Une délégation de membres de l’Académie des sciences morales et politiques de l’Institut de France, Marianne Bastid-Bruguière, Pierre Delvolvé et Daniel Andler, est arrivée le 4 septembre à Taiwan, conduite par Jean-Robert Pitte, secrétaire perpétuel de l’Académie. Elle a été reçue le 5 septembre par la présidente de la République, Tsai Ing-wen [蔡英文].
Après avoir accueilli la délégation, la cheffe de l’Etat a décoré Jean-Robert Pitte dans l’ordre des Nuages propices avec Grand Cordon, en remerciement de son extraordinaire contribution aux échanges culturels entre Taiwan et la France.
« Taiwan, a déclaré à cette occasion le secrétaire perpétuel, a besoin du soutien des pays démocratiques dans la situation géopolitique actuelle. Cependant, le monde a aussi besoin de Taiwan, de sa liberté, de sa créativité et de son optimisme. »
L’Académie des sciences morales et politiques, a souligné Tsai Ing-wen, est un lieu libre d’échanges approfondis de connaissances. En 1996, alors que la première élection présidentielle au suffrage universel était organisée à Taiwan et que déjà la Chine se livrait à des tirs de missiles pour essayer d’intimider la jeune démocratie taïwanaise, l’Académie des sciences morales et politiques n’a pas hésité à créer conjointement avec Taiwan le Prix de la Fondation culturelle franco-taïwanaise, a-t-elle rappelé.
Seul prix de l’Académie des sciences morales et politiques à être décerné en partenariat avec une institution étatique étrangère, celui-ci a jusqu’à présent été remis à 45 organisations ou personnalités, récompensées pour leurs travaux ou leurs œuvres qui ont contribué de façon exceptionnelle à l’intensification des rapports culturels entre l’Europe et Taiwan. La dernière cérémonie de remise de ce prix a eu lieu en juin à Paris, en présence du ministre taïwanais de la Culture Lee Yung-te [李永得].
Secrétaire perpétuel de l’Académie des sciences morales et politiques depuis 2017, Jean-Robert Pitte est à ce titre co-président du jury du Prix de la Fondation culturelle franco-taïwanaise, aux côtés du ministre taïwanais de la Culture, et s’emploie à faire connaitre ce prix prestigieux. Tout cela, a relevé Tsai Ing-wen, contribue à montrer au monde une image de Taiwan diversifiée, bienveillante, ouverte et innovante.
En acceptant cette distinction, Jean-Robert Pitte a indiqué dans son discours que c’était l’ancien premier ministre français Pierre Messmer, secrétaire perpétuel de l’Académie de 1995 à 1998, « qui eût l’idée et l’audace en 1996 d’accepter d’abriter au sein de l’académie la Fondation culturelle franco-taïwanaise ». « Pierre Messmer entretenait les meilleures relations avec le président Lee Teng-hui [李登輝], a-t-il rappelé. Par ce geste, il affirmait haut et fort l’esprit de liberté qui nous anime. »
« Par cette fondation (…), nous voulons affirmer haut et fort le droit à l’existence de la République de Chine dans le concert des nations », a expliqué Jean-Robert Pitte en citant l’ancien premier ministre.
« La Fondation culturelle franco-taïwanaise, a-t-il souligné, remplit des missions essentielles pour nos deux pays : la défense des droits de l’homme et de la démocratie, et la promotion d’une recherche scientifique et d’une création littéraire et artistique authentiquement libres. » Il a également dit admirer le modèle taïwanais qui, a-t-il dit, représente une version de la civilisation chinoise ouverte sur le monde, sur le dialogue entre les pays, les économies, les cultures.