Il y a 140 ans, à la faveur d’un conflit militaire entre la France et la dynastie des Qing portant sur l’actuel Vietnam, Keelung, Tamsui et Penghu devenaient des champs de bataille et Taiwan dans son ensemble faisait face aux difficultés économiques résultant d’un blocus commercial. Le musée national d’histoire de Taiwan consacre jusqu’au 4 mai 2025 une exposition spéciale à cet épisode militaire connu en France sous le nom de guerre franco-chinoise et à Taiwan sous celui de « Se’á’huan ».
Cette exposition s’est ouverte le 25 juin à Tainan, dans le sud de Taiwan, en présence de Chang Lung-chih [張隆志], directeur du musée, de Morgan Fraisse-László, attaché culturel au Bureau français de Taipei, et de l’ancienne ministre de la Culture Tchen Yu-chiou [陳郁秀], présidente d’honneur de l’Alliance française de Taiwan.
L’exposition distingue quatre phases dans le théâtre taïwanais de cette guerre : la mise sur pied de l’escadre d’Extrême-Orient, le blocus des ports de Keelung et Tamsui, dans le nord de Taiwan, suivi de la prise de Keelung, le blocus du détroit de Taiwan, et enfin l’attaque des îles Pescadores (Penghu) servant d’excuse aux forces françaises pour se retirer de Keelung.
Elle aborde ce tournant dans les relations internationales en présentant les résultats de plus d’une décennie de recherche auprès des communautés locales, en mettant l’accent sur la manière dont la société taïwanaise de l’époque s’est mobilisée et unie pour résister à cette invasion par un ennemi puissant, explique le musée. Grâce au concours de l’université normale nationale de Taiwan, elle réinterprète également des photographies, des récits de champs de bataille et des lettres de soldats français à leurs familles pour reconstituer la dynamique du champ de bataille.
Une fois finie, la guerre a fait l’objet de nombreuses publications en France – parmi elles, L'expédition française de Formose, 1884-1885 d’Eugène Germain Garnot – alors que Taiwan avait recours à d’autres pratiques pour commémorer les événements, telles que la présentation de plaques, la décoration de poteries et la pratique de cérémonies dans les temples, note le musée.