Yves Moal, 50 années auprès des déshérités
Chen Chun-fang
Yves Moal. (Photo de Chuang Kung-ju / Taiwan Panorama)
Peu après son arrivée, Yves Moal remarque que de nombreux enfants dont les parents sont partis travailler au loin sont élevés par leurs grands-parents et traînent dans les rues après les cours. Pour accueillir ceux qui n’ont nulle part où aller, il ouvre une salle de lecture dans un local de la paroisse. Plus tard, il crée des salles de lecture à Ruisi et à Yuli – il est toujours resté attentif au sort des enfants.
Quant aux adultes, ce sont vers ceux repoussés en marge de la société à cause de l’alcoolisme, d’un handicap ou d’un passé de délinquance qu’Yves Moal se tourne, avec la volonté de leur redonner une dignité par le travail. Lorsque les pouvoirs publics cherchent à promouvoir le recyclage des déchets, il se lance dans cette activité, organisant la collecte et le tri, et fournissant dans la mesure du possible le gîte et le couvert à ceux qui en ont besoin – il vend même les terres héritées de ses parents en France de manière à accueillir davantage de personnes.
Après une journée de travail, le père Moal dîne avec les participants. (Photo de Chuang Kung-ju / Taiwan Panorama)
En faisant des déchets une ressource, le père Moal permet à des personnes abandonnées par la société ou ayant souffert d’autres blessures de découvrir toute la valeur de leur vie.
Maurice Poinsot, l’ange à l’est de la rivière
Chen Chun-fang
Les habitants d’Afih sont très reconnaissants envers le père Poinsot. (Photo de Chuang Kung-ju / Taiwan Panorama)
Né en France en 1932, Maurice Poinsot entre au séminaire à l’âge de 17 ans, à l’Université catholique de Paris. Il est ordonné prêtre huit en plus tard. En 1959, âgé de 27 ans, il est envoyé pour servir à Hualien, sur la côte orientale de Taiwan. A cette époque, la région est enclavée et c’est à moto que le jeune prêtre visite les villages, de Gaoliao à Yuli et de Fengnan à Fuli, mais aussi Dongli, Lehe, Afih… autant de localités principalement peuplées d’aborigènes.
Maurice Poinsot. (Photo de Chuang Kung-ju / Taiwan Panorama)
Que ce soit pour ses homélies ou lors de ses visites aux paroissiens, Maurice Poinsot met un point d’honneur à parler la langue amis, qu’il maîtrise parfois mieux que les habitants du cru. « Ils ne savent pas parler leur propre langue. Je veux la leur rendre » : c’est avec cette idée en tête qu’il s’attèle, avec son compatriote, le frère Louis Pourrias, à l’écriture d’un dictionnaire amis-français. Publié en 1996, cet ouvrage a ensuite servi de référence pour la publication de dictionnaires amis-chinois.
Avec le vieillissement de la population, le père Maurice Poinsot a l’idée de lieux d’accès à la culture et à la santé pour les seniors. Le premier a ouvert à Afih en 2005 et emploie des aides-soignants professionnels tout en fournissant aux anciens des occasions de transmettre leur sagesse aux nouvelles générations.
Aujourd’hui âgé de 85 ans, Maurice Poinsot a pris sa retraite et a renoncé à conduire sa moto. Ayant donné sa vie à Taiwan, cela fait bien longtemps qu’il n’est plus considéré comme un étranger mais au contraire comme un natif de la tribu.
Soigner avec l’art : la mission d’Hugo Peter
Chen Chun-fang
Hugo Peter. (Photo de Lin Min-hsuan / Taiwan Panorama)
Ordonné prêtre en 1970, Hugo Peter se préparait à partir en mission en Inde et en Malaisie et n’a au départ séjourné à Taiwan que pour y suivre des cours de chinois. Après deux années passées à Hsinchu, et avec les encouragements de son église, il a finalement décidé de poursuivre des études au département des beaux-arts de l’Université normale nationale de Taiwan, à Taipei. Puis, une fois son diplôme obtenu, il a répondu à l’invitation d’une équipe pastorale de Penghu, archipel où il a vécu les 13 années suivantes.
La Fondation Tobias vient en aide aux personnes handicapées ou dépendantes. (Photo de Lin Min-hsuan / Taiwan Panorama)
A la demande de l’évêque de Tainan, Hugo Peter poursuit son travail de direction de la fondation, ainsi que son atelier de peinture et d’artisanat. Avec l’aide de la municipalité de Tainan, la fondation a également mis sur pied le premier centre de remise en forme à Taiwan spécialement conçu pour les personnes handicapées. Le prêtre a en outre lancé un service de bain à domicile pour les personnes âgées dépendantes. « La dignité pour tous » est son crédo.
Jean-Claude Fournier, en toute simplicité
Ivan Chen
Depuis plus de 50 ans, Jean-Claude Fournier récolte des fonds en Suisse au profit de l’éducation des jeunes enfants à Taiwan. (Photos de Jimmy Lin / Taiwan Panorama)
Après avoir acquis des rudiments de chinois chez les jésuites de Hsinchu, c’est à Hualien qu’est appelé Jean-Claude Fournier avec sept autres prêtres et religieux. Il lui faut toutefois quelque temps pour surmonter complètement la barrière de langue, et le travail de mission fait face à de nombreux autres obstacles, à une époque où l’accès à certains villages de montagne reste strictement contrôlé.
Jean-Claude Fournier. (Photos de Jimmy Lin / Taiwan Panorama)
Aujourd’hui, il continue à exercer sa mission d’une manière simple, au plus près de ses paroissiens. A cause de Dieu, son désir de prendre soin des pauvres et des malades ne connaît pas de repos.