28/04/2024

Taiwan Today

Culture

Le Centre culturel de Taiwan à Paris salue la mémoire de l’anthropologue française Véronique Arnaud

17/11/2022
Véronique Arnaud photographiée en 1986 à Lanyu, son terrain d’études pendant plusieurs dizaines d’années.
Photo aimablement fournie par le CNRS
Le Centre culturel de Taiwan à Paris a salué dans un message posté le 16 novembre la mémoire de l’anthropologue française Véronique Arnaud (1945-2022), décédée récemment. Lauréate en 2017 du 26e Prix de la Fondation culturelle franco-taïwanaise, cette scientifique a consacré l’essentiel de sa carrière à l’étude du peuple Tao de l’île des Orchidées (Lanyu), au large de la côte orientale de Taiwan.
 
« C’était une grande anthropologue et une grande âme qui a tant donné pour Taiwan et les Tao, écrit le centre culturel. Ses recherches ne sont pas seulement un cadeau à Taiwan, mais aussi un cadeau à l’humanité. »

C’est en 1971, alors qu’elle séjourne à Taiwan pour préparer une maîtrise de chinois de l’université de Paris, que Véronique Arnaud bifurque vers l’ethnologie. Elle effectue alors ses premiers terrains chez les Tao (alors appelés Yami) de Lanyu.
 
En 1974, après la projection au Muséum d’histoire naturelle, à Paris, de son premier film sur les rites de culture du millet à Lanyu, l’anthropologue Georges Condominas lui ouvre les portes de son laboratoire, le CeDRASEMI (Centre d’étude et de recherches sur l’Asie du Sud-Est et le monde insulindien) grâce auquel elle effectue dans les années suivantes de nombreuses missions à Lanyu.
 
« A la fois cultivateurs de taro irrigué et pêcheurs, les Tao tiraient leurs ressources principalement de la grande prise annuelle de poissons volants qui alimentait la population pendant huit mois de l’année parfois dix (de mars à décembre), expliquait Véronique Arnaud en 2017 en recevant le Prix de la Fondation culturelle franco-taïwanaise, décerné par le ministère de la Culture de Taiwan et l'Académie des sciences morales et politiques de l'Institut de France. Les Tao parlent une langue austronésienne apparentée à celles de l’archipel Batan des Philippines. C’est vers ces mers du Sud connues comme "les plus impétueuses et les plus traîtres des Philippines" que les Tao avaient coutume de faire autrefois le voyage pour rendre visite à ceux qu’ils considéraient comme "leurs frères". »
 
Après la soutenance en 1984 de sa thèse de doctorat intitulée : « Les Hommes De-l’île (Tao Do-Pongso) : Histoire d’un peuple sans écriture et espace villageois », Véronique Arnaud intègre le Centre national de la recherche scientifique (CNRS). Elle collabore aussi avec des institutions taïwanaises, dont l’Academia Sinica et l’université nationale de Taiwan.

Au fil des années, suivant le rythme des saisons, elle effectue de nombreux séjours auprès des Tao et, de retour en France, accomplit un travail analytique des données. Elle étudie leur langue, désignée comme « le parler des hommes » par ses locuteurs, examine la littérature orale recueillie spontanément ou au cours d’enquêtes successives (chants, récits, mythes d’origine, invocations rituelles, données sur la faune, la flore, commentaires ethnographiques, anecdotes, dictionnaire, etc.), ce qui donne lieu à des articles et à des publications audiovisuelles.
 
Photographiant, filmant et enregistrant, Véronique Arnaud a en effet recueilli un impressionnant fonds. En 2008, elle a ainsi transmis au Musée du quai Branly, à Paris, une collection de 136 objets donnés par les Tao entre 1971 et 1975. En 2013, elle a déposé au CREM (Centre de recherche en ethnomusicologie - Archives sonores du CNRS) près de 500 heures d'enregistrements sonores. Une fois l’indexation et la reprise du fonds finalisées, l’objectif sera d’organiser une opération de restitution de la totalité des enregistrements à la communauté d’origine, précisait-elle en 2019.

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