Deux rives
Ma Ying-jeou demande la libération de Liu Xiaobo, prix Nobel de la paix 2010
11/10/2010
Après avoir félicité vendredi le militant chinois des droits de l’homme Liu Xiaobo, récompensé par le prix Nobel de la paix, le président de la République, Ma Ying-jeou, a appelé samedi à sa libération. Liu Xiaobo purge actuellement en Chine une peine de onze ans de prison pour « subversion du pouvoir de l'Etat », prononcée après qu’il a participé à la rédaction de la Charte 08, un texte réclamant une Chine démocratique.
« Si Liu Xiaobo peut être libéré, Taiwan en sera très reconnaissant à la Chine », a déclaré le chef de l’Etat devant des compatriotes revenus de l’étranger pour les célébrations de la Fête nationale. Tous les Chinois se réjouissent de l’attribution à Liu Xiaobo de ce prix qui n’honore pas seulement une personne mais représente aussi les attentes de tout un pays, a affirmé Ma Ying-jeou.
Ce dernier a espéré que la Chine se conforme à la tradition orientale d’un gouvernement éclairé et bon envers le peuple. Il a par ailleurs noté que les deux rives du détroit de Taiwan ont signé le Pacte international relatif aux droits civils et politiques de l’Organisation des Nations unies (Onu), ainsi que celui relatif aux droits économiques, sociaux et culturels, ce qui, a-t-il dit, peut leur servir de base pour s’encourager mutuellement.
Ma Ying-jeou a également souligné que les dirigeants chinois avaient récemment mis l’accent sur la nécessité de réformes politiques, des réformes que le chef de l’Etat les a de nouveau appelés à entreprendre. Il a enfin espéré qu’après la normalisation des relations économiques entre les deux rives engagée depuis sa prise de fonctions en mai 2008, celles-ci pourraient réduire l’écart dans les domaines des libertés, de la démocratie, des droits de l’homme et de l’état de droit.
Cette mise au point est intervenue après que plusieurs responsables de l’opposition ont critiqué le fait que Ma Ying-jeou n’ait pas, dès sa première déclaration vendredi, appelé à la libération de l’intellectuel chinois. Kuan Bi-ling, responsable du groupe parlementaire démocrate-progressiste au Yuan législatif, a reproché au chef de l’Etat son « manque de courage ». L’ancien président de la République Lee Teng-hui a quant à lui critiqué « l’attentisme » du chef de l’Etat. La présidente du Parti démocrate-progressiste, Tsai Ing-wen, a pour sa part estimé que seuls des progrès démocratiques en Chine pourront garantir la paix entre les deux rives du Détroit.
Hier, ce sont plusieurs organisations taiwanaises de défense des droits de l’homme qui ont appelé Pékin à libérer Liu Xiaobo. Elles ont également suggéré à Ma Ying-jeou d’inviter publiquement la Chine à ratifier le Pacte international relatif aux droits civils et politiques qu’elle a signé en 1998.