Politique
Le Premier ministre condamne les violences et se dit ouvert à la discussion
24/03/2014
En conférence de presse ce matin, le Premier ministre Jiang Yi-huah [江宜樺] est revenu sur les événements d’hier soir pour condamner les actions des manifestants qui ont fait irruption hier soir au siège du gouvernement, qu’ils ont brièvement occupé, après avoir réussi à franchir les chevaux de frise recouverts de barbelés qui entouraient le périmètre. Exprimant sa tristesse et surtout son inquiétude pour la sécurité des jeunes militants, en tant que Premier ministre et en tant que professeur d’université, Jiang Yi-huah a déploré le recours à la violence et appelé les étudiants à quitter les abords des bâtiments officiels.
Les manifestants, essentiellement des étudiants opposés à l’accord sur le commerce des services avec la Chine, occupent le Parlement depuis mardi 18 mars au soir, aucune action de police d’envergure n’ayant été déclenchée à cet endroit pour les en déloger. Hier vers 19h30, un petit groupe s’est redirigé vers le siège du gouvernement, situé à 200 m du Parlement. Averti de cette action subite, le Premier ministre a donné l’ordre de disperser les manifestants. Mais plusieurs dizaines d’entre eux ont réussi à franchir les lignes des forces de l’ordre et à rentrer dans le bâtiment. Ils ont finalement été extraits des lieux grâce à des renforts de police dans les premières heures de la matinée. Quant à la foule restée au dehors, elle a été dispersée avec des canons à eau.
Le Premier ministre a expliqué qu’il était en effet inconcevable de ne pas réagir à cette intrusion au siège du gouvernement, d’autant que les personnes qui se sont introduites dans les bureaux par effraction, en cassant des vitres et en utilisant des échelles, ont causé des dégradations et qu’un risque existait qu’elles s’emparent de documents confidentiels. Heureusement, personne n’est parvenu à entrer dans son bureau et aucun document confidentiel n’a disparu, a-t-il poursuivi.
De fait, ce matin, à l’intérieur et à l’extérieur des bâtiments, du personnel d’entretien s’affairait pour remettre les choses en place et déblayer les détritus laissés par les manifestants. Le périmètre de sécurité autour du Yuan exécutif a depuis été élargi aux rues voisines.
Au petit matin, au moment où les forces de l’ordre sont intervenues pour évacuer le bâtiment, plus d’une centaine de personnes, dont la moitié de policiers, ont été blessées, la plupart sans gravité. Plusieurs manifestants se sont entaillés en franchissant les barbelés ou escaladant le bâtiment du Yuan exécutif, d’autres ont été bousculés et ont perdu connaissance dans les mouvements de foule. La police a par ailleurs appréhendé quelque 64 personnes dont 35 ont été remises au procureur.
Redisant à plusieurs reprises sa préoccupation pour la santé et la sécurité des étudiants, Jiang Yi-huah a souligné que les forces de police avaient agi dans la stricte légalité avec le plus de douceur possible, contrairement à ce qui avait pu être rapporté dans la presse. « J’ai dit vers 20h, lorsque j’ai eu connaissance de l’irruption des manifestants, qu’il fallait absolument faire en sorte qu’ils quittent les lieux, mais aussi qu’il fallait tout faire pour éviter les blessés. C’est la raison pour laquelle nous avons utilisé les canons à eau pour disperser la foule. Nous n’emploierons jamais la violence contre la population. »
« La porte du gouvernement est toujours ouverte à tous ceux qui souhaitent dialoguer, sur n’importe quel sujet », a encore dit Jiang Yi-huah, à condition qu’ils s’asseyent calmement autour d’une table. « Je discuterai volontiers de l’accord avec eux, article par article s’ils le souhaitent. Mais que les étudiants nous disent de façon claire quel article, quelle phrase, quelle clause de l’accord doit être réécrit, est erroné, risque de mener Taiwan à sa perte ? Pour l’heure, nous n’avons rien entendu de clair de leur part. »
Répondant à la question d’un journaliste, Jiang Yi-huah a démenti que le président de la République, Ma Ying-jeou [馬英九], ait demandé que le texte de l’accord soit renvoyé au Cabinet. « En tout état de cause, seul le parlement pourrait prendre une telle décision », a-t-il précisé.
Il a réitéré son souhait de voir les étudiants mettre un terme à leur action et choisir le dialogue. Quant aux appels à la grève générale émis hier à destination des étudiants et des travailleurs, Jiang Yi-huah a souligné combien il serait irresponsable pour les uns et les autres de poursuivre dans cette voie. « Les gens de ma génération, qui avons la cinquantaine, nous travaillons pour l’avenir des étudiants. » L’accord avec la Chine est une étape indispensable alors que Taiwan cherche à renforcer son économie et à signer des accords tels que le Partenariat transpacifique et le Partenariat économique régional intégral, a-t-il encore dit.