troisièmement, selon nous, Taiping est une île et non un rocher. »
Rappelant l’attachement de Taipei à une résolution des conflits dans la région à travers des négociations multilatérales et soulignant la nécessité que Taiwan soit reconnu comme partie prenante par les autres Etats, la chef de l’Etat a assuré que le gouvernement allait continuer à faire de Taiping une base régionale pour la protection de l’écologie et de l’environnement, les secours en mer, l’aide humanitaire et la recherche scientifique.