Deux rives
Le président Ma Ying-jeou appelé à demander la remise en liberté d’Ai Weiwei
04/05/2011
Plusieurs associations civiques, militants et avocats réunis en conférence de presse ont demandé hier au président de la République, Ma Ying-jeou, de demander la libération de l’artiste chinois et militant des droits de l’homme Ai Weiwei, arrêté par les autorités chinoises il y a tout juste un mois alors qu’il s’embarquait pour Hongkong.
Si le ministère des Affaires continentales avait immédiatement publié un communiquant dans lequel il appelait les autorités chinoises à relâcher l’artiste, aucune déclaration n’a été faite depuis, et le chef de l’Etat ne s’est pas non plus exprimé sur le sujet.
« Nous exhortons le président de la République, Ma Ying-jeou, à s’exprimer contre le traitement réservé à Ai Weiwei et à condamner l’action des autorités chinoises », a déclaré Paul Lin, un commentateur politique.
Décrivant l’artiste comme « la conscience de la société chinoise », Paul Lin a salué la décision de celui-ci d’utiliser sa renommée au service des défavorisés. Le poète et commentateur politique Lee Min-yung a pour sa part demandé aux artistes taiwanais d’apporter eux aussi leur soutien à Ai Weiwei.
Présent également à la conférence de presse, l’avocat Huang Di-ying s’est demandé pourquoi Ma Ying-jeou n’avait pas pris la parole sur ce sujet, alors que les gouvernements de nombreux autres pays, dont les Etats-Unis, l’Allemagne, la France et le Royaume-Uni, ont demandé la libération de l’artiste chinois.
D’autres groupes, dont Amnesty International Taiwan, l’Association taiwanaise des droits de l’homme, l’Association taiwanaise des professeurs d’université, la Fondation Deng de la liberté ou encore les Amis du Tibet à Taiwan, ont demandé la libération d’Ai Weiwei.
Ai Weiwei, 53 ans, connu notamment pour avoir dessiné le stade olympique de Pékin, le fameux « Nid d’oiseau », a selon toute vraisemblance été arrêté en raison de ses prises de position pour la liberté d’expression et les droits de l’homme. Les autorités chinoises, qui ont accusé l’artiste de « crimes économiques » non définis, ont récemment appréhendé de nombreux militants et intellectuels par crainte de voir éclater en Chine une « révolution du jasmin ».
Ai Weiwei a en de nombreuses occasions embarrassé les autorités chinoises, par exemple en aidant les familles des enfants morts dans l’écroulement de leur établissement scolaire lors du séisme de 2008 au Sichuan à essayer d’obtenir une enquête sur de probables affaires de corruption qui expliqueraient la faible résistance des bâtiments aux secousses sismiques. Il s’est également exprimé publiquement sur le scandale du lait contaminé qui a tué de nombreux nourrissons en Chine.