Deux rives
Taipei et Pékin vont discuter de l’AMS, déclare Ma Ying-jeou
16/03/2009
Des négociations sur l’obtention par Taipei du statut d’observateur à l’Assemblée mondiale de la santé (AMS) seront conduites le mois prochain avec Pékin, hors de Taiwan, a déclaré samedi, le chef de l’Etat, Ma Ying-jeou.
« Nous débuterons des négociations officielles sur cette question, sans passer par l’intermédiaire de l’Association des relations à travers le détroit de Taiwan (ARATS) pour Pékin, et son homologue insulaire, la Fondation pour les échanges entre les deux rives (SEF) », a déclaré jeudi Ma Ying-jeou lors d’une interview donnée au quotidien insulaire en langue chinoise United Daily News. Le chef de l’Etat a décliné tout commentaire sur l’endroit où se tiendraient les discussions. De son côté, Wang Yu-chi, le porte-parole de la présidence, a précisé que les détails relatifs à ces négociations seront rendus publics « à un moment approprié ».
Vendredi, dans une conférence de presse à la clôture de la XIe session annuelle de l’Assemblée nationale populaire (ANP), le Premier ministre chinois, Wen Jiabao, a déclaré, que la Chine « prendrait, après consultations, des dispositions justes et raisonnables pour la participation de Taiwan aux travaux des organisations internationales mettant en jeu ses intérêts». « Nous sommes d’accord pour mener des consultations et une coordination dans ce dossier » a-t-il ajouté.
De son côté, Wang Yi, le directeur du bureau des Affaires taiwanaises, l’organe en charge de la politique de réunification de Pékin, se déclarait « prudemment optimiste » à ce sujet.
D’autres signes de la détente entre les deux rives étaient également perceptibles la semaine dernière avec l’annonce faite par Wen Jiabao de son désir de visiter Taiwan, qu’il a qualifié de « trésor insulaire de la Chine », ce à quoi Liu Chao-shiuan, le Premier ministre, a répondu de manière positive, annonçant qu’il accueillerait son homologue chinois et qu’il était aussi d’accord pour visiter la Chine.
Ce climat de détente n’a néanmoins pas fait oublier à Taiwan qu’il y a 4 ans, en mars 2005, la Chine promulguait la loi anti-sécession qui donne un habillage légal au recours à la force militaire contre l’île, en cas de déclaration d’indépendance. Ma Ying-jeou a profité de cette date symbolique pour appeler Pékin à abroger cette loi « incompatible avec le développement pacifique des relations entre les deux rives » que Pékin a appelé de ses vœux. « Les autorités chinoises devraient accorder une attention particulière aux sentiments des Taiwanais et prendre les mesures appropriées vis-à-vis de cette loi », a déclaré le chef de l'Etat.
Dans les rangs de l’opposition, Tsai Ing-wen, la présidente du Parti démocrate-progressiste (DPP), a décrit la Chine comme la principale menace pour Taiwan comme pour le Tibet. En plus de s’opposer à la loi anti-sécession, le DPP fêtait le 14 mars comme le jour du Tibet, en mémoire de la révolte des Tibétains réprimée dans le sang par l’armée chinoise le 10 mars 1959.