Interrogé sur l’éventualité d'un accord économique avec Pékin, Ma Ying-jeou a justifié cette démarche par la nécessité de normaliser les relations économiques et commerciales avec la Chine continentale. « Bien que nous soyons, la Chine et nous, membres de l’Organisation mondiale du commerce, nos relations économiques et commerciales sont anormales. Un grand nombre de mécanisme n’ont pas encore été créés, dont ceux relatifs aux exemptions de taxes, à la protection des investissements et à la double imposition. C’est pour cette raison que nous négocions actuellement avec le continent », a justifié le chef de l’Etat, qui a rappelé que la signature d’un tel accord faisait partie de son programme électoral et jugé qu’il était nécessaire à la survie économique de l’île.
Répondant à la question de savoir si un tel accord devait être soumis ou non à référendum, comme le réclame l’opposition, le chef de l’Etat a d’abord souligné l’obligation légale de le soumettre à ratification au Parlement. En référence au principe de consensus sur les grandes décisions politiques auquel il a promis de se conformer durant son mandat, il a aussi noté que 60 à 85% des Taiwanais, selon les sondages, étaient favorables à la signature des accords mettant en place les liaisons directes. Il estime dès lors inutile de soumettre cette question à référendum comme le demande l’opposition.
Sur la question épineuse du conflit de souveraineté, le chef de l’Etat a insisté sur la validité du consensus de 1992, selon lequel le « principe d’une seule Chine » est interprété différemment d’une rive à l’autre. Face à la force de la présence chinoise sur la scène internationale, Ma Ying-jeou a appelé les Taiwanais à avoir confiance dans les valeurs de démocratie et de liberté. « Peu importe ce qu’ils [les Chinois] pensent ! Nous, nous pensons que selon notre Constitution, il n’existe qu’une interprétation du principe de la Chine unique, et qu’elle fait référence à la République de Chine (ROC) », a-t-il déclaré. Il a également rappelé la nature des interprétations que font la plupart des grandes puissances de ce principe. « Vous devez comprendre que bien que beaucoup d’Etats ne nous reconnaissent pas officiellement, ils ne nous nient pas non plus en tant qu’Etat. Sinon, pourquoi enverraient-ils des personnes les représenter ici ? Et pourquoi les Etats-Unis éprouveraient-ils le besoin de vendre des armes à un Etat fantôme ? », a raisonné le chef de l’Etat.
Il a enfin écarté l’idée selon laquelle la signature d’un accord économique avec Pékin, sous l’empire du principe d’une seule Chine, représenterait une remise en cause de la souveraineté insulaire.
Le chef de l’Etat a ensuite justifié la « trêve diplomatique » qu’il prône par l’inutilité d’une posture de confrontation, rappelant à quels échecs diplomatiques avait conduit une telle politique, alors développée par le DPP au pouvoir. « Ce dont Taiwan a besoin, c’est d’une bonne image internationale plutôt que d’une mauvaise réputation. Taiwan doit être un faiseur de paix plutôt qu’un fauteur de troubles », a déclaré le chef de l’Etat.
Concluant sur la baisse de sa popularité dans l’opinion publique, Ma Ying-jeou a estimé que sa politique continentale était la plus appréciée des Taiwanais.